L’activité des Idels à la loupe - L'Infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 360 du 01/07/2019

 

URPS

ACTUALITÉ

S. L.  

L’URPS-Infirmière Paca a sondé les Idels pour évaluer et mettre en lumière la réalité des prises en charge qui ne laissent pas de traces comptables.

L’UNION RÉGIONALE DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ (URPS) A PROPOSÉ PENDANT L’ÉTÉ 2018 un questionnaire en ligne aux Idels de la région Provence- Alpes-Côte d’Azur (Paca) avec le double objectif d’explorer les prises en charge et les soins qui ne sont pas tracés via la facturation et celui de comprendre les difficultés rencontrées pour sécuriser les suivis. Quelque 1049 infirmières ont pris le temps de la réflexion, soit 7,5 % des Idels de la région. La vaccination, les traitements per os, l’organisation du pilulier, la coordination entre professionnels, les signalements de dysfonctionnement au médecin traitant sont les principaux thèmes qui ont été interrogés.

Vaccinations non facturées

L’enquête a mis en évidence qu’il est fréquent que le médecin oublie l’ordonnance pour les Idels. Cela a entraîné chez les Idels de Paca des vaccinations non facturées : dans le cas du vaccin antigrippal, plus de la moitié des répondantes affirment ne facturer qu’entre 0 et 25 % des actes. Ce taux grimpe à 60 % pour les autres vaccins. Elles sont à peine plus de 20 % à affirmer facturer entre 75 et 100 % des vaccinations (et à peine plus de 10 % pour les vaccinations antigrippales). On ne facture majoritairement pas car l’acte est inclus dans la facturation AIS (36 %) ou est un troisième acte (19 %). La complexité de facturer pour un seul acte arrive en troisième position des raisons de la non-facturation.

La gestion du traitement per os par les Idels est tout aussi transparente. En moyenne, les infirmières prennent en charge le traitement per os de 64 % de leur patientèle. Les deux tiers de ces prises en charge sont inclus dans d’autres actes. Elles consacrent principalement du temps à la préparation du traitement, la vérification des dates de péremption, la gestion des stocks et se chargent des demandes de renouvellement. Pour 56 % des répondantes, cette gestion du traitement a parfois permis d’éviter une incohérence dans le parcours médicamenteux. À noter que seulement 2 % des répondantes n’ont jamais remarqué d’incohérence.

Élargir l’autorisation de prescription

Entre deux préparations, la quasimajorité des Idels modifient le pilulier lors d’un changement d’ordonnance, pour un réajustement suite à la consultation d’un spécialiste, après un contrôle sanguin, en cas d’hypertension artérielle par exemple. En cas de substitution par générique d’un médicament (changement de laboratoire d’un médicament, de la couleur ou de la forme), l’Idel est aussi celle que l’on sollicite dans 90 % des cas tandis que presque toutes (95 %) informeront ensuite le médecin traitant des effets indésirables rencontrés ou des traitements pris par erreur. Les contacts sont majoritairement téléphoniques. Rares sont les Idels à utiliser des applications de type messagerie sécurisée. La coordination, principalement avec les services d’aide à domicile, les assistantes sociales et la famille, ressort, malgré son invisibilité, comme une pratique constante : surveillance clinique, grands pansements, insuline… sont le quotidien de près de neuf infirmières sur dix. Et au domicile, 98 % affirment agir sur l’ergonomie du patient en ajustant tapis ou barre de douche. Dans ce dernier cas, comme pour l’utilisation d’antiseptiques, la demande de la profession est d’élargir l’autorisation de prescription. Forte de ces données chiffrées, l’URPS-Infirmière compte interpeller les pouvoirs publics pour faire bouger les lignes.

TÉMOIGNAGE : LUCIENNE CLAUSTRES-BONNET, PRÉSIDENCE DE L’URPS-INFIRMIÈRE PACA

« Nous ne nous attendions pas à avoir autant de réponses de la part des Idels. Nous avons été surpris de la mauvaise connaissance des plateformes territoriales d’appui (PTA) et des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de la région. On a le sentiment que l’information ne passe pas bien. L’étape suivante est de travailler à une coordination plus fluide pour les Idels, notamment par la mise en place de nouveaux CPTS. Par ailleurs, nous travaillons avec les médecins libéraux à la création d’une application pour la coordination des suivis de plaie, avec le soutien de l’agence régionale de santé. Il s’agira d’une application mobile sécurisée qui permettra l’envoi d’ordonnances et de photos de la plaie. »