Pantalonnade et bleu de travail

Vous en avez lus, beaucoup, vous, des articles sur le suicide de trois infirmiers depuis début juin ? Tous ont exprimé la dégradation de leurs conditions de travail*. D’ailleurs, sur ce sujet de la souffrance au travail, vous en avez vues beaucoup, vous, des enquêtes au jité de 20 heures et sur nos bien-aimées chaînes de désinformation en continu ? Il faut dire que, cet été, l’actualité sociale n’a même pas réussi à prendre le départ du 100 mètres aux Jeux olympiques. Trop lente, sans doute. Surtout, elle a été voilée par la frénésie médiatique sur le burkini, devant lequel les politiques ont eu du mal à tourner la plage, s’emmazoutant dans d’indigentes et indignes digressions (sans d’ailleurs donner réellement la parole aux premières intéressées). Attention : le vêtement est un sujet sérieux, sensible, notre dossier du mois en témoigne – sur le plan professionnel. Il y est affaire de représentations, parfois de préjugés. De ceux qui le portent autant que de ceux qui le regardent. Car soigne-t-on vraiment moins bien quand sa tenue ne correspond pas aux normes implicites ? Un soignant arborant un piercing manque-t-il vraiment de crédibilité ? N’est-il pas justement mieux sensibilisé que d’autres aux bonnes pratiques d’hygiène et d’asepsie ? Faut-il proscrire le short dans le soin, alors qu’on meurt d’hyperthermie, mais que le ridicule, lui, ne tue pas ? Et que dire du fait que ce serait encore, au XXI^e siècle, à la femme de veiller, pour ne pas faire flamber les statistiques du harcèlement, à ne pas porter d’atours prétendument aguichants ? La tolérance et le respect des uns envers les autres (et vice-versa) devraient être la règle, pour garantir, entre autres, la liberté d’aller et venir. Privilégier l’être au moins autant que le paraître, ça nous éviterait un sérieux coup de blouse.