Fin de service pour l’application mobile Healp - L'Infirmière Libérale Magazine n° 345 du 01/03/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 345 du 01/03/2018

 

E-SANTÉ

Actualité

Adrien Renaud  

Lancée au printemps dernier, l’application pour smartphone Healp proposait aux utilisateurs d’envoyer des photos de leurs plaies, et de recevoir un avis paramédical sur la marche à suivre. Une initiative qui n’a pas plu à tout le monde.

« Soigner les petites blessures du quotidien. » C’est l’ambition qu’affichait l’application mobile Healp, lancée en avril dernier. Pour 5 € par mois, les patients pouvaient s’offrir l’avis en ligne d’une infirmière à propos de petites lésions (piqûre, plaie…). L’objectif : désengorger les cabinets de médecine et les urgences en réglant en amont certains problèmes.

Sauf que d’un point de vue déontologique, l’appli posait de nombreuses questions. Des problèmes qu’énumère Yann de Kerguenec, directeur de l’Ordre national des infirmiers (ONI) : « Elle avait été montée sans aucune conscience de ce qu’est le secret professionnel. Rien ne garantissait que l’analyse était en réalité faite par des infirmiers, et ceux-ci faisaient, de plus, des diagnostics qui ne relèvent pas du rôle infirmier. »

Un développement du service à l’étranger

Entre juin et octobre derniers, l’ONI a donc adressé une série de mises en demeure à Healp, lui demandant de clarifier son fonctionnement sous peine de poursuites judiciaires. « Après la troisième mise en demeure, au mois de décembre, ils nous ont écrit pour nous dire qu’ils fermaient l’appli, raconte Yann de Kerguenec. Mais rien ne les empêche d’ouvrir un service similaire sous un autre nom ou à l’étranger. »

Le directeur de l’ONI ne croit pas si bien dire. Anatole Begouen, fondateur de Healp, indique en effet que l’appli est « en stand-by pour le moment », mais que son équipe a « fait le choix de répondre favorablement à un développement du service dans un pays étranger. » L’entrepreneur précise qu’il n’y a « jamais eu de procès avec l’Ordre » et qu’il souhaite collaborer avec lui. Mais il n’hésite pas à accuser l’institution de freiner « les évolutions du secteur ».

D’ailleurs, Anatole Begouen assure que le retrait de Healp se fait « au détriment des utilisateurs et des infirmiers français, car l’application était super bien accueillie des deux côtés ». Côté ordinal, on répond qu’on n’est pas contre le progrès technologique, « si cela peut améliorer les relations avec les usagers ». Voilà qui ressemble bien à un dialogue de sourds…

LES MÉDECINS MÉFIANTS FACE AUX PLATEFORMES DE TÉLÉCONSULTATION

Les médecins aussi ont leurs inquiétudes face à certains développements de la e-santé. Dans leur ligne de mire : les plateformes de téléconsultation mises en place par les complémentaires, « hors parcours de soins et sans réglementation précise », écrit le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) dans une note publiée début février. Mais comme l’ONI, le Cnom ne souhaite pas apparaître comme l’adversaire du numérique. Il adresse dans la note ses encouragements aux syndicats de médecins et à l’Assurance maladie, actuellement en pleines négociations conventionnelles pour donner à la téléconsultation et à la téléexpertise un encadrement juridique adéquat (lire notre numéro 344 de janvier 2018).

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