Face au dilemme - L'Infirmière Libérale Magazine n° 337 du 01/06/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 337 du 01/06/2017

 

ÉTHIQUE

Actualité

Laure Martin  

Un groupe de travail de l’Espace de réflexion éthique Midi-Pyrénées (Eremip) a étudié les questionnements éthiques des Idels.

« Les professionnels du domicile étant rarement sollicités dès lors qu’il est question d’éthique, nous avons été plusieurs à faire appel à l’Eremip afin de proposer la création d’un groupe de travail dédié », explique Marie-Claude Daydé, Idel et coordinatrice du groupe de travail(1), au Salon infirmier le 17 mai. Un groupe interprofessionnel composé d’infirmiers, de médecins, d’assistantes de service social et de psychologues a donc été constitué en 2014 et a décidé de mener une enquête(2) sur les questions éthiques qui se posent dans la prise en charge à domicile.

Ce travail a été réalisé au premier trimestre 2015 via un questionnaire élaboré profession par profession auprès des infirmiers, des psychologues libéraux et des associations d’aide à domicile. Côté infirmier, le questionnaire a été adressé aux libéraux de la région via l’Ordre infirmier. « 50 % des répondants ont affirmé avoir déjà été confrontés à un dilemme éthique », rapporte Marie-Claude Daydé. Parmi eux, 42 % ont rencontré une à cinq problématiques éthiques sur l’année. Cela concerne des sujets touchant à la confidentialité, à l’intimité ou au secret (41 % des 187 répondants à cette question). C’est le cas aussi pour la fin de vie (41 % fréquemment) et la fragilité et les personnes vulnérables (46 % fréquemment). « Il arrive par exemple que des familles demandent aux Idels d’enfermer chez eux leurs patients lors du dernier passage du soir afin de s’assurer qu’ils soient en sécurité, évoque Marie-Claude Daydé. Il s’agit d’un vrai dilemme éthique pour les infirmiers, entre sécurité et liberté/autonomie. Il est nécessaire d’en discuter avant de prendre une décision. » Autre exemple, le refus de soin auquel sont fréquemment confrontés les soignants. « Il peut y avoir discordance entre le souci de bienfaisance et le respect de l’expression de l’autonomie de la personne », précise-t-elle.

Face à ces questionnements, les Idels se tournent vers les réseaux de santé, leurs collègues ou encore un médecin, pour obtenir une réponse. Au total, sur les 394 répondants, 59,89 % souhaiteraient avoir un interlocuteur dédié joignable par email (65 %). « Il y a une nécessité de communiquer sur ces questions qui est nette, analyse Marie-Claude Daydé. Dans la réalité, les professionnels se saisissent d’espaces existants pour en parler ou créent la rencontre. » Dans cette démarche éthique où, face à une problématique, le professionnel de santé tente de trouver la moins mauvaise réponse, « il faut essayer de réfléchir dans l’interdisciplinarité », conseille-t-elle. Depuis, l’Eremip propose sur son site une cartographie des ressources éthiques existantes au sein de sa région.

(1) Par ailleurs membre de notre comité scientifique.

(2) L’enquête a recueilli 394 réponses dont 88,32 % par des femmes, sur six départements (Gers, Tarn, Lot, Tarn-et-Garonne, Aveyron et Haute-Garonne). La répartition entre le milieu rural, urbain et semi-rural est équilibrée.