Administration des médicaments en cas de nutrition entérale - L'Infirmière Libérale Magazine n° 308 du 01/11/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 308 du 01/11/2014

 

Cahier de formation

Savoir faire

Madame G., qui dispose d’une sonde nasogastrique pour quinze jours, vous demande comment elle va recevoir ses habituels traitements per os.

Vous lui indiquez que l’administration de médicaments conjointement à la nutrition entérale est une pratique très courante à domicile. Vous lui expliquez qu’il est possible de demander une réévaluation médicale des thérapeutiques médicamenteuses, afin d’éliminer les traitements inutiles.

RÈGLES

Choix de la forme galénique

→ Chez le patient sondé, favoriser autant que faire se peut l’administration par la bouche, si le patient est en capacité d’avaler ; dans ce cadre, savoir évaluer les capacités de déglutition (s’aider éventuellement d’un orthophoniste) ; dans tous les cas de figure, les formes sublinguales doivent être administrées par la bouche.

→ Dans le cas où les formes sèches (comprimés, gélules…) doivent être administrées, privilégier avec l’accord du médecin les voies alternatives (patchs, voie sous-cutanée) et formes galéniques alternatives : solubilisées (comprimé effervescent ou orodispersible, poudre à diluer) ou buvables (sirop, gouttes buvables). Attention dans ce cas aux excipients (sorbitol) qui peuvent être responsables de diarrhée.

Attention : tout ce qui est injectable n’est pas buvable ! Des excipients (ricin, acides et bases) peuvent être très dangereux lorsqu’ils sont administrés per os.

→ Diluer les formes liquides de type sirops ou suspensions car ils sont visqueux (pouvant boucher la sonde) et peuvent être mal tolérés.

Broyage (ou non) des médicaments

→ Ne jamais broyer de formes gastrorésistantes ou à libération prolongée (par exemple Dépakine chrono, acide valproïque ; Nifédipine, chronadalate), ni de médicament cytotoxique, tératogène (pour les femmes enceintes) ou allergisant. Sur ce sujet complexe et sensible, il est utile de demander l’avis d’un pharmacien, et de (re) lire notre cahier de formation sur “Les situations à risque de iatrogénie” (numéro 303, mai 2014). Ne jamais mettre le médicament broyé directement dans le mélange nutritif. Utiliser un masque et des gants dans la mesure du possible et broyer juste avant administration au patient (afin d’éviter d’exposer à la lumière ou à l’humidité les substances actives).

Administration

Ne jamais mélanger les médicaments entre eux, ni à la solution nutritive. Rincer avec de l’eau tiède la sonde avant l’administration de médicament (20 ml), entre chaque médicament (5 ml) et après l’ajout médicamenteux (20 ml). Administrer les médicaments à l’aide de seringues dédiées à la NE. Pour les médicaments à prendre à jeun : stopper la nutrition 15 minutes avant l’administration et attendre 15-30 minutes avant de continuer la nutrition.

Suivi

Surveiller l’efficacité clinique du traitement et d’éventuels effets indésirables liés à un sur- ou sous-dosage.

Conseils

Regarder ce qui est prévu dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP). Travailler en collaboration étroite avec le médecin prescripteur et le pharmacien d’officine (il a accès à un certain nombre de référentiels professionnels sur le sujet).