Mener le patient vers l’autonomie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 326 du 01/06/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 326 du 01/06/2016

 

Protocole Asalée

L’exercice au quotidien

Sophie Magadoux  

Idel depuis vingt-deux ans dans la Vienne, Christelle Fourneau réserve depuis 2012 une partie de son activité au dispositif Asalée de prévention du diabète, des maladies cardiovasculaires ou encore d’Alzheimer.

« En parallèle à mon activité à domicile, je reçois des patients en consultation d’environ une heure, plusieurs fois, au sein de deux cabinets de médecins généralistes. J’ai signé avec chacun d’eux un protocole de coopération autorisant les délégations de tâches dans le cadre du dispositif Asaleé (Action santé libérale en équipe). Ils m’adressent certains de leurs patients en fonction de critères d’inclusion définis par des protocoles (de diabétologie, tabacologie ou cardiologie et test pour les troubles de la mémoire). J’ai été formée dans ce but, ainsi qu’à la prescription d’examens complémentaires (bilan sanguin, ECG, spirométrie…), à leur réalisation et à l’éducation thérapeutique du patient. Cette activité concerne un autre secteur géographique que celui de mon cabinet et je reste libérale(1) – je perçois des prestations. Actuellement, à domicile, seule la démarche de soins infirmiers aborde le suivi des patients dépendants, la consultation infirmière n’apparaît pas dans la Nomenclature générale des actes professionnels. Dans Asalée, les patients consultent lorsque leur motivation les y “pousse”. Ils me perçoivent aussi autrement. Cela autorise la parole pour faire le point sur leur vécu et leurs connaissances concernant leurs pathologie et traitement. La relation médecin-infirmière, quant à elle, varie selon les personnalités de chacun, mais un temps de coordination mensuel permet de favoriser un fonctionnement collaboratif. De plus, toutes les six semaines, nous nous réunissons entre infirmières Asalée du département(2) pour échanger sur nos pratiques. Infirmières comme médecins, nous gardons un but commun : accompagner le patient vers plus d’autonomie dans la gestion de sa maladie et de ses traitements. Les résultats sont parlants, comme le révèle une évaluation de l’Irdes(3) publiée en 2008. Et même si le dispositif n’aborde qu’un nombre réduit de pathologies chroniques, il permet de donner une visibilité au savoir-faire infirmier. Afin de valoriser les compétences spécifiques, notamment relationnelles, qui y sont développées, nous souhaitons mettre en place un groupe de recherche et les valider scientifiquement. J’effectue déjà un master en sciences cliniques en soins infirmiers qui m’aidera dans cette démarche. »

(1) Jusqu’au 1er juillet : Christelle Fourneau a débuté un CDI le 1er avril et change de statut.

(2) 10 IDE, dont une Idel.

(3) Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).

Avis de l’experte

« Vers des pratiques avancées paramédicales »

Dr Marie-Hélène Rodde Dunet, chef du service Évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours à la Haute Autorité de santé (HAS)

« Asalée est l’un des protocoles les plus en vue. D’abord, parce que le dispositif est antérieur au lancement depuis 2011 des protocoles de coopération entre professionnels de santé, voulus par l’article 51 de la loi HPST de 2009. Ensuite, car il intervient dans le champ des pathologies chroniques et il répond à la volonté de promouvoir des protocoles applicables en ville, facilitant l’accès aux soins. Enfin, il correspond à la logique d’aller vers des pratiques avancées paramédicales, encadrées par l’article 30 de la loi de santé. La HAS a donné un avis favorable sur la qualité et la sécurité du protocole, ce n’est qu’une fois publié le futur rapport d’évaluation médico-économique de l’Irdes qu’Asalée pourra bénéficier du financement de droit commun. »