Promenade de santé - L'Infirmière Magazine n° 288 du 01/11/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 288 du 01/11/2011

 

ÉDITORIAL

Il est fort, ce Xavier Bertrand ! Une visite au Salon infirmier, ça ne s’improvise pas. Il y a les syndicalistes tapis dans les allées, les journalistes carnet ou caméra au poing… Cette année, le ministre a réussi à sortir de la mêlée de la façon la plus prudente : en y entrant discrètement, le mercredi en fin d’après-midi. Pas de discours à la tribune (il y a deux ans, Roselyne Bachelot avait déclamé le sien sous les klaxons), surtout pas de crochet par le stand de l’Ordre (depuis la dégradation de sa note souveraine, l’Oni suit une cure d’austérité au fond du Salon, et il faut une carte pour le trouver…), mais un classique bain de foule d’une demi-heure(1).

Bonne pioche : les infirmières sont d’excellente humeur, et répondent volontiers à la question « Vous gagnez combien ? », posée « sans indiscrétion » et à moult reprises. Il a fallu qu’il mène l’enquête lui-même, mais ça y est, notre ministre sait qu’une infirmière gagne 1 600 euros brut (« sans les primes ») en début de carrière. Autre constat qui vient à son heure, la grande patience des Ibode. « Cinq ans, quand même ! », s’exclame M. Bertrand à propos de la lenteur de la réingénierie de leur formation, loin d’être achevée. Au stand de l’AP-HP, qui cherche à pourvoir 600 postes ce jour-là, Roselyne Vasseur, la coordinatrice générale des soins, lui remonte courtoisement les bretelles. « Je crains, Monsieur le Ministre, qu’il ne faille les payer un peu plus. […] Nous n’utilisons pas les infirmières pour ce qu’elles savent faire, l’éducation thérapeutique, la prévention, la coordination des soins. […] Il faut leur donner une vraie place d’acteurs de santé. D’ailleurs, ce sont des électrices aussi, il faut les entendre ! » À ce sujet, le ministre conclut : « Qu’on fasse notre boulot, et on verra ce que feront les gens aux élections. »

C’est dit, M. Bertrand n’est pas venu pour faire des promesses, ni des annonces. Avant de remonter dans sa voiture, il commente néanmoins : « Si on ne fait rien, on n’aura que nos yeux pour pleurer dans quelques années. Je suis vraiment en train de réfléchir à de nouvelles dispositions, sinon, je ne réglerai pas le sujet de l’attractivité [de la profession]. » Vite, il va être temps de s’y mettre…

1– Voir L’infirmière Magazine n° 286, « Chronique d’une pénurie annoncée  », pp. 8-9.