Ses vieux jours à domicile - L'Infirmière Libérale Magazine n° 303 du 01/05/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 303 du 01/05/2014

 

HANDICAP

Actualité

CAROLE TYMEN  

ACCUEIL > Vieillir à domicile plutôt qu’en institution. C’est ce qu’a prôné mi-mars Patrick Gohet, inspecteur général des affaires sociales.

« Priorité à la vie à domicile. » C’est le message à destination des personnes handicapées avançant en âge qu’a délivré Patrick Gohet, inspecteur général des affaires sociales, le 18 mars à Pont-L’Abbé (Finistère), devant quatre cents personnes. Lors de cette conférence publique, il a présenté l’étude nationale sur le sujet, rendue publique en novembre 2013 et dont il avait animé le groupe de travail(1). Selon ce rapport, deux tiers des personnes handicapées ne vivent pas dans une institution spécialisée, mais « en milieu ordinaire ».

« Rester dans sa maison, cela veut dire continuer à avoir des aides et un accompagnement, commente la présidente de l’association Les Papillons Blancs du Finistère, Françoise Jousselin. Pour ceux qui ont été en foyer d’hébergement pour travailleurs en Esat(2), cela peut être une maison dans laquelle ils puissent prendre leur retraite tranquillement. » Et de résumer : « Il faut apporter aux personnes handicapées le type d’accueil qu’elles ont toujours connu. »

Pour donner la priorité à la vie à domicile et adapter l’environnement de la personne, le rapport national évoque plusieurs pistes. Un premier volet est l’accompagnement des aidants familiaux, d’une part, sur un plan technique, pour leur permettre d’accomplir, de manière éclairée, les gestes nécessaires en cas de situation d’urgence ou d’indisponibilité de spécialistes, et, d’autre part, de nature psychologique, afin de leur faire prendre conscience du devenir de la personne handicapée âgée.

5 500 places de Ssiad

Un deuxième aspect vise à développer les accueils temporaires et de répit. Calqués sur les plateformes de répit pour les personnes atteintes de la pathologie d’Alzheimer, ces services répondent aux besoins des aidants de faire une pause et à la nécessité pour la personne handicapée âgée d’observer une transition, en douceur, vers la structure spécialisée, sous la coordination des intervenants habituels à domicile.

Par ailleurs, d’aucuns appellent de leurs vœux un recours à des formules pluridisciplinaires, sur le modèle des équipes mobiles de gériatrie et de soins palliatifs. Une autre solution est l’adaptation, en termes d’attributions et de moyens, des services à domicile tels que les Saad, SAVS, Samsah, Spasad et autres Ssiad – le rapport cite 112 500 places de services de soins infirmiers à domicile, dont 5 500 pour les personnes handicapées. Invité à Pont-l’Abbé par la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie de Bretagne, dont l’un des membres a contribué au rapport national, Patrick Gohet espère désormais la transformation de ce travail en mesures législatives. « Il faut que les pouvoirs publics s’emparent des analyses et des préconisations, dit-il. Le relais doit être pris par les acteurs de la société civile. »

(1) “L’avancée en âge des personnes handicapées”, téléchargeable sur le site du ministère : www.social-sante.gouv.fr (onglet documentation – publications).

(2) Établissement et service d’aide par le travail (Esat).