RENAISSANCE OU IMPLOSION ? - L'Infirmière Magazine n° 286 du 01/10/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 286 du 01/10/2011

 

ORDRE INFIRMIER

Actualité

Avec son plan de restructuration adopté le 13 septembre, l’Ordre s’offre une chance de perdurer. Mais, sans argent et sans soutien, la cause est mal engagée.

Adopté en conseil national par 36 voix contre 5, le plan de restructuration de l’Ordre national des infirmiers (Oni) est conçu pour lui permettre « d’atteindre l’équilibre financier dans les meilleurs délais ». Les infirmiers, de gré ou de force, répondront-ils présent ? Même le groupe BPCE (Banque populaire-Caisses d’épargne) semble se montrer prudent puisqu’il n’a, dans un premier temps, prolongé sa ligne de crédit que jusqu’au 30 septembre… Pour assurer le sauvetage de l’Ordre, le plan de restructuration tranche dans le vif : fermeture des bureaux départementaux, « trop coûteux  » ; disparition de 75 emplois équivalents temps plein et déménagement du siège national. Il mise, en outre, sur une progression du nombre de cotisants, avec un objectif de 90 000 professionnels d’ici au 31 décembre, contre 65 000 au moment de l’adoption.

Pour y parvenir, « la nouvelle commission de communication va réfléchir aux moyens à déployer pour convaincre les infirmiers de l’utilité de l’Ordre et les faire adhérer », indique Emmanuel Boularand, trésorier adjoint au bureau national. Mais l’Oni communique très peu sur cette nouvelle politique, ce qui révolte certains élus. Las d’être tenus dans l’ignorance, plusieurs ont même démissionné, tel Philippe Tisserand, président de la FNI (syndicat de libérales)(1), élu au national et, à l’origine, fervent partisan de la création d’un ordre infirmier en France. Au ministère de la Santé, on refuse de porter un jugement sur le contenu du plan de restructuration, au motif que « l’Ordre est un organe indépendant ». Tout en trouvant « dommage que l’instance ait attendu si longtemps avant de prendre de telles mesures ».

Libéraux divisés

Du côté des syndicats, dont beaucoup étaient déjà hostiles à l’Ordre, le plan de restructuration ne fait pas l’unanimité. Chez les libérales, seul le Sniil(2) continue d’apporter son soutien à l’Oni. « Nous pensons que le plan de restructuration est jouable, a expliqué sa présidente, Annick Touba. Je fais confiance au nouveau président, Didier Borniche, et à son équipe. » Toutefois, le Sniil a rappelé qu’il « s’opposerait à toute mesure coercitive obligeant les infirmières libérales à cotiser sous peine de déconventionnement ».

La FNI, l’Onsil(3) et Convergence infirmière reprochent aussi à l’Ordre de vouloir rompre l’égalité entre infirmiers salariés et libéraux en exigeant des seuls libéraux le paiement de la cotisation, contrairement à ce que commande la loi. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, avait affirmé cet été sa préférence pour un ordre dont la cotisation serait facultative pour les salariés car, selon le ministère, « un ordre ne peut pas se construire sur la contrainte de payer ». Mais, assurent les élus ordinaux, aucun texte n’est envisagé en ce sens. Les syndicats de libérales (sauf le Sniil) ont en tout cas appelé leurs adhérents à cesser de payer leur cotisation. « Une instance rejetée par 85 % de la profession ne peut pas exister », soutient Marcel Affergan, président de Convergence infirmière. Le soutien des autres ordres de professionnels de santé peut-il suffire à justifier la survie de l’Oni ?

1– FNI : Fédération nationale des infirmiers.

2– Sniil : Syndicat des infirmières et infirmiers libéraux.

3– Onsil : Organisation nationale des syndicats des infirmiers libéraux.