Les colliers cervicaux - L'Infirmière Libérale Magazine n° 356 du 01/03/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 356 du 01/03/2019

 

Orthopédie

CAHIER DE FORMATION

Point sur

Anne-Gaëlle Harlaut  

Dispositifs médicaux incontournables en traumatologieet rhumatologie, les colliers cervicaux se déclinent en différentes catégories selon l’atteinte et la sévérité de la pathologie.Vos conseils sont précieux pour une bonne mise en place, le respect des modalités de port et le sevrage en cas d’utilisation au long cours.

Orthèses externes de série, les colliers cervicaux sont utilisés dans l’objectif d’immobiliser à divers degrés la zone du rachis cervical qui s’étend de la base du crâne à la base du cou. Ils appartiennent aux dispositifs médicaux de classe I.

Qu’est-ce que c’est ?

Les colliers cervicaux (une ou deux parties emboîtables) se ferment à l’arrière ou sur le côté par des bandes auto-agrippantes. Suivant le type et le degré d’immobilisation escomptés, ils peuvent être constitués de mousse recouverte d’un tissu jersey et/ou d’éléments rigides externes ou internes.

Ils se déclinent en plusieurs tailles (circonférence et hauteur) pour convenir à toutes les morphologies, y compris aux enfants. Certains modèles offrent une découpe qui épouse la forme du menton. Pour les cous « non standard », des modèles aux formes adaptées existent, ou encore des bandes de mousse à découper pour la confection de colliers « sur-mesure ».

Ils peuvent être munis d’une mentonnière qui limite davantage les mouvements de la tête maintenue en extension, d’un appui sternal et/ou d’une ouverture trachéale pour le passage d’une éventuelle canule de trachéotomie.

Quels modes d’action ?

Les colliers cervicaux limitent plus ou moins l’amplitude des mouvements de rotation et de flexion de la tête et du rachis cervical, et diminuent la charge portée par la colonne vertébrale. Ils assurent une fonction proprioceptive, mais aussi décontracturante et antalgique, notamment par immobilisation relative et effet thermique de l’orthèse.

Quels modèles pour quelles indications ?

Quatre catégories selon le degré d’immobilisation

Le degré d’immobilisation augmente avec les catégories, sans jamais être total :

→ collier cervical pour soutien léger, ou C1, en mousse, souple ;

→ collier cervical pour soutien moyen, non réglable en hauteur, ou C2, semi-rigide, en mousse munie d’une plaque à l’intérieur ou à l’extérieur, parfois amovible ;

→ collier cervical pour soutien moyen, réglable en hauteur, ou C3, rigide, constitué de la superposition de deux plaques en polyéthylène avec appui sternal, parfois une mentonnière. Réglable en hauteur, pour une position initiale d’hyperextension lentement régressive, qui permet un sevrage progressif du collier ;

→ collier cervical dit « mini-minerve » ou « de Philadelphie », ou C4, rigide, constitué d’éléments emboîtables avec quatre appuis : mentonnier, sternal, occipital et dorsal.

En rhumatologieou traumatologie

Les indications dépendent du degré d’immobilisation :

→ les C1 et les C2 sont particulièrement indiqués en cas d’arthrose cervicale, de torticolis, de cervicalgie aiguë et chronique, et en relais d’un collier plus rigide lors de la phase de sevrage ;

→ les C2 sont de plus indiqués dans les névralgies cervico-brachiales, en cas d’entorse bénigne, de traumatisme cervical léger ;

→ les C3 sont proposés en cas d’entorse ou de traumatisme cervical moyen à sévère, de névralgie cervico-brachiale aiguë ou chronique ou d’arthrose cervicale aiguë ;

→ les C4 sont utilisés pour immobiliser le rachis après traumatisme cervical sévère (urgence), en postopératoire, en cas d’entorse sévère, de luxation ou de fracture, de poussée de polyarthrite rhumatoïde…

Le choix

La catégorie d’immobilisation est choisie selon les instructions médicales.

La taille est déterminée par la circonférence et la hauteur du cou, du dessous du menton au bas du sternum.

Quels conseils ?

La mise en place

Sauf indications contraires, la tête doit être placée en légère hyperextension (ne pas tomber vers l’avant, le regard doit être horizontal). Le patient ne doit pas se sentir serré ni insuffisamment maintenu (ajustement possible grâce aux bandes auto-adhésives qui se placent sur le côté ou à l’arrière, jamais devant), et le port doit procurer un soulagement et non une gêne. Les colliers C4 sont généralement mis en place par un médecin.

La posologie

Le collier se porte habituellement le jour, parfois de façon temporaire (prévention lors d’un long trajet), voire la nuit si le médecin le préconise : dans ce cas, un collier rigide de jour peut être remplacé par un collier souple la nuit, ou la plaque rigide des colliers C2 évolutifs peut être ôtée. La durée de port dépend de l’indication médicale.

Le sevrage

Un collier porté plus de dix jours d’affilée peut diminuer le tonus musculaire : il est conseillé de diminuer progressivement le temps de port quotidien, voire d’effectuer des exercices appropriés.

L’entretien

Les différentes parties du collier peuvent être lavées à l’eau tiède et au savon et sécher à l’air libre ; ne pas essorer trop fortement les parties en mousse.

Quelle prise en charge ?

Prescription

La prise en charge d’un collier cervical par l’Assurance maladie n’est possible que sur ordonnance d’un médecin.

Remboursement

Les colliers cervicaux sont inscrits au titre 2 de la LPP, chapitre 1 (orthèses), sous la dénomination générique C1 à C4, reprenant ainsi la classification par degré d’immobilisation. Le tarif LPP de prise en charge, uniquement à l’achat, dépend de la catégorie : de 9,25 euros pour les C1 à 18,77 euros pour les C4. Un dépassement de prix peut rester à charge du patient ou de la mutuelle.

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.

Rachis cervical et pathologies

Le rachis cervical, composé de sept vertèbres (C1 à C7), a un rôle de soutien de la tête et de protection de la portion haute de la moelle épinière. Parmi les principales pathologies du rachis, peuvent être observés :

→ le torticolis : contracture musculaire après un mouvement, une mauvaise posture ou un coup de froid ;

→ l’entorse cervicale : lésion des ligaments liant deux vertèbres cervicales, due le plus souvent à un choc traumatique (ex. : « coup du lapin ») ;

→ l’arthrose cervicale ou cervicarthrose : dégénérescence progressive du cartilage évoluant généralement par crises douloureuses ;

→ la névralgie cervico-brachiale : douleurs du cou, de l’épaule, du bras, causées par la compression ou l’irritation d’une racine nerveuse, le plus souvent liées à une détérioration des disques (hernie discale) et des vertèbres, plus rarement à une tumeur ou un choc ;

→ les pathologies inflammatoires : polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite…