Mieux accompagner les femmes - L'Infirmière Libérale Magazine n° 331 du 01/12/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 331 du 01/12/2016

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

Laure Martin  

IVG MÉDICAMENTEUSE > Une étude souligne que les femmes ayant eu recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse sont confrontées à de violentes douleurs. Une meilleure information et un accompagnement adapté sont de mise.

Une étude sur la douleur dans les IVG médicamenteuses, soutenue par la Fondation de l’Avenir (créée par la Mutualité française) et pilotée par le centre IVG Clotilde-Vautier de la clinique mutualiste Jules-Verne de Nantes (Loire-Atlantique), montre la manière dont les femmes vivent cette expérience difficile. « Au centre, nous avons observé que les femmes qui restaient sur place pour des IVG médicamenteuses pouvaient présenter des intensités de douleur très marquées, ce qui ne semblait pas correspondre avec l’idée générale du public et du milieu hospitalier sur ce type d’IVG perçue comme simple, facile d’accès et rapide », explique le Dr Philippe David, gynécologue-obstétricien.

Des douleurs liées à trois facteurs

Cette étude révèle que 27 % des femmes ayant réalisé une IVG médicamenteuse ont ressenti des douleurs très intenses au troisième jour de l’IVG, égales ou supérieures à 8 sur 10, avec une moyenne à 4,7 sur 10. Les premier, deuxième, quatrième et cinquième jours, ces douleurs sont en moyenne de 2,2 sur 10. De même, 83 % des femmes affirment avoir pris des antidouleurs lors des cinq jours du traitement. « L’intensité de ces douleurs est corrélée à trois facteurs, explique Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, chercheur épidémiologiste à l’Inserm. La nulligestité des patientes, l’existence de règles d’ordinaire douloureuses et la dose du premier principe actif prescrit, le mifépristone. » Les chercheurs ont en effet constaté que les femmes ayant reçu une dose de 200 mg de mifépristone, qui prépare à la phase expulsive mais ne la déclenche pas, avaient des douleurs plus intenses que celles ayant eu une dose de 600 mg. « Il est possible d’intervenir sur le protocole médicamenteux en améliorant le dosage de mifépristone », précise-t-elle. C’est pourquoi les chercheurs souhaitent réaliser une étude randomisée afin d’aboutir à des recommandations adéquates, notamment en termes de prescription.

Par ailleurs, 92 % des femmes se disent satisfaites de l’accompagnement apporté par l’équipe soignante. Néanmoins, elles insistent sur la solitude ressentie lors de cette épreuve, voire une culpabilité pour certaines, ainsi qu’un manque d’information sur les effets secondaires liées au traitement, dont l’intensité des saignements qui accompagnent l’expulsion de l’œuf. 27 % des répondantes ont trouvé les saignements inquiétants, 6 % très inquiétants et 6 % n’avoir pas été assez informées à leur propos. Une meilleure information des femmes s’avère donc indispensable tout comme l’accompagnement afin qu’elles prennent leur décision en toute connaissance de cause.