Sacré coup de filet | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018

 

ÉDITO

Le scandale a éclaté. Sans surprise, si l’on en croit la ministre de la Santé qui, au micro de France Inter, le 27 novembre, confiait que ses prédécesseurs, pressentaient déjà que les futurs scandales sanitaires viendraient des dispositifs médicaux (DM), inquiets du peu de régulation dont ils font l’objet. Ce qui choque l’opinion publique, outre le circuit ahurissant de la certification qui permet à un filet de mandarines d’obtenir une homologation comme mèche vaginale, c’est le manque de transparence qui entoure ce genre de pratiques. Il aura fallu cette enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (250 journalistes et 59 médias) pour percer l’obscur silence de la certification et de la surveillance des DM. La chose a du mal à passer. Et pour cause : impossibilité d’évaluer l’ampleur des dégâts et de les identifier, ou de tracer les patients implantés, absence d’harmonisation des déclarations d’incidents graves entre fabricants, déclarations non systématiques de la part des professionnels de santé… Le fait qu’Agnès Buzyn reconnaisse aujourd’hui les failles et l’urgence de la situation nous rassure, car cela signifie - du moins, veut-on le croire - que les politiques veulent (enfin) agir. Mais que l’affaire coure depuis des années est assez inquiétant. Que personne, qui plus est, aucun ministre de la Santé, ne se soit saisi du dossier plus tôt, nous laisse sans voix. Agnès Buzyn salue la mise en ligne prochaine de la base européenne Eudamed (mars 2020, NDLR), qui recensera les données cliniques des DM, les mesures correctives et les incidents. Encore faudrait-il que ces données soient publiques et accessibles. Pourquoi ? Afin que plus aucun dégât imputable à un DM ne puisse passer entre les mailles du filet. Un peu comme un filet de la dernière chance.