La manœuvre de Heimlich - L'Infirmière Magazine n° 277 du 15/04/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 277 du 15/04/2011

 

FORMATION CONTINUE

FICHE TECHNIQUE

DÉFINITION

La manœuvre de Heimlich (du nom de son inventeur, le Dr H.-J. Heimlich, chirurgien thoracique américain) est effectuée lors d’un étouffement, c’est-à-dire en cas d’obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) empêchant totalement la respiration spontanée. Il s’agit d’une urgence vitale.

INDICATIONS

• Elle se pratique chez une personne consciente et victime d’une obstruction totale des voies aériennes (VA) par un corps étranger (CE). On y associe, avant de la pratiquer, une série de claques portées dans le dos entre les deux omoplates.

• Elle concerne l’adulte et l’enfant de plus d’un an (pour un nouveau-né, la méthode de Mofenson sera utilisée). Cette technique est enseignée en formation de secourisme (PSC1 et PSE1)(1).

• L’obstruction des VAS survient la plupart du temps lors d’un repas et peut toucher une victime de tout âge. Le CE est bloqué dans les voies respiratoires, il peut les obstruer soit partiellement, soit totalement.

• L’exécution des techniques de désobstruction (claques dans le dos, puis méthode de Heimlich) n’aura lieu que lors d’une obstruction totale (le CE mettant alors la personne en état d’asphyxie). À noter : la conduite à tenir face à une obstruction partielle est tout autre (lire l’encadré « À savoir » pour quelques précisions).

SIGNES D’UNE OBSTRUCTION TOTALE

• La victime fait des efforts pour respirer sans que l’air n’entre ni ne sorte, elle ne peut plus tousser. Cela conduit à une absence de respiration.

• Elle ne parle plus, et garde la bouche ouverte.

• Elle reste consciente (un temps donné).

• Elle porte ses mains à la gorge.

• Son faciès change de coloration (rouge, puis cyanosé).

TECHNIQUE

• Constater l’obstruction des VA en demandant à la victime si elle étouffe. Celle-ci peut se trouver debout ou assise (il est important de la laisser dans la position où elle se trouve).

• Se placer à côté de la victime, et lui donner tout d’abord une série de claques dans le dos après avoir pris soin de la pencher légèrement en avant, afin de favoriser l’expulsion du CE (et ainsi éviter qu’il ne retourne vers les VA). Réaliser au maximum cinq claques entre les omoplates de la victime avec le plat de la main afin d’essayer de provoquer un mouvement de toux. Si le CE est expulsé avant la réalisation de la série de cinq claques, stopper la manœuvre, mettre la victime au repos et effectuer un bilan complet sur les fonctions vitales.

• Si cette première manœuvre reste inefficace, il faut procéder à la manœuvre de Heimlich :

– se placer derrière la victime, les bras du sauveteur passant sous ses aisselles, et, ainsi, encerclant son torse ;

– le sauveteur place son poing fermé, dos de sa main vers le haut (le poing est donc à l’horizontale), au niveau du creux xiphoïdien, sous le sternum. Le sauveteur recouvre son poing par son autre main ;

– l’objectif est de réaliser une pression suffisante, vers soi et vers le haut, afin de comprimer l’air contenu dans les poumons et, ainsi, permettre l’expulsion du corps étranger. La compression sera donc abdominale. Cette technique est assimilable à la pression exercée sur une bouteille afin d’expulser son bouchon.

• L’alternance des deux techniques (cinq claques puis cinq manœuvres de Heimlich au maximum, et ainsi de suite) se fera jusqu’à l’expulsion du corps étranger, à moins que la victime ne devienne inconsciente, c’est-à-dire, dans ce cas précis, qu’elle soit en arrêt cardio-respiratoire. À ce moment-là, la réanimation cardio-pulmonaire devra être entreprise.

QUAND LA VICTIME EST ALLONGÉE

• La technique de la prise en charge de la personne qui s’étouffe, si elle est allongée sur le sol, n’est plus enseignée à ce jour. Malgré tout, il est important de réaliser un geste de secours afin d’expulser le corps étranger et de permettre la reprise de la ventilation.

• La technique des claques n’étant pas réalisable dans cette position, il faudra exercer une pression sur le thorax, afin de permettre l’expulsion du corps étranger. Pratiquer ce geste jusqu’à reprise de la ventilation ou poursuivre en y associant la ventilation artificielle si la victime est en arrêt cardio-respiratoire.

À FAIRE CONNAÎTRE

Ces techniques de désobstruction des voies aériennes sont simples à réaliser, mais elles ne sont pas connues de tous. En effet, lors de nos missions extrahospitalières, nous intervenons encore de façon régulière sur des arrêts cardio-respiratoires dont l’origine est obstructive. Il est vraiment surprenant de constater qu’aucune de ces techniques n’est entreprise.

1- Les référentiels sont en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur (interieur.gouv.fr). Voici des adresses abrégées : « Prévention et secours civiques de niveau 1 » (PC1), bit.ly/eJgoPe « Premiers secours en équipe de niveau 1 » (PSE1), bit.ly/eadKFY.

À SAVOIR

→ Dans le cas où la victime est une femme enceinte ou une personne obèse, du fait du morphotype, il est plus difficile de réaliser les compressions abdominales. Il faudra donc, dans ces cas précis, réaliser des compressions thoraciques. Les bras du sauveteur passent également sous les bras de la victime, et la pression s’exerce vers l’arrière.

→ Attention ! L’obstruction partielle des voies aériennes, elle, ne nécessite aucun geste agressif. Il est même dangereux d’effectuer une manœuvre de Heimlich dans ce cas car il existe un risque de déplacement du corps étranger, qui le rendrait plus obstructif.

Il faut encourager la victime à tousser afin d’expulser par elle-même le corps étranger. Le but est d’augmenter sa pression intrathoracique par le blocage de la circulation de l’air provoqué par la fermeture de la glotte.

Dans tous les cas, il est prudent de prendre contact avec un médecin pour connaître les suites à donner.