EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE - L'Infirmière Magazine n° 268 du 01/12/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 268 du 01/12/2010

 

SIDA

ACTUALITÉ

FRANÇOISE VLAEMŸNCK  

Le ministère de la santé vient de rendre public son plan national de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles 2010/2014.

Avec quelque 7 000 nouvelles contaminations par an, dont 50 % en Ile-de-France, l’épidémie de l’infection à VIH n’est pas jugulée en France(1). Dans la quasi-totalité des cas, la transmission du virus s’effectue par voie sexuelle, 51 % chez les hétérosexuels et 48 % chez les homosexuels. Quant aux usagers de drogues injectables (UDI), ils ne représentent que 1 % des nouvelles contaminations, avec 70 cas. Comparé à la prévalence dans la population générale, le taux d’incidence du VIH est, ainsi, 200 fois supérieur chez les homosexuels, 18 fois supérieur chez les UDI et 9 fois supérieur chez les personnes hétérosexuelles de nationalité étrangère. Par ailleurs, 94 000 à 103 000 personnes bénéficient aujourd’hui d’une prise en charge hospitalière, mais 40 000 à 50 000 personnes séropositives ignorent encore leur statut sérologique.

Dépister plus et mieux

Outre qu’il contribue à la dynamique de l’épidémie, le retard au dépistage diffère, de facto, la prise en charge des personnes infectées. Ainsi, note le rapport, « un nombre important de diagnostics surviennent à un stade avancé de l’immunodépression : 55 % des découvertes de séropositivité se font à moins de 350 CD4/mm3, et plus d’un tiers à moins de 200 CD4 ».

Dans ce contexte, le plan national de lutte 2010/2014(2) vise à réduire de 50 % l’incidence de l’infection à VIH, tout comme celle du sida, et à diviser par deux la proportion de personnes découvrant tardivement leur séropositivité. Il a également pour objectif de diminuer l’incidence des IST telles, par exemple, les gonococcies, la syphilis, les chlamydioses et les contaminations par papillomavirus. « À l’occasion d’un recours aux soins », les médecins traitants sont désormais invités à proposer à toute personne âgée de 15 à 70 ans un test de dépistage remboursé à 100 % par l’assurance maladie. Une campagne nationale de communication doit soutenir cette démarche d’ici à la fin de l’année. Selon les estimations du ministère, cinq millions de personnes pourraient accepter de pratiquer un test, doublant ainsi le chiffre actuel. Le but étant que chacun ait recours au test au moins une fois dans sa vie. S’agissant des groupes les plus exposés au risque de contamination, le plan prévoit que les acteurs associatifs puissent organiser et développer des espaces de dépistage non médicalisés ciblant les homosexuels, les migrants, les prostitue(é)s et les UDI. « Le plan est intéressant car il met l’accent sur le dépistage. Il propose une construction rationnelle des différents enjeux et leurs déclinaisons via une approche populationnelle et territoriale [le plan comporte un volet spécifique pour les populations des départements d’outre-mer, NDLR] pour donner lieu à l’élaboration de fiches action qui sont de véritables feuilles de route, relève Marc Dixneuf, directeur des programmes associatifs France à Sidaction. Maintenant, c’est le contexte global qui pose problème puisque l’esprit sécuritaire qui prévaut aujourd’hui ne semble pas favorable aux migrants et aux prostitué(e)s, pas plus qu’aux homos et aux UDI… »

Vigilance

De son côté, Bruno Spire, président de Aides, regrette que le plan n’ait pas le statut de plan gouvernemental, ce qui, estime-t-il, lui aurait donné davantage de puissance politique et opérationnelle. « De surcroît, confie-t-il, en ces temps de crise économique, nous craignons que le milliard d’euros promis pour soutenir les actions du plan ne soit pas alloué. Nous serons donc très vigilants. » À la veille du 1er décembre, Journée internationale de lutte contre le sida, rappelons que le moyen le plus efficace pour lutter contre l’infection reste le préservatif, masculin ou féminin…

1– Données de 2008.

2– Téléchargeable sur www.sante.gouv.fr