Ondes sans pépins - L'Infirmière Magazine n° 258 du 01/03/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 258 du 01/03/2010

 

Santé mentale

Actualités

Partenaires de soins

Une fois par mois, Radiocitron donne le micro à des patients.

Inaugurée le 26 janvier, cette radio « qui n'a pas peur des pépins » dispense ses chroniques souvent drôles et poétiques sur son site Internet, radiocitron.com. Formés par des professionnels, les patients qui l'animent s'emploient à casser les idées reçues sur la maladie mentale. Rencontre avec Colette Laury, psychologue dans un des services d'accompagnement à la vie sociale (SAVS) de l'association parisienne L'élan retrouvé, à l'origine du projet.

Comment est née Radiocitron ?

Avec L'Élan retrouvé, qui vise à favoriser l'insertion des personnes atteintes de troubles psychiques, nous souhaitions nous faire mieux connaître. La représentation sociale de la folie est pleine de préjugés. La plupart du temps, quand on parle de ces troubles dans les médias, c'est à l'occasion d'accidents meurtriers. Il fallait changer le regard du grand public ; nous avons décidé d'aller à sa rencontre. Il y a deux ans, nous avons fait la connaissance d'Alfredo Olivera, psychologue et fondateur de La Colifata. Cette radio animée par les patients d'un hôpital psychiatrique de Buenos Aires connaît un grand succès en Argentine. Alfredo Olivera a formé nos équipes et http://www.radiocitron.com est né.

Comment sont réalisées les émissions de votre radio ?

Elles sont préparées et animées par les patients de divers SAVS de L'Élan retrouvé. Ils souffrent de schizophrénie, de troubles bipolaires... Aujourd'hui, grâce aux médicaments, ils sont stabilisés. Les animateurs peuvent proposer les textes qu'ils veulent, des interviews, des poèmes, des micro-trottoirs... On part de sujets sérieux, mais traités avec humour. La rubrique « Citrons pressés » propose des débats philosophiques, les « Contes centrés » sont consacrés aux créations littéraires et la « Raclette de cuisine » fait la part belle aux jeux de mots. Les participants ont des choses à dire et la radio leur permet de se sentir valorisés.

Quels sont vos espoirs ?

Nous avons aujourd'hui atteint un rythme de croisière. Nous restons ouverts à toute structure traitant de maladies psychiques et souhaitant participer. Chaque semaine, nous préparons les rubriques et nous réalisons un enregistrement par mois, souvent au centre culturel Valeyre, à Paris. On n'a pas de studio, c'est de la débrouille ! Qu'une radio nationale nous accueille sur ses ondes serait formidable, ne serait-ce qu'une minute par jour. Tout le monde n'a pas Internet et nous voulons toucher le plus grand nombre.