La cote des capotes - L'Infirmière Magazine n° 260 du 01/05/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 260 du 01/05/2010

 

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Santé

Si les Français utilisent plus de préservatifs qu'il y a vingt ans, leur usage reste marqué par de vraies inégalités.

L'intitulé de la 76e Rencontre du Crips Ile-de-France (1), « Les préservatifs dans tous leurs états », a dû interpeller le public. Les préservatifs ont-ils toujours autant la cote ? Premier constat, délivré par Nathalié Lydié (2), le 23 mars à Paris : l'utilisation du préservatif lors du premier rapport sexuel a nettement augmenté. D'après l'enquête « Contexte de la sexualité en France » (3), réalisée en 2006 et portant sur 12 000 personnes, 25 % des femmes utilisaient un préservatif lors de leur premier rapport sexuel sur la période 1980-1984. Elles sont 84 % à le faire depuis 2000. Les hommes, eux, sont passés de 27 % à 89 %. Cette évolution est importante car l'utilisation d'un préservatif lors du premier rapport instaure souvent une habitude.

Plus le niveau d'éducation est élevé, plus le préservatif est utilisé : il s'agit du premier facteur discriminant. D'autres situations jouent en sa défaveur : si le partenaire est considéré comme le futur conjoint ; un âge tardif lors du premier rapport sexuel (plus de 20 ans) ; une absence de dialogue sur les sujets liés à la contraception...

Négociation

Autre constat intéressant, car il souligne un moment clé : après une rupture amoureuse ou une séparation, 89 % des hommes se protègent, contre 82 % des femmes de 18 à 24 ans. Si l'utilisation tourne, pour les deux sexes, autour de 79 % sur la période 35 à 54 ans, l'écart se creuse au-delà de 54 ans. Les femmes ne sont plus que 45,6 % à utiliser un préservatif, contre 71 % des hommes.

Comment expliquer cette différence ? La négociation du port du préservatif est plus difficile pour une femme que pour un homme, pointe Nathalie Lydié. Elles se retrouvent plus nombreuses à être confrontées à un refus, et elles semblent donner la priorité à l'engagement affectif plutôt qu'à une gestion rationnelle des risques. Promouvoir l'utilisation du préservatif féminin pourrait peut-être aider à réduire cette vulnérabilité.

1- Crips : Centre régional d'information et de prévention sur le sida.

2- Sociodémographe à l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).

3- http://www.enquetecsf.net.

Le Fémidon est-il l'avenir de l'homme ?

En 2008, 28 millions de préservatifs féminins ont été vendus dans le monde, contre 11 milliards de préservatifs masculins. Comment renouveler la communication sur le préservatif féminin ?, s'interroge Danièle Authier, de l'association Frisse. « On essaye de parler de plaisir, mais ce n'est vraiment pas simple quand vous voyez le packaging blanc et énorme du préservatif féminin. Ça reste du sport de parler du Fémidon ! »

Une présentation plus attractive, un prix moins élevé, une meilleure accessibilité - car le réseau de distribution est nettement moins étendu que celui du préservatif masculin... Voilà quelques facteurs qui permettraient de rendre le préservatif féminin plus attrayant. À côté de la gamme de plus en plus large des préservatifs masculins, il n'existe qu'un seul modèle pour la gente féminine. Une offre variée pourrait amener de plus nombreuses femmes à l'utiliser. Des efforts restent donc à faire !