Les Idels traquent l’erreur - L'Infirmière Libérale Magazine n° 344 du 01/02/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 344 du 01/02/2018

 

AMELIORATION DES PRATIQUES

Actualité

Sophie Magadoux  

À l’occasion de la Semaine de la sécurité des patients, la structure d’hospitalisation à domicile Relais santé domicile, basée à Toulouse, a conçu une chambre des erreurs. Durant trois jours, elle a invité les infirmières libérales de son secteur à y participer.

Top chrono pour quinze minutes d’enquête ! Trois infirmières libérales et une aide-soignante scrutent les détails de la mise en scène d’une chambre des erreurs où une infirmière prend la tension d’un patient alité à son domicile. À l’occasion de la Semaine de la sécurité des patients, l’équipe de l’association Relais santé domicile, un établissement d’hospitalisation à domicile (HAD) intervenant à Toulouse et dans sa périphérie, a organisé cette action fin novembre dernier. Le but : mettre l’accent sur l’amélioration des pratiques et insuffler la culture positive de l’erreur, à l’heure où « la notion de suivi de la qualité se généralise, même à domicile », selon Corinne Vieules, IDE, cadre de santé de l’HAD.

Les professionnels intramuros ont été conviés, ainsi que les cent Idels avec lesquelles l’équipe a déjà travaillé. Cinquante personnes ont répondu présent, dont dix-huit Idels, pour qui l’expérience était inédite.

Questionner ses pratiques

Pour créer ce scénario, inspiré d’événements recensés en interne, un groupe de travail constitué de membres du CEpias (Centre de prévention des infections associées aux soins, ancien CClin), deux IDE cadres de santé, une infirmière d’évaluation de l’HAD et la responsable qualité, s’est réuni six à sept fois, avec le concours ponctuel d’un pharmacien. « Il fallait aboutir à une situation plausible et assez claire pour ne cibler que les erreurs voulues », remarque Corinne Vieules.

Au total, neuf erreurs sont soumises aux participants pour une durée totale de quarante-cinq minutes : cinq minutes de présentation, quinze minutes d’enquête et vingt-cinq de débriefing. Pour reproduire un domicile, objets personnels, lit médicalisé, tablette, casier de rangement de l’HAD, mannequins de pharmacie et de l’IFSI ont été collectés.

Sur place, les candidates, par groupe de cinq en moyenne, prennent part au jeu de rôle munies d’un scénario papier - âge du patient, pathologie, durée de prise en charge, traitement, passage de l’aide-soignante… Leur ambition : « questionner nos pratiques, voir comment réfléchissent les autres et bénéficier d’une piqûre de rappel », témoignent-elles.

Plus d’erreurs que prévu

« Difficile de se concentrer à plusieurs dans quelques mètres carrés ; sur le terrain, nous installons nous-mêmes le patient, il y a donc moins de choses à découvrir », notera à la fin de l’enquête l’une des participantes.

Celles-ci ont finalement repéré 10 à 19 erreurs, au-delà des 9 attendues, de l’hygiène à la pharmacovigilance, en passant par l’identitovigilance : pas de gel hydroalcoolique, une protection contre l’incontinence dans les Dasri, une montre au poignet de l’IDE, une évaluation de la douleur incomplète, etc.

L’Idel, dernier rempart avant l’erreur

Pour débriefer, deux membres du CEpias reprennent les recommandations officielles et indiquent les protocoles de l’HAD, entre autres, relatifs aux antiseptiques, au lavage des mains, au port des gants, aux précautions standard, à la gestion des dispositifs intravasculaires de longue durée ou à l’administration des médicaments. Un débriefing qui ouvre le débat. Les animateurs insistent sur le fait de garantir « un socle commun basé sur les recommandations actuelles », tandis que les Idels pointent « l’obligation de s’adapter à la réalité du domicile et aux recommandations qui changent ». Un enjeu important : « l’Idel constitue le dernier maillon de la chaîne, c’est elle qui peut encore éviter l’erreur », appuie Martine Semat, directrice de l’HAD.

Les Idels jugent l’action positive : rencontrer les salariés est un plus. Mission accomplie aussi pour l’HAD : « Il s’agit d’homogénéiser les pratiques et de faire connaître nos protocoles de soin, mais aussi de remédier à la frustration mutuelle d’intervenir en parallèle, alors que nous pourrions travailler en équipe, s’associer au-delà du soin. »