Un hôpital cher aux Idels - L'Infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015

 

ORGANISATION DES SOINS

Actualité

CAROLE TYMEN  

MÉCONTENTEMENT > Une fermeture d’hôpital a des conséquences pour les patients tout comme pour les soignants. Illustration à Douarnenez, où 4 500 personnes, dont des infirmières libérales, ont défilé pour un service de chirurgie menacé.

Environ 4 500 personnes (professionnels de santé, usagers et élus du territoire de santé n° 2 du Finistère) ont défilé le 6 décembre dans les rues de Douarnenez contre le projet de fermeture de la chirurgie ambulatoire du centre hospitalier Michel-Mazéas de la ville, demandé par l’Agence régionale de santé, faute d’anesthésistes candidats. Cette décision fait craindre aux professionnels de santé une fermeture progressive des autres services et, à terme, la transformation de l’établissement en pôle gériatrique.

Si la mesure est actée, les habitants, de Plogoff à Crozon, devront se rendre au plus proche, au centre hospitalier de Quimper, à vingt-cinq kilomètres.

Dans ce territoire isolé et vieillissant, la décision est d’abord préjudiciable pour la prise en charge de leurs patients : « La plupart ont entre 80 et 94 ans, explique Émilie, Idel installée sur la commune rurale du Juch. Un trajet jusqu’à Quimper est parfois compliqué. S’ils sont encore à leur domicile, ils dépendent alors de tout le monde. »

« Les équipes nous connaissent »

Avec la restriction des critères pour la prise en charge ambulancière et le stress engendré par le déplacement dans « une grande ville », Émilie présage une accentuation du renoncement aux soins (optiques notamment) et, de manière générale, des pathologies plus lourdes à gérer pour les Idels.

Le bon déroulement de leur activité est également en jeu : « Nos liens avec le centre hospitalier sont réguliers, directs et bons, se satisfont les Idels Mylène et Sylvie qui, elles, ont réussi à se rendre à la manifestation. On peut avoir besoin d’appeler plusieurs fois par semaine. Les équipes nous connaissent ainsi que nos patients. Ils peuvent être rapidement revus en consultation externe si besoin. On peut également réétudier les protocoles avec les équipes. Lorsqu’on appelle l’hôpital de Quimper, c’est tout de suite plus compliqué. » Elles pointent des listes d’attente à rallonge et des échanges téléphoniques froids, voire inexistants.

Autre lien primordial pour toutes, la pharmacie des urgences de l’hôpital qui, sans anesthésiste recruté, est amenée à disparaître ainsi que le Smur. « Nous avons besoin de certains médicaments, introuvables dans les officines. On peut réagir vite. Sans urgences et Smur, c’est trop long d’atteindre Quimper en cas d’arrêt cardiaque. Faut-il attendre une catastrophe pour prouver la nécessité d’un hôpital ici ? », s’interrogent Sylvie et Émilie.

Sylvie, sauveteuse bénévole à la station locale des sauveteurs en mer, va plus loin : « Nous sommes au fond d’une baie et les soucis en mer, ça arrive. Que ferons-nous de nos noyés ? »