Se protéger des moustiques et des tiques - L'Infirmière Libérale Magazine n° 338 du 01/07/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 338 du 01/07/2017

 

Lutte anti-vectorielle

Cahier de formation

Point sur

Nathalie Belin  

Les moustiques et les tiques sont vecteurs de nombreux agents pathogènes. Pour se protéger du risque de transmission de maladies parfois graves, le port de vêtements couvrants et l’application de répulsifs cutanés sont, entre autres, recommandés.

Parmi les infections pouvant être transmises par les moustiques et les tiques, trois sont évitables par la vaccination (fièvre jaune, encéphalite à tiques et encéphalite japonaise), et le paludisme peut faire l’objet d’une chimioprophylaxie. Pour les autres, les mesures de protection sont les seuls moyens de prévention des piqûres ou morsures et donc du risque possible de transmission de ces maladies.

Répulsifs cutanés

Ce sont des produits biocides soumis à une règlementation européenne. Quatre substances actives sont reconnues : DEET, icaridine, IR 3535, PMDRBO. Elles modifient la perception olfactive des moustiques et les détournent ainsi de leur “hôte”. Leur efficacité sur les tiques est globalement moins démontrée. Leurs recommandations d’utilisation évoluent au fur et à mesure de leur évaluation au niveau européen et du risque d’émergence de maladies vectorielles.

→ DEET (ou diéthyltoluamide) : molécule de référence préconisée dans les zones à risque, la plus anciennement utilisée. Effets indésirables : irritations cutanées et oculaires possibles. Rares effets neurologiques (confusions, convulsions…), surtout lors d’applications prolongées ou étendues. Détériore les matières plastiques, certains cuirs et fibres synthétiques : bien se laver les mains après usage.

→ Icaridine (ou pipéridine-1 ou KBR3023) : molécule de référence, préconisée en zones à risque, d’efficacité similaire au DEET sur les moustiques et notamment les anophèles. Moins d’études que ce dernier vis-à-vis des tiques. Effets indésirables : irritations cutanées et oculaires possibles.

→ IR 3535 : très bonne tolérance. Hors zone à risque de maladie grave, molécule privilégiée chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.

→ PMDRBO (ou cis- et trans-p-menthane-3,8 diol ou PMD ; marque déposée : Citriodiol, Citrepel 75) : analogue synthétique d’un composant extrait d’Eucalyptus citriodora. D’utilisation plus récente, globalement moins bien évalué que les autres molécules. Effets indésirables : irritations cutanées.

Produits d’imprégnation

À base de perméthrine, un insecticide, ces produits (Biovectrol Tissu, Insect Écran Spray Vêtements, Cinq sur Cinq Tissus…) sont préconisés en zones à risque pour imprégner moustiquaires, toiles de tente, vêtements. Ils ne sont pas recommandés avant 2 ou 3 ans mais sont utilisables chez les femmes enceintes. Manipulation avec des gants dans une zone aérée (durée de protection de deux mois et/ou résiste à deux à six lavages).

Moustiquaires

Une moustiquaire imprégnée d’insecticide (Pharmavoyage, Insect Écran…), recommandée en zone impaludée, assure la meilleure protection contre les piqûres de moustiques nocturnes. Elle est aussi préconisée chez les jeunes enfants avant la marche. L’installer en la bordant sous le matelas ou de manière à ce qu’elle touche le sol.

Autres moyens

→ Diffuseur électrique, climatisation, ventilation, serpentin fumigène (à l’extérieur) peuvent constituer des mesures d’appoint complémentaires pour limiter les nuisances liées aux moustiques.

→ Huiles essentielles, ultrasons ou bracelets à base de citriodiol, géraniol, lavandin… (Pharmavoyage, Phytosun Arôms, Parakito, MoustiCare…) ou de DEET et IR 3535 (Moustifluid…) ont un effet répulsif insuffisant pour bien protéger.

Conseils à donner

→ En cas de départ à l’étranger et selon le pays visité : une chimioprophylaxie antipaludéenne et/ou certaines vaccinations peuvent être recommandées. Orienter vers une consultation spécialisée*. Au retour du voyage, consulter rapidement en cas de fièvre inexpliquée.

→ Application des répulsifs : uniquement sur les zones exposées, sans pulvériser à proximité du visage. Se laver les mains ensuite. Ne pas laisser les enfants manipuler les produits. Les durées de protection (quatre à huit heures) varient selon la nature et la concentration des actifs ainsi que les conditions d’utilisation (humidité ambiante, transpiration, frottements…). Dans les zones à risque, préférer les concentrations maximales autorisées selon l’âge (voir le tableau ci-dessous). Respecter les fréquences d’application mais renouveler en cas de transpiration importante et après une baignade. L’application d’une crème solaire doit se faire au moins vingt minutes avant le répulsif pour ne pas compromettre son efficacité.

→ Autres mesures de protection contre les tiques : porter des vêtements serrés au cou, aux poignets et aux chevilles, de couleur claire (pour mieux repérer les tiques qui s’agrippent), des chaussures fermées, un chapeau ou une casquette. Éviter les hautes herbes et buissons. Après la balade, inspecter les vêtements et tout le corps. Recommencer le lendemain car la tique gorgée de sang sera plus visible.

→ En cas de morsure de tique : la retirer le plus tôt possible pour limiter le risque de transmission d’un éventuel agent infectieux, idéalement à l’aide d’un tire-tique, en exerçant un mouvement de rotation. Désinfecter la peau après le retrait et non avant pour éviter toute régurgitation de la tique susceptible de transmettre un agent pathogène. L’emploi d’éther, d’alcool ou de vaseline avant le retrait est aussi déconseillé. L’apparition d’une tache rouge circulaire les jours ou semaines qui suivent impose une consultation.

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.

* Annuaire des Centres de vaccination internationale et Centres de médecine des voyages sur medecine-voyages.fr ou medecinedes voyages.net

Info +

Retrouvez sur notre site un complément d’informations sur les zones de présence des moustiques et des tiques et les principales maladies transmises.