Désobstruction des voies aériennes supérieures - L'Infirmière Libérale Magazine n° 339 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 339 du 01/09/2017

 

Cahier de formation

Savoir faire

OBSTRUCTION BRUTALE DES VOIES AÉRIENNES

Causes

L’obstruction des voies aériennes (VA) peut être brutale lorsque :

→ l’épiglotte est repoussée par le poids de la langue chez une personne inconsciente allongée sur le dos ;

→ un corps étranger, un morceau d’aliment par exemple, se bloque dans le pharynx.

L’obstruction est plus progressive lorsqu’elle est due à un gonflement ou à un œdème de la paroi du larynx lors d’une réaction allergique ou d’un traumatisme du cou.

Signes d’obstruction*

En cas d’obstruction totale ou quasi totale, la personne :

→ ne peut plus parler et/ou fait un signe “oui” de la tête ;

→ aucun son n’est audible ;

→ garde la bouche ouverte ;

→ ne peut pas tousser ;

→ respiration impossible ou inefficace.

En l’absence de geste de secours efficace, la personne devient cyanosée et perd connaissance et peut décéder en quelques minutes.

En cas d’obstruction partielle, la respiration est encore possible.

La personne :

→ parle, répond « oui, je m’étouffe » ou « j’ai avalé de travers » ;

→ tousse vigoureusement ;

→ respire avec parfois un bruit surajouté ;

→ reste parfaitement consciente.

Évolution plus rarement possible vers une obstruction totale avec les mêmes conséquences.

Ce qu’il faut faire

Obstruction totale chez une personne consciente

La personne se présente généralement debout ou assise :

→ constater l’obstruction totale des VA ;

→ laisser la personne dans la position où elle se trouve ;

→ se positionner sur le côté et légèrement en arrière ;

→ soutenir la personne au niveau du thorax avec une main et la pencher en avant ;

→ désobstruer en donnant cinq claques vigoureuses (ou sèches) maximum dans le dos entre les deux omoplates, avec le plat de l’autre main ouverte ;

→ en cas d’inefficacité, réaliser cinq compressions abdominales maximum selon la méthode de Heimlich. Le but est de comprimer l’air contenu dans les poumons et d’expulser le corps étranger par un effet de “piston”. Plusieurs pressions peuvent être nécessaires en fonction de l’importance ou de la position du corps étranger ;

→ s’il s’agit d’une personne obèse ou enceinte, faire cinq compressions thoraciques : se placer derrière la personne, passer les avant-bras sous ses bras et appuyer avec le poing au milieu du sternum (et pas sur sa pointe inférieure) ;

→ si l’obstruction persiste, renouveler les cinq claques vigoureuses dans le dos, puis cinq compressions, et continuer jusqu’à ce que la désobstruction soit obtenue (rejet du corps étranger, apparition de toux ou reprise d’une respiration) ou que la personne devienne inconsciente.

Obstruction totale : la personne devient inconsciente

En cas d’inefficacité des manœuvres de désobstruction, la personne peut devenir inconsciente. Dans ce cas :

→ allonger délicatement la personne au sol ou prévenir la chute ;

→ faire alerter ou alerter immédiatement le SAMU-Centre 15 ;

→ débuter immédiatement une RCP en commençant par les compressions thoraciques ;

→ contrôler les voies aériennes avant de réaliser les insufflations ;

→ retirer avec les doigts un corps étranger visible dans la bouche ;

→ si le corps étranger est expulsé et les VA désobstruées, contrôler la respiration, rechercher les signes de circulation (pouls).

Obstruction partielle

En cas d’obstruction partielle, les techniques de désobstruction décrites ci-dessus ne doivent pas être pratiquées, au risque de mobiliser le corps étranger et de provoquer une obstruction totale des voies aériennes.

Il faut :

→ installer la personne dans la position la plus confortable, assise le plus souvent ;

→ encourager la personne à tousser pour expulser le corps étranger ;

→ demander un avis médical ;

→ surveiller la respiration et pratiquer une RCP en cas d’arrêt respiratoire.

Avis médical

Les compressions abdominales peuvent entraîner des complications par traumatisme des organes internes de l’abdomen et/ou des côtes. Les compressions thoraciques peuvent provoquer des lésions des côtes si la position des mains n’est pas correcte. Le patient ayant bénéficié de compressions doit avoir un avis médical.

* Premiers secours en équipe de niveau 1 (PSE 1).

Cas pratique

Vous arrivez chez Mme H. qui est assise sur une chaise la bouche ouverte et qui vous montre son cou mais n’arrive pas à parler. Vous commencez les manœuvres de désobstruction en lui donnant cinq claques vigoureuses dans le dos. Elle perd tout de même connaissance.

Vous allongez Mme H. sur le sol. Vous appelez le 15 et débutez immédiatement une réanimation cardio-pulmonaire en commençant par les compressions thoraciques. Vous contrôlez qu’il n’y a aucun corps étranger visible dans la bouche, vous le retirez avec les doigts le cas échéant et réalisez les insufflations. Vous restez en contact avec le médecin régulateur du SAMU.

Questions d’Idel

À quoi sert le massage cardiaque en cas d’obstruction totale ?

Les spécialistes considèrent que seuls les mouvements du massage cardiaque peuvent permettre de faire rentrer un peu d’air, mais aussi d’assurer une ventilation sommaire jusqu’à l’arrivée des secours. C’est pourquoi, quand les secours arrivent, il faut leur indiquer la durée qui s’est écoulée depuis le début du massage.

Faut-il faire des insufflations en cas d’obstruction totale ?

Oui, si la personne perd connaissance et ne respire plus. Il faut pratiquer des insufflations et des compressions thoraciques. Le but est de pousser plus loin le corps étranger dans les bronches pour essayer de libérer au moins un poumon.

La “manœuvre de la table”

Mise au point par le Pr Hubert Blain, du CHU de Montpellier (Hérault), cette technique peut s’avérer efficace pour porter secours à une personne incapable de respirer mais consciente et pas en arrêt cardio-respiratoire, quand la manœuvre de Heimlich est inefficace ou impossible. La personne est installée sur une table en position ventrale et déclive, avec la tête et les bras pendant en dehors de la table, et il s’agit de lui donner des claques dans le dos entre les deux omoplates.

Source : Repères en gériatrie, juin 2016, volume 18, numéro 146 (lien bit.ly/2vklUq9).