Combattre le burn-out - L'Infirmière Libérale Magazine n° 349 du 01/07/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 349 du 01/07/2018

 

SANTÉ AU TRAVAIL

Actualité

Sophie Magadoux  

Sandrine Massoc, Idel, a créé l’association Happy Aide*, à destination des acteurs professionnels (dont les Idels) et familiaux, pour pallier le manque d’informations et de prévention face au burn-out.

Pourquoi avoir créé Happy Aide ?

Sandrine Massoc : Elle est née l’été dernier d’une idée personnelle. Je suis IDE depuis 2000 et à domicile depuis 2003, dont pas mal de remplacement libéral. Je me suis rendu compte que beaucoup de collègues sont au bout du rouleau et un peu dépassées par le métier. Je ne supportais plus de les voir craquer sans agir. Moi-même, j’ai été confrontée au burn-in, une espèce d’usure, qui correspond à la phase avant la phase ultime de l’épuisement, le burn-out. Mais, en tant qu’Idel, on n’a aucune documentation, on ne sait pas vers qui se tourner. Notre but est d’aider les consœurs et confrères en détresse et les aidants familiaux.

Comment luttez-vous contre l’épuisement ?

S. M. : On a créé des activités bien-être, Happyêtre, menées par des bénévoles qui nous ont spontanément contactés via les réseaux sociaux, pour des séances à tarif réduit de réflexologie ou de massage bien-être. D’autre part, nous proposons des moments de convivialité pour les aidants familiaux et organisons des ateliers contre l’épuisement des aidants. Nous animons aussi des cours sur le burn-out, par exemple, cet hiver, devant une vingtaine d’Idels de l’association Sidéral Santé à Toulouse (Haute-Garonne). À partir de septembre, nous interviendrons dans les IFSI et les écoles de préparation au concours infirmier pour de la prévention au burn-out. Il est souvent occulté par les nouveaux professionnels alors qu’ils sont particulièrement exposés : ils donnent trop sans savoir se protéger. Nous avons mis en place une ligne téléphonique d’écoute. Les questions sont autant d’ordre pratique, sur les solutions financières permettant de s’arrêter, que d’ordre psychologique.

Faut-il une formation spécifique ?

S. M. : On se relaie à deux au téléphone : la vice-présidente de l’association, coach en développement personnel, et moi-même, formée à la relation d’aide et à l’écoute active - j’ai travaillé en psychiatrie et je donne des cours sur le burn-out pour un organisme de formation continue. Je m’occupe aussi, entre autres, des courriers qui présentent notre activité aux Idels et aux hôpitaux, où nous ne sommes pas toujours bien reçus d’ailleurs car le burn-out reste très tabou. Aujourd’hui, j’exerce à mi-temps notamment pour me consacrer à l’association. J’ai commencé, IDE, par m’occuper des patients ; avec l’association, je m’occupe des soignants.

Qui fait appel à vous ?

S. M. : Essentiellement des femmes - trois quarts des aidants familiaux - et beaucoup d’Idels en burn-out. Puisque je suis Idel, elles savent que je sais ce que c’est que d’être à son compte. Si elles s’arrêtent, financièrement elles n’ont rien. C’est pour ça qu’il y a beaucoup d’usure chez les Idels : elles continuent malgré tout à travailler. Or ralentir ne suffit pas. Notre association intervient en périphérie de Toulouse, où elle est installée, ainsi que dans le Tarn. Mais notre réseau de bénévoles est national : en Isère, à Bordeaux et Paris.

*Plus de renseignements sur le site www.happyaide.fr, tél. : 06 42 00 26 96.

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