La fibromyalgie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018

 

CAHIER DE FORMATION

SAVOIR

La fibromyalgie est une affection chronique caractérisée par des douleurs diffuses et persistantes, ainsi qu’une fatigue chronique, souvent associées à des troubles du sommeil et des troubles anxio-dépressifs. Si la douleur est généralement constante, les autres symptômes sont variables d’un patient à l’autre et d’un jour à l’autre chez un même patient. La fibromyalgie est parfois associée à une autre pathologie, notamment la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux systémique.

AFFECTION CHRONIQUE

Physiopathologie

La cause de la fibromyalgie n’est pas connue. Ses manifestations « n’ont à ce jour pas d’explications physiopathologiques et ne s’accompagnent pas d’anomalies biologiques », souligne un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) en 2010(1). Créé en 1977 par deux médecins canadiens, le terme fibromyalgie - “fibro” pour fibrose, “myo” pour muscles et “algie” pour douleur - a été critiqué car il n’existe aucune fibrose des muscles à l’origine des douleurs.

Sans lien psychiatrique

L’hypothèse d’une origine psychogène a longtemps été évoquée face à l’absence d’explication organique, mais elle est écartée aujourd’hui. « On sait avec certitude que les différents symptômes de la fibromyalgie ne peuvent pas être liés à un problème psychiatrique, même si certains facteurs psychologiques ont une responsabilité indéniable », explique le Dr Dominique Perocheau, rhumatologue(2). Une position partagée par l’Académie de médecine qui souligne, dans un rapport en 2007, qu’« on ne peut [pas] assimiler la fibromyalgie à une maladie psychiatrique » (3). Une précision importante pour une affection longtemps assimilée à des troubles de la conversion de type hystérique, à un stress post-traumatique, ou à une dépression, en raison de symptômes communs tels la fatigue, les troubles du sommeil et le ralentissement cognitif.

L’hypothèse neurobiologique

« Les explications biomédicales contemporaines mettent l’accent sur un dérèglement de la perception de la douleur au niveau du système nerveux central », précisent les auteurs du rapport de la HAS à la demande du ministère de la Santé (1). La neuro-imagerie fonctionnelle par IRM montre deux types d’anomalies dans l’interprétation et la modulation de la douleur au niveau cérébral : une altération des voies de contrôle de la douleur au niveau du système nerveux central et une perturbation des neurotransmetteurs permettant les transferts d’informations entre les neurones. Ces anomalies neurologiques ont pour conséquence une extrême sensibilité à la douleur caractérisée par :

→ une allodynie, soit une perception douloureuse de stimulations habituellement indolores (par exemple, un simple toucher) ;

→ une hyperalgésie définie comme une perception anormalement importante des stimulations douloureuses.

Ces anomalies neurologiques pourraient aussi être à l’origine des troubles du sommeil, fatigue, troubles cognitifs, anxiété et dépression retrouvés dans la fibromyalgie.

FACTEURS DE RISQUE

Ils sont évoqués sans être étayés par des preuves formelles. De nombreux cas de fibromyalgie surviennent après un choc émotionnel, un traumatisme physique (interventions chirurgicales ou accidents signalés dans 20 % des cas), un épisode viral pseudo-grippal ou un déficit immunitaire. Certains événements, comme un stress psychologique (licenciement, harcèlement au travail) ou un événement affectif (un divorce, une rupture, un décès), sont également évoqués.

PRÉDISPOSITIONS

Ni héréditaire, ni génétique

La fibromyalgie n’est pas une maladie héréditaire ou génétique, même si certaines études montrent que des formes de gènes (allèles) touchant surtout les catécholamines (adrénaline, noradrénaline et dopamine) et les endorphines peuvent exposer à des douleurs diffuses. Et que chez les vrais jumeaux, lorsque l’un des deux est atteint de fibromyalgie, l’autre a huit fois plus de risques d’en être également atteint.

Des facteurs multiples

Plusieurs facteurs prédisposants d’origine biologique, psychique et sociologique sont identifiés :

→ des douleurs longtemps présentes, comme une dorsalgie par exemple, qui rendent le système de régulation de la douleur moins performant ;

→ une insomnie chronique ;

→ des antécédents de troubles anxieux ou dépressifs ;

→ le stress ;

→ certains facteurs hormonaux : les femmes sont protégées par les œstrogènes, un peu moins à la ménopause, par exemple.

FACTEURS D’ENTRETIEN

S’ils ne sont pas corrigés, certains facteurs prédisposants peuvent aussi participer à la prolongation des symptômes de la fibromyalgie. C’est le cas du stress, de l’anxiété, des inquiétudes, d’un déconditionnement musculaire avec perte de la masse et de la force musculaire.

ÉVOLUTION

L’évolution de la fibromyalgie est variable et dépend des mesures mises en œuvre pour la combattre (voir la partie Savoir faire). Les zones douloureuses et la fatigue restent assez constantes alors que les autres symptômes peuvent évoluer. L’intensité de la douleur et les troubles du sommeil persistent souvent sans aggravation. La fatigue est l’un des signes les plus constants pendant l’évolution de la maladie. En l’absence d’une prise en charge adaptée, les symptômes sont à l’origine d’une grande souffrance car ils sont de moins en moins tolérés.

LES SYMPTÔMES

La présentation clinique et la capacité fonctionnelle sont très variables d’un patient à l’autre et d’un jour à l’autre chez un même patient.

Principaux symptômes

Une douleur permamente

« J’ai mal partout, tout le temps », rapportent souvent les patients. La douleur permanente, étendue et diffuse est la principale manifestation de la fibromyalgie. Difficile à décrire et à localiser pour les patients, elle entrave les gestes de la vie quotidienne (station debout prolongée, prise d’objets en hauteur, conduite…).

Caractéristiques (4)

Les personnes fibromyalgiques évoquent une douleur maximale au réveil, avec une raideur qui peut être aussi perçue dans la journée après le maintien prolongé dans une même position. Les muscles semblent durs et sensibles à la pression et sont parfois le siège de spasmes. Une impression de gonflement articulaire est aussi rapportée.

Manifestations

La douleur fibromyalgique est :

→ diffuse, car présente des côtés droit et gauche du corps tant au-dessous qu’au-dessus de la taille ;

→ migratrice, car elle n’est pas toujours localisée au même endroit pour une même personne ;

→ variable, car elle peut, selon les moments, prendre la forme de douleurs articulaires, musculaires, tendineuses ou neurologiques sous forme de fourmillements, engourdissements ou brûlures ;

→ aggravée par les efforts, le froid, l’humidité, les émotions et le manque de sommeil, et s’accompagne de raideur matinale ;

→ parfois résistante aux antalgiques habituels (paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens…).

Une fatigue intense

La fatigue est exprimée par la quasi-totalité des patients sous forme d’asthénie peu améliorée par le repos et le sommeil, ou de fatigabilité à l’effort. Elle est souvent prédominante le matin et se manifeste aussi après des efforts répétitifs, le maintien même bref d’une posture, ou après un effort minime. La fatigue peut devenir invalidante et la gêne induite est aussi importante, voire supérieure à celle occasionnée par les douleurs (2).

Troubles du sommeil

Dans plus de 90 % des cas, le sommeil est perçu comme léger, instable, avec des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes, et non réparateur quelle que soit sa durée. Après une longue nuit de sommeil, le patient se réveille aussi fatigué, sinon plus, qu’au moment du coucher (4). Les troubles du sommeil confirmés par l’enregistrement électroencéphalographique (EEG) pourraient être en cause dans la fatigue chronique ressentie. Ils peuvent s’accompagner d’un syndrome des jambes sans repos et de périodes d’apnée du sommeil. Dans les formes les plus sévères, une somnolence diurne compensatrice peut perturber la vie sociale et professionnelle.

Difficultés cognitives

Des signes cognitifs sont notés :

→ troubles de la mémoire, surtout la difficulté à retenir des faits récents alors que la mémoire des faits anciens est conservée (amnésie antérograde) ;

→ troubles de l’attention et des difficultés à se concentrer ;

→ difficultés d’apprentissage ou d’expression.

Troubles anxieux et dépressifs

Les états d’anxiété sont marqués par une appréhension de l’avenir et des craintes quant à l’évolution et aux répercussions du syndrome douloureux. Les troubles dépressifs concerneraient près de 60 % des patients (1). Sachant que les intrications entre dépression et fibromyalgie sont nombreuses :

→ les patients douloureux chroniques, dont les fibromyalgies, développent souvent une dépression ;

→ une dépression masquée peut se manifester par plus de symptômes physiques que psychiques affectant l’humeur ;

→ une dépression peut être associée à la fibromyalgie ;

→ une dépression expose à la survenue d’une fibromyalgie.

« Il faut expliquer au patient que les symptômes anxio-dépressifs accompagnent tout tableau douloureux chronique pour le légitimer car, souvent, ils n’osent pas en parler, note le Dr Perocheau. Et préciser que ce symptôme est atténué par une meilleure gestion de la douleur. » Si le symptôme persiste, l’avis d’un psychiatre peut être sollicité.

Autres symptômes associés

De nombreux symptômes touchant divers organes peuvent être associés dans la fibromyalgie. Ils ne nécessitent pas forcément un traitement spécifique et peuvent s’améliorer avec la prise en charge de la douleur.

→ Raideur matinale : difficulté à faire bouger ses doigts, ses bras, ses jambes avec parfois une impression de gonflement des doigts sans qu’aucune tuméfaction réelle ne soit constatée.

→ Céphalée à type de migraine ou de céphalée de tension, maux de tête en casque, associés à une tension plus ou moins forte dans les muscles du cou.

→ Troubles digestifs : colites chroniques fréquentes avec douleurs abdominales diffuses, ballonnements et un inconfort plus ou moins important. Certaines colopathies peuvent être liées à des problèmes d’intolérance ou d’allergie médicamenteuse et impliquent parfois une consultation spécialisée.

→ Troubles de la vessie : douleurs pelviennes et envies d’uriner impérieuses et fréquentes. Le syndrome de la douleur vésicale, ou cystalgies à urines claires, est un état douloureux chronique de la vessie avec pollakiurie (trouble mictionnel), brièvement soulagé par la miction.

→ Troubles de la mémoire immédiate et à long terme sans qu’il s’agisse de véritables troubles cognitifs car la vitesse de traitement des informations reste normale.

→ Troubles de l’attention : la distraction par des sollicitations extérieures entraîne une perturbation de la performance. Cette difficulté pourrait être liée à la présence d’une douleur chronique.

→ Sensibilité particulière à des stimuli extérieurs : bruit, lumière forte, odeurs, froid.

→ Troubles de l’articulation de la mâchoire : douleurs ressenties pendant la mastication ou spontanément.

→ Troubles de la circulation : fourmillements au niveau des doigts ou des extrémités refroidies. Un syndrome de Raynaud caractérisé par une ischémie brutale des artérioles des doigts et des orteils et se manifestant par une pâleur, un refroidissement et une douleur peuvent parfois être observés.

→ Angoisse, anxiété, et stress qui se rencontrent fréquemment comme dans toutes les douleurs chroniques.

→ Hypotension orthostatique.

DIAGNOSTIC

L’errance diagnostique des patients a longtemps été préjudiciable aux personnes atteintes de fibromyalgie. Aujourd’hui, la maladie est mieux connue et le diagnostic est posé plus précocement (voir encadré plus bas).

Examen clinique

Aucun examen de laboratoire ou radiologique ne permettant de faire le diagnostic de la fibromyalgie, celui-ci reste difficile à établir (4). Le diagnostic, exclusivement clinique, repose sur une évaluation et un examen rigoureux relevant une association de plusieurs critères médicaux et l’élimination des diagnostics différentiels.

Évaluation de la symptomatologie

Les symptômes, qui doivent être présents depuis au moins trois mois, sont évalués (5) en fonction des scores de l’indice de douleur généralisée et de l’échelle de sévérité des symptômes.

L’indice de douleur généralisée

Il permet de repérer, parmi les dix-neuf zones identifiées sur lesquelles une pression suffisamment forte est exercée (voir schéma p. 36), le nombre de zones douloureuses qu’a connu le patient durant la semaine précédente. Depuis la publication de nouveaux critères par l’American College of Rheumatology en mai 2010, on ne parle plus de points douloureux déclenchés par la pression mais de zones douloureuses où la douleur est spontanément ressentie par les patients. (4)

L’échelle de sévérité des symptômes

Le résultat de cette évaluation englobe le niveau de sévérité de la fatigue, de la somnolence et des symptômes cognitifs, et la présence d’autres symptômes associés.

→ Sévérité de la fatigue, de la somnolence et des symptômes cognitifs

Quatre niveaux sont observés pour ces trois symptômes :

- pas de problème ;

- problèmes légers ou modérés, généralement modérés ou intermittents ;

- problèmes modérés, considérables, souvent présents et/ou à niveau modéré ;

- problèmes importants, persistants, continus, handicapants au quotidien.

→ Présence d’autres symptômes somatiques associés

Le patient rapporte la présence de :

- aucun symptôme ;

- peu de symptômes ;

- un nombre modéré de symptômes ;

- de nombreux symptômes.

Un grand nombre de symptômes somatiques sont ici pris en compte : syndrome du côlon irritable, nervosité, vision floue, fièvre, démangeaisons, respiration sifflante, urticaire, perte ou changement du goût, convulsions…

Élimination des diagnostics différentiels

Le diagnostic implique également l’élimination de toutes pathologies de l’appareil locomoteur qui nécessitent un traitement spécifique. En particulier celles entraînant des tableaux de douleurs diffuses chroniques (douleurs musculaires dues à des médicaments, rhumatismes inflammatoires chroniques, manifestations arthrosiques, etc.). Sachant que ces pathologies peuvent aussi être associées à une fibromyalgie et expliquer la persistance des douleurs.

OUTIL D’AIDE AU DÉPISTAGE

La majorité des diagnostics de fibromyalgie sont posés par les rhumatologues. L’auto-questionnaire First (Fibromyalgia Rapid Screening Tool), développé par le Cercle d’étude de la douleur en rhumatologie (CEDR), estutile pour dépister la fibromyalgie chez un patient atteint de douleurs diffuses. Le patient doit répondre par oui ou non aux six items suivants, sachant que ces critères doivent être présents depuis au moins trois mois :

→ mes douleurs sont localisées partout dans tout mon corps ;

→ mes douleurs s’accompagnent d’une fatigue générale permanente ;

→ mes douleurs sont comme des brûlures, des décharges électriques ou des crampes ;

→ mes douleurs s’accompagnent d’autres sensations anormales, comme des fourmillements, des picotements, ou des sensations d’engourdissement, dans tout mon corps ;

→ mes douleurs s’accompagnent d’autres problèmes de santé comme des problèmes digestifs, des problèmes urinaires, des maux de tête, ou des impatiences dans les jambes ;

→ mes douleurs ont un retentissement important dans ma vie : en particulier sur mon sommeil, ma capacité à me concentrer avec une impression de fonctionner au ralenti.

PRISE EN CHARGE

L’origine des symptômes n’étant pas connue, il n’existe pas de traitement spécifique permettant la guérison de la fibromyalgie. En pratique, la prise en charge repose sur une combinaison de traitements médicamenteux et d’interventions non médicamenteuses adaptées (voir partie Savoir faire), et, surtout, sur un accompagnement visant à aider les patients à gérer et à contrôler leurs troubles.

Objectif thérapeutique

La prise en charge de la fibromyalgie a pour objectif :

→ le soulagement des symptômes ;

→ l’adaptation du traitement en fonction de l’impact des symptômes sur les activités quotidiennes ;

→ l’élaboration d’une approche thérapeutique personnalisée partagée avec le patient ;

→ l’amélioration de la qualité de vie ;

→ le maintien ou la reprise rapide des activités.

Stratégie thérapeutique

Deux niveaux de consultation

En première ligne, les médecins généralistes peuvent prendre en charge les formes simples de fibromyalgie à condition de connaître la maladie et de s’y intéresser. Dans un contexte de douleur chronique résistante, les patients devraient être orientés vers une structure spécialisée douleur chronique, un rhumatologue ou un neurologue spécialiste de la souffrance de l’appareil musculo-squelettique. En général, le médecin généraliste peut y recourir pour avoir une confirmation du diagnostic et une stratégie à appliquer.

Deux niveaux d’intervention

Selon la HAS (1), la variabilité des symptômes et de la singularité des situations implique deux niveaux de prise en charge.

→ À un premier niveau, il convient de ne pas chercher à soulager tous les symptômes à la fois, mais de traiter ceux que le patient place en priorité. La réponse n’est pas systématiquement médicamenteuse.

→ Un second niveau d’intervention doit être envisagé si les effets bénéfiques de la prise en charge de premier niveau sont insuffisants après quatre ou six mois et en présence d’un retentissement important des symptômes sur la vie quotidienne. Plusieurs options de traitement combinées sont alors proposées en ambulatoire ou sous la forme de séjour en établissement de santé si la prise en charge ambulatoire est inadéquate ou non disponible. « Le Centre d’étude et de traitement de la douleur est l’orientation de seconde intention pour des patients fibromyalgiques que le médecin généraliste n’arrive pas à soulager, précise le Dr Perocheau. Ces centres sont dotés d’équipes pluridisciplinaires et disposent de suffisamment de temps pour proposer des consultations longues, nécessaires pour adapter la prise en charge, surtout au début de la maladie. C’est une aide pour les médecins traitants qui peuvent reprendre ensuite le suivi du patient. » Les structures spécialisées dans le traitement des douleurs chroniques étant très demandées, les patients doivent s’attendre à des délais d’attente, parfois de plusieurs mois, avant leur première consultation.

Prise en charge pluridisciplinaire

La prise en charge fait intervenir plusieurs spécialités : rhumatologue, médecin traitant, médecin de la douleur, rééducateur fonctionnel, psychiatre, ainsi que des personnels paramédicaux comme les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes et les psychologues. Dans le cadre de l’éducation thérapeutique du patient (ETP), l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire construit un programme adapté au patient pour l’aider à mieux gérer sa maladie et son traitement (voir partie Savoir faire).

(1) “Syndrome fibromyalgique de l’adulte”, Haute Autorité de santé, juillet 2010. Rédigé par la HAS à la demande du ministère de la Santé, ce rapport d’orientation (consultable via le lien bit.ly/2Qu3PN1) fait un état des lieux des données disponibles.

(2) “Fibromyalgie”, Dr Perocheau, sur www.larhumatologie.fr

(3) « La fibromyalgie », C.-J. Menkès et P. Godeau, rapport adopté par l’Académie de médecine le 16 janvier 2007 (consultable via bit.ly/2Pm6An6).

(4) “Fibromyalgie”, sur ameli.fr (consultable via bit.ly/2JNPzw5).

(5) D’après The American College of Rheumatology. “Preliminary Diagnostic Criteria for Fibromyalgia and Measurement of Symptom Severity”, Arthritis Care & Research, mai 2010 (consultable via bit.ly/2yZJ9WC).

Données épidémiologiques

→ Selon certaines estimations, la fibromyalgie concernerait 2 % de la population européenne. Les formes sévères sont beaucoup moins fréquentes. À l’échelle mondiale, les pays occidentaux demeurent les plus touchés.

→ Les femmes âgées de 30 à 55 ans sont plus souvent concernées (huit à neuf cas sur dix), mais toute personne peut développer une fibromyalgie, y compris les enfants et les personnes âgées.

Source : fiche “Fibromyalgie” sur ameli.fr.

À consulter via le lien bit.ly/2JNPzw5.

Point de vue

« Le diagnostic est souvent plus précoce, pas forcément la prise en charge adaptée »

Carole Robert, présidente de l’association Fibromyalgie France créée en 2001, agréée depuis 2007 au niveau national par le ministère de la Santé et reconnue d’intérêt général

« Aujourd’hui, le diagnostic de fibromyalgie est posé rapidement, dans un délai de quatre à six mois en moyenne. Ce qui ne signifie pas que la prise en charge soit, elle aussi, précoce. Les médecins traitants connaissent de plus en plus la fibromyalgie mais pas forcément les modalités de prise en charge. De plus, ils sont parfois réticents pour orienter les patients vers une structure spécialisée dans le traitement des douleurs chroniques. Or, la prise en charge tardive laisse s’instaurer de “mauvaises habitudes” chez les patients qui se sont habitués à avoir mal et à éviter la pratique d’activités physiques, et qui ne peuvent pas bénéficier de conseils pour gérer au mieux leurs douleurs et leur fatigue. Une perte de temps qui, associée à l’anxiété suscitée par la recherche d’un traitement adapté, est considérée comme un facteur aggravant de la fibromyalgie. »

Des répercussions objectivées

L’association FibromyalgieSOS a lancé, en 2014, une grande enquête auprès de personnes atteintes de fibromyalgie*. Les réponses de 4 536 patients ont permis d’objectiver les conséquences de la fibromyalgie sur leur vie quotidienne. L’enquête montre qu’au-delà du bien-être physique, la fibromyalgie altère aussi le bien-être mental et social des personnes atteintes.

→ État moral et psychologique

- À la question « Combien de jours vous êtes-vous senti(e) bien au cours des 7 derniers jours ? » : 48,2 % des répondants ont répondu zéro. La moyenne est à peine de 1,27 journée de bien-être sur cette période.

- Plus de trois-quarts des répondants éprouvent un sentiment d’injustice dont les raisons sont : la fibromyalgie elle-même, le travail, la non-reconnaissance ou la reconnaissance insuffisante de la maladie, l’incompréhension de l’entourage ou des médecins, et les contraintes de la vie quotidienne imposées par la maladie.

- 86 % des personnes interrogées déclarent avoir des inquiétudes quant à leur avenir.

- Près de 4 répondants sur dix déclarent avoir des idées suicidaires en raison des répercussions de la fibromylagie sur la vie quotidienne. Ces idées suicidaires sont fréquentes ou très fréquentes pour la moitié d’entre elles.

→ Vie quotidienne

- Deux tiers des personnes interrogées signalent des difficultés dans les tâches ménagères quotidiennes (passer l’aspirateur, faire les courses, repasser, laver les vitres…).

- Près de 4 personnes sur 10 font part d’une difficulté chronique à se lever ou même à utiliser des escaliers.

- Prendre les transports en commun constitue une gêne manifeste pour 28,5 % des répondants et 17 % utilisent une canne ou un déambulateur.

→ Vie professionnelle

La fibromyalgie affecte de façon importante la vie professionnelle de 50 % des actifs répondants. 75 % d’entre eux mentionnent des difficultés dans l’exercice de leur activité.

→ Difficultés financières

- Les dépenses particulières liées à la fibromyalgie sont supérieures à 100 euros par mois pour 28 % des répondants, et supérieures à 200 euros pour 7 %.

- 53 % des patients dont le revenu mensuel est compris entre 1 000 et 1 800 euros mensuels ont renoncé aux soins recommandés pour la fibromyalgie.

* Enquête nationale 2014 de l’association Fibromyalgie SOS. Rapport d’analyse, 26 novembre 2015.