Lecture - L'Infirmière Libérale Magazine n° 313 du 01/04/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 313 du 01/04/2015

 

Échappées

LE TEMPS DES FUGUES

Un an après sa mort et alors qu’est annoncé un film sur sa vie, (re) lisons Cavanna. Dans Les Ritals, il raconte ses années 1930, de ses six à seize ans, au bord de la Marne, bien avant de cofonder Hara-Kiri puis Charlie-Hebdo. C’est le regard tendre et drôle d’un fils d’immigré italien sur sa découverte du monde, le temps des fugues, de l’insouciance – et de sa perte. La vie apparaît avec ce qu’elle a de plus beau… et de plus dégueulasse, le racisme, la misère.

François Cavanna, Les Ritals, Le Livre de Poche, 352 pages, 1980. 6,10 euros.

MOTS NOYÉS, MOTS CHOYÉS

La poétesse Naïg Rozmor, 88 ans, est atteinte de la maladie d’Alzheimer. « Les mots se noient. Avec moi, il y a beaucoup de noyades. » Elle se sent « démantibulée », « décousue », « fanée », et ses mots partent « en distribil ». Avec la psychologue Chantal Gombert, elle reprend la plume : d’un trait de pinceau, elle peint des phrases d’une grande poésie. Petit à petit, écrire à nouveau la libère, la nourrit. « Dans ma vie, il y a eu du soleil, car je savais chasser la pluie », se souvient-elle. La psychologue souligne : « La peinture est un geste graphique, spontané et universel qui préexiste à l’écriture et qui reste conservé chez les personnes qui ont perdu le sens de l’écriture automatique comme dans la maladie d’Alzheimer. » Cet ouvrage éblouissant est le récit de la rencontre entre ces deux femmes.

Naïg Rozmor, Les fins dernières d’un poète, recueilli par Chantal Gombert, avec Bob Simon (traduction du texte en breton) et Jean-Pierre Guiriec (illustr.), Skol Vreizh, 64 pages, 2012. 10 euros.

MENSONGÈRE PUBLICITÉ

C’était le temps où il fallait fumer contre l’asthme, boire du vin contre l’alcoolisme, ingérer du sucre pour la santé… Dans ce recueil de réclames plus ou moins vieilles, le délicieusement suranné le dispute au dangereusement dépassé, notamment quand il est question de médicaments aujourd’hui redoutés, comme le Melleril, un antipsychotique qui n’est plus commercialisé et dont la publicité montre un dessin d’enfant, avec ces termes : « Ooooh, je déteste ma poupée. » Les publicités, parfois « inquiétantes ou malsaines » ou vantant des produits prétendument “miracles”, sont mises en perspective par des commentaires. Où l’on apprend ainsi que le célèbre terme “spam” vient d’une marque éponyme de viande précuite (spiced ham), dont les Monthy Python avaient moqué, dans un sketch, l’incessante publicité.

Annie Pastor, Les pubs que ne vous verrez plus jamais. Tome 3 : La santé, Hugo-Desinge, 2014. 14,99 euros.

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