Pôle égalitaire - L'Infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015

 

COORDINATION

L’exercice au quotidien

CAROLINE COQ-CHODORGE  

L’Idel Abdelghani Benchoubane décrit le fonctionnement du Pôle santé Paris XIII sud-est, le plus important de la capitale, qu’il vice-préside.

Avec un médecin généraliste, Hector Falkoff, nous échangions souvent au sujet des patients chroniques les plus complexes que nous avions en commun. Ce temps de coordination informel nous était essentiel. Avec l’arrivée des expérimentations des nouveaux modes de rémunération (ENMR), nous avons envisagé de créer un pôle de santé. L’association est donc née en 2011, Hubert Falkoff en est le président et moi le vice-président. Tous les Idels avec lesquels je partage un cabinet l’ont rejoint, ainsi que des pharmaciens, des kinésithérapeutes, etc. Le pôle nous a permis de nous connaître, de comprendre nos contraintes et nos méthodes de travail.

Nous avons formalisé nos échanges, autour de deux réunions de coordination par mois : une dédiée aux patients ayant des pathologies psychiatriques lourdes et l’autre aux personnes âgées polypathologiques. Nous organisons tous les mois des soirées de formation pluriprofessionnelle. Nous avons franchi un pas important dans la coordination, avec un nouveau système d’information partagé entre médecins et infirmiers : un dossier pour chaque patient suivi à domicile. Grâce à des financements de l’Agence régionale de santé, nous organisons aussi des ateliers d’éducation thérapeutique, animés par des professionnels du pôle. Celui sur le diabète est ainsi organisé par un médecin et un infirmier, avec le réseau Paris diabète. Avec le pôle, nous nouons des liens avec les médecins hospitaliers de la Pitié-Salpêtrière. Nous les invitons souvent à intervenir en formations. Nous essayons de construire des protocoles de soins : sur la gestion de l’insuline avec le service de diabétologie, ou celle des anticoagulants, avec le service d’hémostase. Nous avons le projet de mieux organiser entrées et sorties d’hôpital. Nous avons besoin pour cela de moyens humains, d’un financement spécifique.

En 2013, notre pôle a perçu 160 000 euros au titre des ENMR, pour la location de notre local, les salaires de la coordonnatrice et de l’assistance de coordination du pôle, les groupes de travail sur les protocoles de soins, et bien sûr les temps de coordination des professionnels. Nous n’avons pas voulu faire de distinctions entre les professionnels, chaque participant est rémunéré 50 € par heure. Notre principale inquiétude est l’incertitude autour des nouveaux modes de rémunération [après l’échec des négociations sur les soins de proximité, lire notre dernier numéro]. Il serait impensable de revenir en arrière. »

Avis de l’experte

« Le pôle a passé le cap de l’expérimentation »

Sophie Dubois, coordonnatrice du pôle de santé Paris XIII sud-est

« La création du pôle de santé part d’un constat : l’organisation des soins primaires est le chaînon manquant du système de santé. Il faut améliorer la qualité des soins et faire face à la désertification médicale. C’est aussi un moyen d’attirer les jeunes médecins : les internes qui passent chez nous ne veulent plus travailler autrement. Au départ, en 2011, le pôle naît du rapprochement de deux cabinets médicaux et d’un cabinet infirmier. Le pôle regroupe 79?professionnels de santé à présent. Nous nouons des partenariats avec tous les acteurs du territoire : l’hôpital, les réseaux de soins, l’association des petits frères des Pauvres, etc. Mais la précarité du financement de la coordination décourage les professionnels de santé de s’impliquer. Si les ENMR s’arrêtent, tout s’arrête. Passé le cap de l’expérimentation, on a besoin de pérenniser. »