« Pas facile de se faire connaître » - L'Infirmière Libérale Magazine n° 315 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 315 du 01/06/2015

 

INSTALLATION

L’exercice au quotidien

Noémie(1), installée il y a cinq mois en zone rurale avec une associée, se dit « heureuse » et décrit l’exercice libéral comme « un aboutissement ». Mais elle s’interroge sur l’application des règles touchant à la publicité…

« Lors de notre installation, nous avons reçu de la CPAM un document rappelant la possibilité, à cette occasion, d’avoir deux parutions dans la presse. Nous avons donc invité les deux principaux journaux de notre région. Les journalistes ont d’ailleurs réalisé de beaux articles avec des photos… Mais, avant la publication, l’un d’eux nous contacte pour nous dire qu’il s’agit de publicité et que c’est illégal pour notre profession. Seule possibilité, faire paraître un encart, de type carte de visite, sans texte ni photo. Le coût d’une telle publication, une fois, un samedi, est de 300 euros !(2) Une somme impossible à débourser pour nous : nous nous installons et n’avons pas de moyens financiers conséquents. Alors, quand je lis dans votre numéro 312 de mars que la presse locale a mis à l’honneur l’installation d’une Idel, avec une belle photo, je tombe un peu des nues…

En tant qu’infirmières libérales, ce n’est pas facile de se faire connaître. Même si nous nous sommes présentées aux professionnels de santé du secteur (infirmiers, médecins, pharmaciens…). C’est sans doute à notre tour d’être “patientes”…

Notre profession, “on” la veut réglementée, “on” a un Ordre obligatoire, des textes de loi… Mais dans la pratique ?

Dans son document, la CPAM précise que « la mise à disposition de cartes de visites dans les commerces ou l’inscription de l’existence d’un cabinet sur les vitrines ou sur les murs en grands caractères sont des pratiques non autorisées ». Mais dans la pratique ?

Il est rappelé l’interdiction de « publicité », c’est-à-dire « tout procédé visant par son contenu, sa forme, sa répétition, à attirer la clientèle vers un cabinet ou un établissement de soins ». Mais dans la pratique ? Les pots d’accueil dont vous parliez dans votre dossier sur l’installation (numéro 311 de février) ne relèveraient-ils pas de cette catégorie ?

Dans notre profession, c’est trop souvent de la “bidouille”. Sentir qu’il y a un poids, deux mesures, c’est difficile à intégrer. Si on fait la balance bénéfices-risques, on peut presque se demander si cela vaut la peine de respecter les règles… Notre profession est au cœur de l’humain, on donne beaucoup. Cela mérite peut-être d’en prendre soin, non ? » ?

(1) Prénom modifié.

(2) Un montant qui, après enquête, concerne le plus petit format de publicité, et hors taxe…

Ce qu’en dit le Code

Oui à l’information, non à la publicité

L’exercice infirmier n’est pas un commerce. L’article R. 4312.37 du Code de la santé publique interdit donc aux Idels « tous les procédés directs ou indirects de réclame ou de publicité », limite les dimensions de la plaque à 25 centimètres sur 30, permet « deux insertions consécutives dans la presse » pour l’Idel qui s'installe ou encore change d’adresse. « Rien n’interdit à une revue de diffuser votre “portrait”, sous réserve que son contenu soit suffisamment neutre et relève bien de l’information », nuancions-nous dans notre numéro?290 (mars 2013). La mise à l’honneur, évoquée ci-dessus, d’une autre Idel dans la presse locale se justifiait probablement par l’information, plutôt insolite, qu’elle était la première à s’installer dans cette commune depuis un demi-siècle, et aussi par la présence de la maire, rendant le sujet plus “politique”. Quant à l’organisation d’un “pot de bienvenue”, enfin, elle n’est pas interdite.

À lire, les fiches de l’Ordre sur la publicité (lien : bit.ly/1cSBlsl) et les annonces de presse (bit.ly/1KIJbPt).