SE RAPPROCHER… PAS SI SIMPLE - L'Infirmière Magazine n° 264 du 01/10/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 264 du 01/10/2010

 

IFSI-UNIVERSITÉS

ACTUALITÉ

Le conventionnement entre régions, Ifsi et universités, nécessaire pour la reconnaissance des études d’infirmière au grade de licence, prend du retard.

Un an après l’entrée en vigueur du nouveau référentiel, le mariage de la formation d’infirmière avec l’université n’est toujours pas consommé. Vingt-six régions étaient appelées à signer, avant le 30 juin 2010, des conventions avec les instituts de formation et les universités. Seulement trois de ces régions (Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes et Limousin) avaient achevé le processus à l’heure où nous écrivions.

Un consensus difficile

Si quasiment tous les groupements de coopération sanitaire (GCS) devant rassembler les Ifsi publics sont constitués depuis des mois, l’Ile-de-France est encore à la peine. Dans cette région très spécifique(1), aucune des deux options d’abord envisagées (soit un seul GCS, soit sept, c’est-à-dire un par université de rattachement) n’a fait consensus. « Les directeurs d’hôpital ne sont pas d’accord, on s’oriente vers une solution intermédiaire, qui reste à définir », témoigne Odile Decker, directrice de l’Ifsi de Nanterre.

Ailleurs en France, plusieurs raisons expliquent le retard pris par les conventions. Tout d’abord, leur périmètre, particulièrement large. Il s’agit à la fois : de préciser la contribution de l’université à la formation (réflexion pédagogique, enseignement, jury d’examen, évaluation); de permettre la mobilité européenne des étudiants ; de leur ouvrir l’accès aux services universitaires ; de réfléchir à la poursuite d’études universitaires en deuxième et troisième cycles ; enfin, de mettre en place une commission de validation des études et des acquis de l’expérience pour les infirmières qui ont été formées sous l’ancien système.

Exigence tardive

Le manque de coordination des ministères de tutelle (Santé et Enseignement supérieur), conjugué aux délais très courts, a fait le reste… Avec un coup de théâtre en prime. Le 7 juin, à trois semaines de la date butoir et alors que beaucoup de conventions étaient presque prêtes, un courrier de la Conférence des présidents d’université a stoppé le processus : l’exigence d’une « commission pédagogique présidée par le président d’université », sous peine d’un refus de signature, a renvoyé les partenaires à la table des négociations.

Quelle qu’en soit l’issue, la grande marge de manœuvre accordée aux partenaires à l’échelon régional laisse présager que, d’une convention à l’autre, on devrait observer une certaine diversité de contenu, tout particulièrement en ce qui concerne les modalités de financement de l’intervention universitaire au sein des Ifsi.

1 - Avec une soixantaine d’Ifsi relevant de la FHF, de l’AP-HP, de la Fehap et de la Croix-Rouge.

NOUVELLES DÉPENSES

Qui va payer ?

S’il est tôt pour chiffrer le surcoût lié à l’universitarisation, Ifsi et régions s’accordent à dire qu’il sera bien réel, et déplorent un manque d’anticipation du ministère. Au titre des nouvelles dépenses, citons l’anglais obligatoire, l’acquisition de matériel pour l’enseignement à distance, l’adaptation des locaux, les frais de déplacement des enseignants universitaires, leur rémunération, l’accès des étudiants infirmiers aux services de l’université…

D’une région à l’autre, les solutions retenues divergent. En Midi-Pyrénées, région pionnière avec une convention signée le 14 juin, les Ifsi sont en première ligne, puisque le texte stipule qu’il leur incombe de rembourser à l’université la rémunération des universitaires, mais aussi de verser à ces derniers, directement, leurs frais de déplacement et de mission et de les indemniser pour leur participation aux jurys d’examen.

À l’inverse, la région Centre prévoit de ne pas intégrer ces dépenses dans les budgets des écoles, mais de les flécher dans un avenant, dans l’espoir d’obtenir une compensation de l’État.