Hôtels hospitaliers, késako ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015

 

LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCU

Actualité

CÉCILE ALMENDROS  

INÉDIT > L’article 53 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2015, adoptée le 1er décembre, prévoit l’expérimentation d’un nouveau type d’accueil hospitalier pendant trois ans.

Fruit d’un amendement déposé par le député socialiste Olivier Véran, l’expérimentation d’hôtels hospitaliers, pratique balbutiante en France(1), plus répandue aux États-Unis(2), vise à optimiser les prises en charge hospitalières. Il s’agit d’autoriser les établissements de santé, selon des modalités à fixer par décret, « à proposer à leurs patients une prestation d’hébergement temporaire non médicalisé, en amont ou en aval de leur hospitalisation », cette prestation pouvant être déléguée « à un tiers par voie de convention ». Les frais de fonctionnement en seraient financés par les fonds d’intervention régionaux, les nuitées prises en charge par l’Assurance maladie. L’objectif ? Permettre « une sortie plus rapide des patients hospitalisés, dans des conditions de proximité avec des professionnels et des lieux de soins », est-il indiqué dans l’exposé des motifs, « une condition indispensable à l’essor des pratiques ambulatoires » dans nombre de territoires.

Le monde libéral attaqué ?

D’un coût « infiniment moindre pour la solidarité nationale que celui d’une journée d’hôpital », ce système apporte une solution aux patients « dont l’état ne demande pas une hospitalisation au long cours après une intervention, mais qui habitent trop loin de l’hôpital pour y revenir sûrement et confortablement en cas d’urgence », plaide Olivier Véran, qui y voit un intérêt immédiat pour les interventions liées « à des cancers du sein », mais aussi en cas de « risque d’accouchement prématuré ». « À raison de 1 200 euros la nuitée à l’hôpital et de 67 euros dans cette configuration, l’idée est excellente », juge son collègue de l’UMP Jean-Pierre Barbier, « à la condition que ce soient les hôpitaux qui la mettent en œuvre », dans « leurs locaux », pour ne pas créer d’effet d’aubaine pour des investisseurs privés qui « demanderont des prix de journée supérieurs au tarif de remboursement ».

La Conférence nationale des présidents de commissions médicales d’établissement d’hospitalisation privée voit au contraire dans cette expérimentation une attaque contre le monde libéral. « Cette mesure ne fera qu’accentuer la désertification des campagnes, puisque des prestations qui auraient pu être réalisées sur le lieu d’habitation des patients, en s’appuyant sur les maisons ou pôles de santé multiprofessionnels, se feront de façon concentrée dans ces hôtels », déplorent-ils. Quant au financement des nuitées, « il y a fort à parier que, dans le contexte de l’Ondam, ce soit encore l’enveloppe de ville qui participe », pointent-ils.

(1) Certains hôpitaux ont déjà créé des structures de ce type, comme le CHU de Toulouse avec la maison d’accueil et d’hébergement Le Laurier rose ou l’Hôtel-Dieu à Paris.

(2) Le modèle étranger le plus connu est celui de la Mayo Clinic, de Jacksonville (Floride), qui a imaginé un système de souterrains reliant l’hôpital aux principaux hôtels de la ville.