LE RÔLE INFIRMIER ENFIN RECONNU - L'Infirmière Magazine n° 288 du 01/11/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 288 du 01/11/2011

 

MÉDECINE LÉGALE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Depuis peu, la loi impose une présence infirmière dans les unités médico-judiciaires, ouvrant des perspectives pour la profession.

Une journée inédite. Comme un symbole : celui de la reconnaissance en marche du rôle des infirmières dans les activités de médecine légale. En juin dernier, une « journée spéciale soignants » a préouvert le 47e Congrès international francophone de médecine légale(1). Introduisant les débats, Françoise Bénani, cadre supérieur de santé du pôle médico-judiciaire du CHU de Bordeaux, l’a dit et répété : « Alors que la dimension soignante était, jusqu’à ce jour, développée de façon très individuelle, les infirmières sont désormais reconnues dans la nouvelle organisation des structures de la médecine légale du vivant. À nous de penser, ensemble, les nouvelles compétences d’évaluation et de soins aux victimes de violence ainsi distinguées. »

Nouvelles opportunités

Mise en œuvre depuis le 15 janvier dernier, la réforme de la médecine légale(2) a, ainsi, inscrit noir sur blanc, l’impératif de présence infirmière dans les 48 unités médico–judiciaires (UMJ), créées ou maintenues au niveau régional, et dédiées à l’examen, sur réquisition judiciaire, des victimes de violences et des personnes gardées à vue.

« Cette nouvelle exigence est un pas de plus dans l’évolution, l’enrichissement de la profession infirmière », a souligné Michelle Bressand, conseillère générale des établissements de santé à la DGOS. Car, jusqu’alors, a-t-elle rappelé, à l’exception de quelques lieux pionniers – comme le Cauva(3) ou l’unité médico-judiciaire dédiée aux enfants victimes d’agression ; les urgences médico-judiciaires de l’Hôtel-Dieu (AP-HP) –, rares étaient les structures intégrant des infirmières. « Cette réforme est donc une chance pour la profession. Et elle donne une réelle possibilité de réalisation de la coopération entre professionnels de santé, telle que mise en avant dans la loi HPST », a continué Michelle Bressand.

Fil rouge pour les victimes

La reconnaissance du rôle infirmier en médecine légale est surtout « un plus considérable, et pour les victimes, et pour les médecins », a estimé Nathalie Grosleron, médecin légiste, responsable du Cauva. Créée en 1999, l’équipe de ce centre était, à l’origine, composée de médecins, de psychologues et d’assistantes sociales. Depuis trois ans, elle intègre quatre infirmières : deux puéricultrices et deux IDE. « Leur arrivée a considérablement enrichi la qualité de notre prise en charge, notamment en matière d’accueil des victimes de violences sexuelles », a noté le médecin. « Qui plus est, elles sont une sorte de fil rouge, permettant de coordonner la prise en charge de façon individualisée », ont souligné les membres de l’équipe du Cauva. Puéricultrice à l’UMJ de l’Hôtel-Dieu, Patricia Vasseur a fait le même constat. Présentant le protocole de prise en charge des enfants de moins de 5 ans victimes d’agression sexuelle mis en place à l’UMJ, elle a rappelé combien « accueillir, expliquer, accompagner était essentiel » pour ces tout-petits et leurs parents.

Pour autant, comme l’a évoqué Claudie Étienne, cadre de santé de l’unité fonctionnelle des consultations médico-judiciaires au CHRU de Lille, reste à voir comment la réforme se traduira dans les faits. En termes d’ETP infirmiers, notamment… Selon ses calculs, pour pouvoir ouvrir 24 heures sur 24 l’UMJ bientôt en place au CHRU, il faudrait sept ETP d’IDE. Or, la loi n’en prévoit que deux pour l’UMJ lilloise. Qu’imaginer alors ? Ouvrir l’unité médico-judiciaire en journée, de 9 heures à 21 heures, puis organiser une astreinte infirmière ? La question n’est pas tranchée. « Pour le savoir, rendez-vous l’année prochaine ! », a lancé la cadre de santé.

1– Les 8, 9 et 10 juin à Bordeaux.

2– Voir les circulaires des 27 et 28/12/2010, consultables sur bit.ly/qCaGrS

3– Centre d’accueil en urgence des victimes d’agression, rattaché au pôle médico-judiciaire du CHU de Bordeaux.