Suivi de la maladie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 315 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 315 du 01/06/2015

 

Cahier de formation

Mélanie, âgée de 19 ans et migraineuse, prend très souvent des antimigraineux, parfois deux ou trois fois dans la même semaine, pour se soulager.

Sa mère est inquiète.

Il faut lui demander si sa fille tient un agenda de crises de migraine, qui permet d’identifier les facteurs déclenchants des crises et d’évaluer sa consommation d’antimigraineux. La nécessité de recourir plus de deux fois par semaine au traitement de crise doit être signalée au médecin, même si le traitement est efficace, pour éventuellement envisager un traitement de fond et éviter une surconsommation inappropriée d’antimigraineux.

TENUE D’UN AGENDA

→ Afin d’optimiser la prise en charge de la migraine, il est recommandé de faire tenir au patient un agenda des crises (téléchargeable sur le site de la Société française d’études des migraines et céphalées, sfemc.fr). L’Idel peut s’assurer que le migraineux a compris la pertinence de tenir cet agenda et vérifier qu’il sache le remplir correctement.

→ Le patient doit y mentionner la date et le jour de la semaine ainsi que l’heure de survenue des crises (afin de mettre éventuellement en évidence une migraine du week-end ou des crises nocturnes), l’intensité et la durée de la douleur (légère, moyenne ou sévère), les facteurs déclenchants (les femmes doivent y noter la date de leurs règles), la durée de la crise, le nom des médicaments utilisés (sur prescription ou non), le nombre de prises et leur effet sur la douleur, ainsi que leurs éventuels effets indésirables. Les céphalées de tension doivent également être mentionnées sur l’agenda.

→ C’est un outil de suivi qui permet au patient de mieux rechercher les facteurs déclenchants, de suivre sa consommation de médicaments et de préparer ses consultations chez le médecin.

→ En effet, cet agenda permet au médecin de mieux percevoir la sévérité et la fréquence des crises, d’évaluer la consommation de médicaments du patient et éventuellement de dépister un abus médicamenteux, ainsi que d’ajuster la prise en charge thérapeutique et d’envisager la nécessité de mettre en place un traitement de fond.

MIGRAINE ET QUALITÉ DE VIE

Retentissement fonctionnel et social

→ D’après l’Organisation mondiale de la santé, la migraine est classée dans les maladies socialement les plus invalidantes.

→ La migraine est effectivement une maladie handicapante, en raison de la fréquence des crises, de leur durée, de leur intensité, des signes digestifs associés. Chez près de deux patients sur trois, la migraine retentit sur la vie quotidienne, professionnelle, sociale ou familiale.

→ En effet, près de la moitié des migraineux souffrent au moins deux fois par mois de crise de migraine. Chez 39 % des patients, les crises durent plus de 24 heures. Et l’intensité des crises est sévère, voire très sévère, chez 48 à 74 % des patients.

Retentissement psychologique

La migraine a également une dimension psychologique et émotionnelle : 50,6 % des patients sont anxieux et/ou dépressifs. L’appréhension des crises peut mener à des conduites d’évitement et au renoncement de certaines activités. Ainsi la migraine est-elle responsable d’une altération de la qualité de vie pendant les crises, mais aussi en dehors.

Évaluation de la qualité de vie

→ Le retentissement fonctionnel de la migraine peut être évalué par l’échelle HIT-6 (Headache Impact Test). Cette échelle, qui aide le patient à décrire et à exprimer ce qu’il ressent, ainsi que ce qu’il ne peut pas faire à cause de ses céphalées, permet d’appréhender globalement l’impact de la migraine sur la qualité de vie. C’est un questionnaire simple téléchargeable par le patient sur le site de la SFEMC, afin de mieux préparer sa consultation. Ce questionnaire est axé sur six items : la fréquence de la douleur intense, la limitation des activités quotidiennes, la fréquence de la nécessité de s’allonger, l’entrave au travail, la difficulté à se concentrer, la sensation de “ras-le-bol” ou d’agacement liée à la migraine.

→ L’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression Scale), également téléchargeable sur le site de la SFEMC, permet d’évaluer l’impact émotionnel de la migraine. Il est recommandé de rechercher un syndrome dépressif ou anxieux car il accroît le handicap et peut nécessiter une prise en charge spécifique.

Point de vue

« La migraine est un réel handicap »

Amayelle, 23 ans, étudiante, souffrant de migraine

« Les autres associent la migraine à un simple mal de tête, mais ne s’imaginent pas tout ce que cela peut avoir comme conséquences : la douleur pulsatile, les nausées, le fait de devoir s’allonger… Je me sens handicapée pour mes études, car mes migraines me gênent pour faire mes devoirs et pour réviser. Je suis également stressée car je sais qu’en période de révisions, j’ai davantage de migraines et dois prendre du Laroxyl, qui m’endort. Cela me met une pression car je dois être encore plus performante et optimiser mon temps de travail pendant les périodes où je vais bien. Sur le plan social, il y a aussi des répercussions : il m’est déjà arrivé d’annuler une soirée au cinéma à cause d’une crise de migraine. »