Les libérales se coordonnent à Paris - L'Infirmière Libérale Magazine n° 336 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 336 du 01/05/2017

 

SORTIES D’HÔPITAL

Actualité

Laure Martin  

Une nouvelle association, Assolidel, vient de naître sur le territoire parisien. Elle a pour but la coordination des Idels via un outil informatique pour faciliter le retour à domicile des patients.

L’OBJECTIF D’ASSOLIDEL EST DE PERMETTRE AUX HÔPITAUX de trouver rapidement une infirmière libérale pour leur patient en sortie d’hospitalisation lorsque ce dernier n’a pas d’Idel référente. « Ils doivent souvent multiplier les appels pour trouver une Idel disponible, souligne Abdel Iazza, co-fondateur de l’association et Idel à Paris depuis douze ans. Souvent débordées, elles n’ont pas toujours le temps de rappeler. » En parallèle, « Assolidel est aussi née des constats que nous avons fait de notre exercice professionnel, rapporte Frédéric Béneat, président de l’association et infirmier à Paris depuis sept ans. Nous avons progressivement constaté que nous avions moins d’appels, moins de soins variés. » Dans certains arrondissements, les infirmiers sont aussi confrontés aux nombreuses installations d’Idels, notamment parce qu’à Paris, le zonage ne prend pas en compte la répartition par arrondissements. S’ajoute à cette concurrence celle de l’hospitalisation à domicile et des services de soins infirmiers à domicile.

Mise en relation

L’infirmière se connecte sur la plateforme après création de son compte sur lequel elle précise son secteur d’intervention (uniquement deux à trois arrondissements limitrophes en lien avec l’adresse de son cabinet), ses horaires et, si elle le souhaite, les soins dispensés privilégiés. La plateforme est accessible à l’établissement qui remplit sur le logiciel une demande de soins en précisant le jour de sortie du patient, le type de soins dont il a besoin et son adresse. Toutes les équipes d’infirmières libérales inscrites et disponibles dans le secteur reçoivent alors la demande par SMS. L’infirmière intéressée clique sur un lien dans le SMS qui lui permet d’avoir davantage de détails sur la prise en charge et lui donne accès au numéro de l’interlocuteur à contacter (assistante sociale, infirmière coordinatrice, médecin) pour valider la prise en charge, ce qui bloque alors la demande. « Nous tenions à ce qu’il y ait un échange verbal », précise Frédéric Béneat. L’Idel peut encore à ce stade refuser la prise en charge ; la procédure est alors relancée. Les infirmières peuvent également en permanence modifier leur profil ou mettre l’application sur “off” si elles ne souhaitent pas être contactées. Outre la simplification des retours à domicile, cette application permet donc le référencement des équipes de soins et des secteurs d’intervention.

En phase de déploiement

L’équipe a mis deux ans à élaborer cette application qui est actuellement en phase de déploiement. « Nous avons fait appel au juriste de l’Ordre national des infirmiers (ONI) qui nous a conseillés sur la rédaction du règlement intérieur de l’association », indique Abdel Iazza. Et Frédéric Béneat d’ajouter : « L’ONI a consulté nos statuts. Il a été bienveillant mais a bien insisté sur le fait que nous devions respecter le libre choix des patients. » De fait, cette exigence fait partie du règlement intérieur que doivent signer les Idels pour faire partie de l’association. Le projet a également été présenté à l’Agence régionale de santé et l’Union régionale des professionnels de santé-infirmiers Île-de-France.

90 Idels et une dizaine d’établissements

Pour le moment, 90 Idels ont rejoint l’association, qui ne se déploie que dans Paris intra-muros. Leur adhésion est désormais gratuite ; aucun membre ne tire un bénéfice du travail pour faire fonctionner l’association. Assolidel met gratuitement cet outil à disposition de ses partenaires (assistantes sociales, infirmières coordinatrices). Financée par les adhésions de ses premiers membres ainsi que par des dons d’adhérents, elle a aussi demandé des subventions. Assolidel n’a pas le droit de démarcher les établissements. Ce sont les adhérents qui parlent de l’association lorsqu’une assistante sociale ou une infirmière coordinatrice avec laquelle ils ont l’habitude de travailler les contactent pour organiser le retour à domicile d’un patient. Actuellement, une dizaine d’établissements travaillent avec Assolidel.

Par ailleurs, le service Prado de la CPAM de Paris serait d’accord pour que ses conseillers utilisent l’application, toujours dans le respect de la déontologie avec le libre choix du patient et la recherche en priorité de l’Idel la plus proche du domicile.

Assolidel souhaite s’inscrire dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé et évoluer, dans un premier temps, vers la constitution d’une Équipe de soins primaire (ESP)* avec l’élaboration d’un projet de santé.

Pour plus d’informations : assolidel.fr

* À lire, sur la signification de ce sigle, pp.56-57.