L’apprivoisement du serpent - L'Infirmière Libérale Magazine n° 340 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 340 du 01/10/2017

 

INSTALLATION

L’exercice au quotidien

Laure Martin  

L’installation en libéral est complexifiée par les démarches administratives. Constat formulé par Sylvain Aloïsi, nouvel Idel remplaçant dans le Gard.

« J’ai posé fin mars ma disponibilité au CHU de Nîmes (Gard) où j’exerce depuis 2013 et j’ai entamé mes démarches d’installation en libéral. La grande difficulté, c’est l’administration. J’ai commencé par enregistrer mon diplôme à l’Agence régionale de santé pour obtenir mon numéro Adeli, puis j’ai déposé ma demande d’inscription au Conseil départemental de l’Ordre des infirmiers (CDOI), avant de prendre contact avec la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) pour m’enregistrer. Mais, que ce soit le CDOI ou la CPAM, chacun me demande des papiers délivrés par l’autre pour pouvoir me fournir les siens : c’est le serpent qui se mord la queue. J’ai reçu en juin mon attestation d’inscription au tableau de l’Ordre, indispensable pour que la CPAM me valide mes conditions administratives d’installation, afin que le CDOI me donne ensuite l’autorisation de remplacement. La CPAM demande également un contrat de remplacement - une preuve d’emploi - de mes confrères, que je ne peux obtenir sans les documents du CDOI. J’ai trouvé, par le biais des réseaux sociaux, un remplacement débutant en septembre, dans le cabinet d’un ami d’enfance. J’ai fait le choix du remplacement car, habitant en zone surdotée, je ne peux m’y installer. Il y a de la demande et cela va me permettre de savoir si le travail en libéral me plaît.

Un Idel pour modèle

En fait, lorsque j’étais enfant, ma grand-mère était prise en charge par un infirmier libéral : il était mon modèle et m’a donné envie de faire ce métier qui correspondait aussi à mon désir de suivre une formation rapide. Depuis l’obtention de mon diplôme, en 2008, j’ai toujours pensé à exercer en libéral. Dans ce but, j’ai essayé d’amasser un maximum d’expériences. J’ai commencé par de l’intérim pendant cinq ans, ce qui m’a permis de gérer mon planning. Puis j’ai intégré le CHU de Nîmes en service de chirurgie digestive. Je venais en effet de faire construire une maison et d’avoir un enfant, j’avais besoin de plus de stabilité. Mais, il y a deux ans, le CHU a créé un pôle de cancérologie, fusionnant les services digestif, d’ORL et d’urologie. C’est intéressant pour les soignants car ils tournent entre les services, mais l’organisation a complètement changé. Les horaires varient fréquemment, ce qui est pesant pour la vie de famille. Et puis j’ai eu l’impression de travailler davantage, de ne plus avoir suffisamment de temps avec mes patients, sans pour autant recevoir de la reconnaissance. Cela faisait un peu plus d’un an que je réfléchissais de façon plus approfondie à m’installer en ville. L’an dernier, j’ai suivi une formation à l’installation. Mais, étant de nature inquiète, j’ai eu quelques difficultés à me lancer. Ce sont des collègues, partis du CHU en libéral, qui m’ont motivé, tout comme ma femme, qui m’a soutenu et poussé dans la bonne direction. »