FLASHMOB POSTAL : « Ils ne veulent pas nous écouter ? Alors, ils vont nous lire » - L'Infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018

 

ACTUALITÉ

Aurélie Vion  

Charline, Idel et auteure du blog “C’est l’infirmière”, a lancé le mouvement du “flashmob” postal. Le principe ? Envoyer en masse tous les quinze jours des courriers de revendications au Président de la République.

Comment avez-vous eu l’idée de ce “flashmob” postal ?

C’est né de la conjonction de plein de choses différentes : la vaccination désormais possible dans les pharmacies qui fragilise notre profession, le plan santé 2022 qui a évincé les infirmières, la nomenclature générale des actes professionnels qui ne bouge pas… J’ai ressenti un ras-le-bol général. Les rares fois où la profession manifeste, j’ai l’impression qu’on n’est jamais entendues… Et je me suis dit : « Ils ne veulent pas nous écouter ? Alors ils vont nous lire ! » En jouant sur l’effet de masse et la répétition, peut-être parviendrons-nous à attirer l’attention du gouvernement. Le flashmob présente l’avantage d’être simple et gratuit car l’envoi de courrier au Président ne requiert pas d’affranchissement. Un peu comme pour le Père Noël…

Quelles ont été les grandes étapes ?

J’ai écrit un premier courrier axé sur les revendications des Idels. Je l’ai diffusé sur mon blog et les réseaux sociaux et j’ai créé un évènement Facebook. L’idée est d’imprimer le courrier, d’ajouter son nom et de l’envoyer au Président le même jour. Pour la deuxième édition, j’ai écrit un autre courrier en l’élargissant aux infirmières de structure, puis pour la troisième, aux étudiants en soins infirmiers, et enfin, pour le grand public. Je sais que parmi les patients, beaucoup sont prêts à nous soutenir. Je propose aussi aux Idels de joindre des feuilles de soins anonymisées pour dénoncer les actes gratuits qu’elles réalisent.

Combien de personnes se sont mobilisées jusque-là ?

Pour faire des estimations, je me suis basée sur le nombre de participants à l’événement Facebook. Mais c’est difficile d’établir précisément des statistiques car certains envoient plusieurs courriers (parfois cinquante d’un coup), et d’autres participent sans être sur Facebook. J’ai recensé 1 800 participants pour la première édition, 3 600 à la deuxième, 2 600 à la troisième, un fléchissement dû certainement au pont du 1er novembre. Lors de la dernière mobilisation (19 novembre, NDLR), 7 513 courriers ont été envoyés (selon un sondage réalisé sur son blog).

Avez-vous eu une réponse du Président ?

Pour le moment, je n’ai aucune réponse. Ce que j’espère au fond, c’est qu’au moins une lettre parvienne à passer la barrière du service chargé de la correspondance présidentielle pour arriver jusqu’au bureau d’Emmanuel Macron. J’aimerais que s’engage une discussion raisonnée avec l’État autour des problématiques infirmières, que les autorités comprennent enfin nos conditions de travail. Les infirmières quittent l’hôpital ou se reconvertissent en moyenne cinq ans après leur diplôme. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de professions où les diplômés lâchent aussi rapidement, surtout après trois années d’études…

Jusqu’où êtes-vous prête à aller ?

Je continuerai jusqu’à ce que l’Élysée nous réponde. Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Je souhaite interpeller les médias, les députés… J’aimerais aussi faire un flashmob de Noël avec une liste de revendications infirmières présentées comme une lettre au Père Noël…

INFO +

• 4 flashmobs postaux (au 23/11).

• 4,5 courriers en moyenne par personne.

• 48 000 courriers envoyés depuis le lancement de l’événement (selon le nombre de participants inscrits sur Facebook).

• 10 728 participants depuis le lancement de l’événement (selon le nombre de participants inscrits sur Facebook).

COMMENT REJOINDRE LE MOUVEMENT ?

Imprimer, à partir du site « C’est l’infirmière - brèves et chroniques d’une infirmière rurale », l’un des courriers type, ajouter son nom, son département, signer, puis le glisser dans une enveloppe à l’adresse du Président de la République (Palais de l’Eysée, 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris). Pas besoin de timbre, l’envoi d’un courrier au Président est gratuit.