Oh ! Les mains… - L'Infirmière Magazine n° 271 du 15/01/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 271 du 15/01/2011

 

ÉDITORIAL

Début 2011. Un centre hospitalier universitaire, et, logiquement, tout ce qu’on attend d’une telle institution : qualité, que dis-je… expertise et sécurité ! Quelle n’est pas notre surprise, malgré les multiples affichages de campagne pour la lutte contre les infections nosocomiales, de croiser dans les couloirs, et surtout dans les chambres, tant de professionnels porteurs d’une blouse blanche, certes, mais aussi de bagues, de bracelets, de montres et autres manches de pull-over tombant sur les poignets ! Pourtant, bien avant notre apprentissage, à « l’école d’infirmières », des précautions d’hygiène élémentaires (leur non-respect ­pouvait entraîner, il fut un temps, une note éliminatoire aux épreuves du DE), Semmelweis et Pasteur n’avaient-ils pas mis en évidence le rôle oh combien délétère des germes manuportés ?

Aujourd’hui, des études sont obstinément menées, qui confortent la thèse des savants défendue par les ­hygiénistes. Se succèdent des progrès sur les traitements antibactériens, des mises au point de ­solutions miracles pour frictionner nos mains de professionnels, des formations théoriques rigoureuses visant à privilégier la prévention. Que s’est-il passé pour que tout cela ne soit pas suivi de pratiques conformes ?

En 2007, une étude conduite dans plusieurs hôpitaux a montré que 70 % des infirmiers portaient au moins un bijou, et que le port « même d’une alliance lisse » était associé à des contaminations persistantes – la friction d’une solution hydroalcoolique n’y changeant rien. Comment expliquer ces comportements contradictoires au sein des lieux de soins ? Manque de conviction ou de modèles professionnels ? Crainte de perdre son identité, peur du changement… Les soignants résisteraient-ils pour exister ? En résumé, (s’)appliquer pour mieux soigner, est-ce encore possible ?