LOIN DU TERRAIN

De plus en plus occupées à régler des problèmes administratifs, les infirmières « seniors »(1) d’outre-Manche ne sont pas assez présentes dans les soins, déplore une récente étude des hôpitaux universitaires de Cambridge (Royaume-Uni). Un journal de bord établi pendant deux semaines par des cadres a montré qu’elles consacraient 50 % de leur temps à des tâches d’encadrement, contre 30 % seulement aux soins. Les infirmières spécialistes (2), elles, passeraient presque 30 % de leur temps de travail en tâches administratives et seulement 1,2 % sur le terrain, avec les équipes soignantes.

Jennifer Whisken, infirmière allergologue et membre du groupe d’étude, précise qu’il faudrait faire grimper à 80 % le temps que les infirmières « seniors » passent auprès des patients. Car la présence d’infirmières spécialistes dans les salles de soins « a permis [à Cambridge] de réduire le recours au personnel remplaçant, tout en leur donnant davantage de temps à passer avec les cadres des unités, qu’elles peuvent ainsi former ».

Recherche et temps perdu

L’étude montre, par ailleurs, que les infirmières spécialistes ont peu de temps à dédier à la recherche. Christine Norton, professeur d’innovation clinique, assure qu’en raison des restrictions budgétaires actuelles, elles vont devoir s’y consacrer davantage afin de démontrer l’efficacité des unités dirigées par des infirmières (3). « Les patients sont globalement davantage satisfaits de ces unités, mais nous avons besoin de preuves en termes de rentabilité et de résultats si nous voulons soutenir le développement de tels dispositifs », explique-t-elle.