Quelle formation ? - L'Infirmière Magazine n° 280 du 01/06/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 280 du 01/06/2011

 

DOSSIER

PRISE EN CHARGE

Depuis la rentrée de septembre 2009, la formation des infirmiers a été modifiée. Dans ce nouveau contexte, la formation théorique concernant la douleur occupe une faible place (voir encadré ci-dessous). Il en est de même pour les enseignements en pédiatrie et puériculture. Néanmoins, les modalités d’apprentissage permettront certainement aux étudiants et aux jeunes professionnels travaillant en pédiatrie d’obtenir les informations nécessaires à leur exercice.

Concernant la formation clinique, chaque étudiant ne bénéficiera pas obligatoirement d’un stage auprès d’enfants. Les apprentissages pratiques sont désormais assurés au cours des stages par les professionnels sous le contrôle du tuteur de stage. Ces apprentissages doivent permettre à l’étudiant de travailler en fonction des règles de bonne pratique.

La formation spécialisée

La prévention et la prise en charge de la douleur faisaient déjà partie du programme des étudiants en école de puériculture mis en place en 1985. Depuis cette date, et compte tenu des nombreuses évolutions dans le domaine de la douleur de l’enfant, les connaissances ont été intégrées dans les enseignements dispensés aux étudiants. Le programme de la formation de puéricultrice est en cours de modification. Il est évident que les professionnels titulaires de ce diplôme se doivent de recevoir tous les enseignements nécessaires à la prévention et à la prise en compte des douleurs des enfants quels que soient les services dans lesquels ils sont hospitalisés. On peut toutefois regretter l’insuffisance de personnels spécialisés dans nombre de services accueillant des enfants douloureux.

Formations complémentaires

Afin de transmettre les connaissances et de développer les savoir-faire vers un grand nombre de professionnels, deux diplômes inter-universitaires(1) ont été créés et fonctionnent depuis septembre 2008. Ces formations interdisciplinaires permettent aux étudiants d’apprendre, au-delà de l’acquisition des connaissances nécessaires à la prise en charge de la douleur, le travail interdisciplinaire, condition essentielle à une réponse adaptée à la complexité de la prévention et à la prise en charge des douleurs de l’enfant tout au long de son parcours. En septembre 2011, débutera à l’université Paris-10 un diplôme universitaire interdisciplinaire(2) relatif aux méthodes psychocorporelles, destiné aux médecins, infirmiers, psychologues… qui souhaitent intégrer ces méthodes à leur pratique quotidienne. Les particularités de l’utilisation de ces pratiques seront abordées pour chaque discipline.

Des liens avec les autres savoirs

La douleur est un phénomène complexe tant chez l’adulte que chez l’enfant. Apporter aux patients les plus jeunes les soins que leur état requiert dans un contexte de douleurs, implique que l’infirmière intègre des compétences dans des domaines complémentaires. Il s’agit en particulier d’améliorer ses capacités de communication et de relation, d’apprendre à travailler avec les parents, à travailler en équipe.

1- « DIU douleur de l’enfant en pratique quotidienne », universités Paris-6 et Paris-Sud-11 ; « DIU douleurs aiguës, chroniques & soins palliatifs pédiatriques », universités Lyon-1, Clermont-Ferrand-1, Amiens-1, Nancy-1, Paris-5, Paris-6, Paris-7. Sous l’égide de la SFP, en collaboration étroite avec la SFETD et le Réseau francophone des soins palliatifs pédiatriques.

2- Diplôme universitaire de méthodes psychocorporelles, université Paris-Sud-11.

Des lacunes dans le cursus

L’apprentissage de la prévention et de la prise en charge de la douleur dans le cursus de formation infirmier(1) fait l’objet d’un enseignement théorique, réparti en unités d’enseignement (UE), et d’acquisitions lors des stages cliniques.

→ Toutefois, cet enseignement ne fait pas partie d’UE transversales qui couvriraient l’ensemble des pathologies enseignées, alors que la majorité des personnes malades présentent de la douleur. C’est ce qui ressort à la lecture des premiers résultats des travaux du groupe professionnel spécifique de la SFETD (Société française d’étude et de traitement de la douleur) constituéd’infirmières et infirmiers ressource douleur, de cadres formateurs en Ifsi et de cadres de santé assurant de la formation continue(2). Il note encore que les moyens antalgiques relevant du rôle autonome (rôle propre) de l’infirmier ne sont ni enseignés ni évalués alors qu’ils sont préconisés dans les plans de lutte contre la douleur et les recommandations de bonne pratique.

→ En outre, il n’existe pas d’enseignement spécifique de cette thématique concernant les enfants et les adolescents alors que cette population est particulièrement vulnérable et que des connaissances spécifiques concernant les méthodes d’évaluation et de traitement existent.

Pour assurer des propositions relatives à l’enseignement clinique des étudiants, le groupe de travail de la SFETD a réalisé une enquête dans six centres hospitaliers regroupant 128 services. Principale difficulté observée : la persistance de pratiques, en particulier en matière d’évaluation de la douleur et de développement de moyens non pharmacologiques, non conformes aux règles de bonne pratique ou faiblement.

1- Cf Le référentiel de formation des infirmier(e)s, mis en place dans le cadre du cursus LMD (Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État d’infirmier) : Annexes I, II, et V (UE 1.1.S1, UE 4.7.S5, UE 2.11.S3, UE 5.5.S5).

2- Groupe professionnel spécifique relatif à l’enseignement clinique douleur dans le cadre du tutorat des étudiants en Ifsi coordonné par N. Fournival et P. Thibault. Présentation des travaux à l’automne avec des repères pour l’apprentissage clinique.