L’arme du rire

En cette période où prendre un verre en terrasse ou un métro peut être fatal, sans que l’horizon proposé par les hommes politiques n’ait d’autre couleur que le bleu foncé ou le kaki, et si on essayait de sourire un peu ? Après tout, ne venons-nous pas de fêter le 1^er avril ? Sachons-en ainsi gré à la mairie bretonne de La Roche-Derrien de nous avoir offert un moment de poilade intelligente en annonçant avoir embauché un druide faute d’avoir dégoté un médecin(1). Le druide était un acteur et l’annonce, un canular. Le procédé est peut-être discutable, mais la cause s’avère légitime : alerter sur la désertification médicale. Voilà un problème dont on parle beaucoup mais qui tarde à se résoudre. Il est certes moins facile d’installer une blouse que de faire patrouiller un uniforme. Et pourtant, sans doute, plus efficace : à quand un état d’urgence sanitaire ? Une autre nouvelle a suscité des sourires : la fermeture d’agences CPAM à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) deux heures et demie plus tôt que prévu pour… fêter le départ à la retraite du directeur. Quoi, ça ne vous fait pas rire ? C’est vrai que cette information fait tâche pour une institution censée être d’autant plus irréprochable qu’elle a elle-même, selon certains, le reproche trop facile. Non, ce qui nous a amusés, ce sont plutôt les commentaires sarcastiques, comme ce dessin mettant en scène un employé de CPAM portant un carton de bouteilles de vin à son directeur : « On ne dit plus “caisse primaire”, mais “caisse primeur”, chef ! »(2) Ces temps-ci, on ne va pas mégoter sur un calembour. Ça fait du bien d’entendre l’arme zygomatique plutôt que l’automatique.