Le zona au programme ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 302 du 01/04/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 302 du 01/04/2014

 

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LAURE DE MONTALEMBERT  

FORUM > Une entrée du vaccin contre le zona dans le calendrier vaccinal pourrait-elle avoir une influence sur l’activité infirmière ? On en a débattu en février à Marseille.

La place de l’Idel dans les réformes du système de santé, les nouveaux modes d’exercice, les Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer, les nouveaux anti-thrombiniques, voilà quelques-uns des sujets abordés lors du 1er Forum de l’infirmière libérale en Paca, organisé début février à Marseille par l’Union régionale des professionnels de santé infirmiers, en partenariat avec notre magazine. Plus de 500 personnes y ont réfléchi et même ri, grâce aux Bataclowns, duo délirant et subtil.

Convaincre les médecins

Parmi les conférences, celle évoquant une possible évolution des actes de vaccination par les infirmières libérales a particulièrement intéressé le public. À l’heure actuelle, les Idels ne peuvent vacciner leurs patients que sur prescription médicale. Or le Dr Didier Seyler, médecin responsable du centre de vaccination de la ville de Marseille, verrait d’un œil très favorable la mise en place d’une prescription infirmière pour certaines vaccinations. « Les infirmiers libéraux s’occupent d’une portion de la population plutôt âgée. Avec l’arrivée du vaccin contre le zona dans le calendrier vaccinal*, ils pourraient avoir un rôle essentiel, dans la mesure où la fréquence de cette pathologie augmente avec l’âge, la majorité des personnes atteintes ayant entre 65 et 71 ans », explique-t-il.

Une idée pas forcément facile à appliquer, les médecins étant souvent prompts à s’émouvoir lorsque les actes leur étant dévolus sont ouverts à d’autres professions soignantes. « Soit les pouvoirs publics font comme pour la grippe et prennent une décision gouvernementale centralisée sans concertation, soit ils créent un protocole de coopération HAS [Haute Autorité de santé] avec un système déléguant-délégué sur la base du volontariat. » La seconde solution est évidemment plus propice à l’adhésion des médecins, estime Didier Seyler, avant de préciser : « L’objectif est d’améliorer la couverture vaccinale, ce n’est pas de faire vacciner par des infirmières des gens qui le seraient normalement par leur médecin. »

“Détourner” un AMI »

Mais alors quid de la rémunération ? La question a été posée par un participant. « Nous avons deux pistes de réflexion en Paca, répond le médecin. On pourrait “détourner” un AMI existant déjà, ce qui créerait une cotation par assimilation aux alentours de 10 euros. On pourrait également mettre en place un dispositif médico-économique pour évaluer les protocoles. Celui-ci en financerait les à-côtés, comme la formation par exemple, et paierait les délégués comme les délégants. Mais ce ne sont encore que des pistes », précise-t-il. Du côté des médecins, quelques idées permettraient de mettre de l’huile dans les rouages du projet. Parmi celles-ci, une meilleure rémunération des tâches complexes et chronophages a été demandée par les syndicats médicaux. Une question à suivre de très près. Une réunion régionale de deux heures sur le sujet aura d’ailleurs lieu à Marseille le 14 ou le 17 avril prochain avec le Dr Seyler. Qui conclut : « Les infirmiers ont un rôle essentiel à jouer dans le domaine de la santé publique ! »

* La vaccination contre le zona chez les adultes âgés de 65 à 74 ans a été recommandée par le Haut Conseil de la santé publique le 25 octobre dernier (cf. bit.ly/1h28lMO).