QUAND LES IDE SIGNENT - L'Infirmière Magazine n° 277 du 15/04/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 277 du 15/04/2011

 

HDT EN PSYCHIATRIE

ACTUALITÉ

Une étude s’est penchée sur les cas où, en l’absence d’un tiers, l’infirmier rédige une demande d’hospitalisation contrainte.

Au Centre psychiatrique d’orientation et d’accueil du CH Sainte-Anne (Paris), quelque 1 125 patients ont fait l’objet d’une hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT) au premier semestre 2010. Parmi ces demandes d’hospitalisation sans consentement, 7,7 % ont été signées par des infirmiers. C’est ce qui ressort d’une étude présentée fin mars par Marie-Jeanne Guedj, chef de service au CPOA, et le Dr de Carvalho(1).

Diverses circonstances – patient en situation de précarité, originaire d’une autre région, voire étranger ou incapable de fournir les coordonnées d’un tiers – peuvent rendre difficile la quête de la signature d’un proche en cas d’urgence. En l’occurrence, les trois quarts des HDT signées par les infirmiers du CPOA concernaient des patients présentant des troubles psychotiques. Près d’un tiers des patients (31 %) venait de province et 17 %, de l’étranger. Dans trois cas sur dix (31 %), le domicile était indéterminé et, dans 56 % des cas, l’accord de l’entourage, joint par téléphone, avait été obtenu pour l’HDT.

Précarité et isolement

« La population urbaine cosmopolite et souvent précaire est fréquemment isolée, sans présence d’un tiers connaissant le patient de longue date », observent les auteurs de l’étude, pointant aussi une certaine « réticence », voire le « refus » du patient « de communiquer les coordonnées de l’entourage » qui, même contacté, « n’a pas toujours les moyens de faire parvenir un texte manuscrit sur le champ ». En l’absence d’un tiers, la demande d’HDT est parfois signée par un administratif ou une assistante sociale, mais, pour le Dr de Carvalho, « il semble que l’infirmier aux urgences, qui est au contact du patient, est une personne bien placée pour signer la demande » dans ces cas particuliers(2).

1- À l’occasion du 9e congrès de l’Association de recherche et de soutien de soins en psychiatrie générale, à Paris, du 22 au 25 mars 2011.

2- Adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 22 mars 2011, et désormais à l’ordre du jour du Sénat, le projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge » réforme la procédure d’HDT en permettant une HDT sans tiers en cas de « péril imminent pour la santé de la personne » [lire notre dernier numéro, p.7].