Les insulines - L'Infirmière Libérale Magazine n° 316 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 316 du 01/07/2015

 

Diabétologie

Cahier de formation

Le point sur

Dr Catherine Alamowitch*   Marie Fuks**  

La connaissance des caractéristiques des insulines, qui se distinguent selon leur duréeet leur rapidité d’action, optimise la prise en charge infirmière.

Humaines ou analogues

Les insulines commercialisées sont :

→ soit des insulines humaines : biogénétiques, elles reproduisent une séquence d’acides aminés strictement identique à l’insuline humaine ;

→ soit des analogues de l’insuline : molécules dont la structure a été modifiée par rapport à l’insuline humaine (certains acides aminés sont substitués ou inversés) afin de modifier les caractéristiques physico-chimiques et la cinétique d’absorption sous-cutanée, ce qui leur permet d’agir différemment. Il existe des analogues lents et rapides.

Classées selon leur durée d’action

→ Action dès l’injection (plus ou moins dix minutes) et en moyenne pendant quatre heures.

→ Ils sont commercialisés en stylos pré-remplis, en cartouches et en flacons et peuvent être utilisés dans les pompes à insuline.

→ Ils doivent être injectés juste avant les trois principaux repas.

À noter : exceptionnellement, chez les sujets âgés et les patients dont les prises alimentaires sont aléatoires, les injections peuvent être réalisées juste après les repas, ce qui permet d’ajuster la dose d’insuline à ce qui a été réellement mangé.

→ Ces insulines sont limpides. Il n’est pas nécessaire de les mélanger avant l’injection.

→ Elles commencent à agir dans un délai de 15 à 30 minutes et durent 6 à 8 heures.

→ Elles sont commercialisées en cartouches ou en flacons.

→ Presque uniquement utilisées dans le traitement par pompe à insuline, elles peuvent aussi être prescrites en injections avant les trois principaux repas.

→ Elles sont limpides. Il n’est pas nécessaire de les mélanger avant l’injection.

→ Ce sont des préparations contenant un mélange à base d’insuline ultra-rapide ou rapide et d’un analogue de l’insuline auquel a été ajoutée de la protamine pour allonger la durée d’action en ralentissant la vitesse d’absorption. Le chiffre associé au nom de l’insuline correspond toujours au pourcentage d’insuline rapide.

→ L’action hypoglycémiante de ces mélanges intervient après environ 15 minutes et dure en moyenne 12 heures.

→ Ils sont commercialisés en stylos pré-remplis et en cartouches.

→ Ces préparations sont injectées deux fois par jour à environ douze heures d’intervalle, classiquement avant le petit-déjeuner et avant le dîner. Certains diabétologues peuvent proposer des schémas à trois injections de mélanges avant les trois principaux repas.

À noter : il est important de bien homogénéiser le mélange avant l’injection.

→ Ces mélanges reposent sur le même principe que les pré-mix d’analogues de l’insuline. Ils contiennent 30 % d’insuline “libre” rapide et 70 % d’insuline liés à la protamine.

→ Ils commencent à agir après environ une heure et durent en moyenne 12 heures.

→ Ils doivent être administrés 20 à 30 minutes avant le repas.

→ Relativement peu utilisés maintenant, ils sont généralement prescrits à raison de deux injections par jour à environ 12 heures d’intervalle, classiquement avant le petit-déjeuner et avant le dîner.

→ Ces insulines dites “retard” ou “intermédiaires” type NPH (Neutral Protamine Hagedorn), sont des suspensions d’insulines humaines à pH neutre dont l’effet prolongé est obtenu par ajout d’agent ralentissant l’absorption sous-cutanée (protamine, zinc).

→ Elles agissent dans un délai d’environ1 à 2 heures et durent en moyenne 12 heures.

→ Elles sont commercialisées en stylos pré-remplis, en cartouches et en flacons.

→ Elles sont injectées deux fois par jour à environ 12 heures d’intervalle, en général avant le petit-déjeuner et avant le dîner. Elles servent également pour les traitements mixtes insuline/médicaments avec une injection unique le soir, dite bed-time, au coucher.

À noter : bien les agiter avant l’injection.

→ Ces insulines ont un effet hypoglycémiant plus long que les précédentes, ce qui permet de les utiliser en une seule injection par jour, souvent le soir, mais parfois le matin chez les personnes âgées en association soit avec des comprimés, soit avec une injection d’analogue rapide avant les trois principaux repas (si contre-indication aux médicaments, patients non répondeurs, ou diabétique de type 1 : c’est le schéma dit “basal-bolus”).

→ Elles commencent à agir en quelques heures (2 à 4 heures) et durent 24 heures pour la Lantus et de 12 à 24 heures pour la Levemir. C’est la raison pour laquelle il est souvent nécessaire, en particulier chez les diabétiques de type 1 mais également parfois chez les diabétiques de type 2, de réaliser deux injections de Levemir à 12 heures d’intervalle.

À noter : les insulines lentes ne se mélangent jamais.

À savoir : l’association d’insulines lentes et d’une insuline rapide au moment des repas peut constituer un traitement très souple et permet, sur un fond d’insuline lente distribuée en continu, d’avoir la liberté de décaler ses repas (en raison d’une grasse matinée, d’un repas du soir tardif…) et d’être moins contraint à un respect strict des horaires.

(1) Dès juin devait être disponible l’analogue rapide de l’insuline humaine Humalog (insuline lispro, Lilly) en solution injectable en stylo pré-rempli KwikPen 200 UI/ml, nouvelle concentration (cf. le lien bit.ly/1LE8Eup). à noter que la “tendance” est aux insulines plus concentrées, d’où des doses injectées plus faibles, mais avec une efficacité identique.

(2) Le brevet du Lantus arrive à échéance en 2015. En février, le Comité des médicaments à usage humain a recommandé un nouveau dosage pour l’AMM de l’insuline glargine sous le nouveau nom commercial Toujeo (Sanofi) (bit.ly/1QOQkjj), attendu en 2016 et qui aura une durée d’action supérieure à 24 heures selon Le Quotidien du pharmacien du 4 juin.

Préparer tôt à l’insulinothérapie

Le ressenti du malade (peur de la piqûre, peur de grossir, sentiment d’être “vraiment” malade…) complique souvent la mise en place de l’insuline. Il importe donc d’anticiper ce stade d’évolution du traitement (en parler tôt) pour en dédramatiser la perspective et familiariser progressivement le patient à son éventualité. Il convient d’aider le patient à exprimer ses représentations de la maladie et de l’insuline, de lui expliquer qu’une hémoglobine glyquée bien maîtrisée permet généralement le maintien d’un traitement oral et que la vie sous insuline peut être active, et même intense, si le traitement est maîtrisé.