Les contraceptions non hormonales - L'Infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

Gynécologie

Cahier de formation

LE POINT SUR

ANNE-GAËLLE HARLAUT  

Par choix ou en raison de contre-indications particulières, certaines femmes se tournent vers une méthode de contraception non hormonale. L’éventail de choix est large, guidé par les préférences des couples. Mais gare aux différences d’efficacité !

Méthodes « barrières »

Le DIU au cuivre

C’est un dispositif intra-utérin (DIU) composé d’un support en plastique entouré d’un fil de cuivre. Plusieurs tailles existent (en moyenne de 3,5 cm) pour s’adapter à la taille de la cavité utérine. La durée d’efficacité varie de quatre à dix ans selon les modèles. Le dispositif et sa pose sont pris en charge par l’Assurance maladie.

→ Mode d’action : le cuivre altère les spermatozoïdes par effet cytotoxique et pourrait exercer un effet inflammatoire sur l’endomètre.

→ Indication : méthode contraceptive régulière de première intention, y compris chez les nullipares. Ce type de DIU est également utilisé en contraception d’urgence jusqu’à cinq jours avec un taux d’efficacité supérieur à 99 %.

→ Efficacité?* : taux de grossesses au cours de la première année estimé à 0,7 % en moyenne.

→ Principaux effets indésirables : métrorragies (saignements en dehors des règles), ménorragies (règles abondantes et prolongées), douleurs des règles, risque d’expulsion (dans les premiers mois surtout).

À savoir : contrairement à l’idée reçue, l’utilisation d’anti-inflammatoires de façon ponctuelle n’altère pas l’efficacité.

Les préservatifs

Les préservatifs sont des gaines à usage unique en latex ou polyuréthane (préservatif masculin) ou en nitrile (So Sexy, seul préservatif féminin commercialisé). Ils ne sont pas remboursés.

→ Mode d’emploi : le masculin se déroule sur le pénis en érection jusqu’à sa base avant pénétration, le féminin comporte un anneau interne qui se glisse à l’intérieur du vagin (l’anneau externe reste à l’extérieur) jusqu’à huit heures avant un rapport.

→ Indication : seules méthodes de protection contre les infections sexuellement transmissibles, les préservatifs sont utilisés seuls ou associés à une autre méthode.

→ Efficacité : taux de grossesses estimé à 2 % en utilisation correcte et 15 % en utilisation courante (erreurs de manipulation) pour le masculin et respectivement 5 % et 21 % pour le féminin.

→ Interactions : le latex est contre-indiqué avec les lubrifiants gras et la plupart des traitements locaux internes comme les antifongiques (risque de rupture).

À savoir : les deux méthodes ne doivent pas être utilisées ensemble. En cas d’allergie au latex, préférer les préservatifs en polyuréthane.

Les spermicides

Sous forme de crème, capsules molles vaginales ou ovules, ils contiennent un antiseptique type ammonium quaternaire qui détruit les spermatozoïdes. Ils ne sont pas remboursés.

→ Mode d’emploi : appliqués au fond du vagin avant chaque rapport, les spermicides ont un délai d’action immédiat ou retardé de cinq à dix minutes qui dure de quatre à dix heures selon les produits (Pharmatex, Alpagelle).

→ Efficacité : 18 % en utilisation correcte et 29 % en utilisation courante.

→ Indications : utilisés seuls ou associés à une autre méthode barrière. Réservés aux femmes qui acceptent un risque de grossesse.

→ Effets indésirables : possible sensation d’irritation locale, surtout en utilisations répétées. Contre-indiqués en cas de lésions génitales.

À savoir : leur utilisation est déconseillée avec les traitements par voie vaginale qui risquent de les inactiver. De même avec les savons : toilette à l’eau claire avant la pose et jusqu’à huit heures après le rapport.

La cape cervicale et le diaphragme

Dispositifs en silicone en forme de coupelle, réutilisables, glissés dans le vagin au contact du col de l’utérus. Femcap, seule cape commercialisée, existe en plusieurs tailles. Seuls les diaphragmes, de taille unique (Caya Contoured Diaphragm) ou variables (Diaphragme Milex), bénéficient d’une prise en charge (3,14 euros) sur prescription médicale.

→ Mode d’emploi : la détermination de la taille et la première pose nécessitent l’intervention d’un médecin ou d’une sage-femme. La cape est posée au moment du rapport ou jusqu’à deux heures avant puis laissée en place pendant huit heures au moins. Le diaphragme est laissé en place pendant six heures au moins. Ils peuvent être utilisées avec un spermicide.

→ Efficacité : le taux de grossesses annuel pour la cape est estimé par le fabricant entre 10,5 à 14 %. Pour le diaphragme, l’OMS avance un taux de 6 % en utilisation correcte et de 12 % en utilisation courante.

→ Indications : femmes à l’aise avec leur corps, pour qui une grossesse n’est pas totalement exclue du fait d’une efficacité aléatoire.

→ Contre-indications : prolapsus, infections génito-urinaires répétées, accouchement depuis moins de six semaines, utérus rétroversé, cancer du col de l’utérus.

Méthodes naturelles

Méthodes “d’observation”

La méthode Ogino est l’abstinence pendant les jours théoriquement fertiles (autour du quatorzième jour si le cycle est régulier). La méthode des températures est basée sur l’augmentation de 0,2 à 0,4 °C de la température corporelle matinale lors de l’ovulation. La méthode de Billings prend en compte les modifications de consistance de la glaire cervicale avant ovulation. Toutes sont d’une efficacité aléatoire (taux de grossesses annuel estimé entre 20 et 24 %).

Le moniteur de contraception

Clearblue Moniteur de contraception est un mini-ordinateur permettant, grâce au dosage urinaire d’œstradiol et d’hormone lutéinisante, de détecter les périodes fertiles du cycle. Ni l’appareil, ni les tests, ne sont remboursés.

→ Efficacité : évaluée par le fabricant à 94 % (soit six femmes sur cent enceintes en un an).

→ Mode d’emploi : pour le premier cycle, seize tests urinaires sont réalisés chaque jour dès le premier jour puis huit tests avant la date théorique d’ovulation pour les cycles suivants.

→ Contre-indications : cycles irréguliers, pré-ménopause, allaitement, syndrome des ovaires polykystiques, traitement par tétracyclines ou hormonaux qui perturbent les tests.

La méthode Mama

La Méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (Mama) s’appuie sur l’effet contraceptif de l’allaitement. L’efficacité est de 98 % si les conditions suivantes sont respectées : allaitement exclusif jour et nuit, six à dix tétées au moins par jour, intervalle maximum de quatre heures entre les tétées diurnes et six heures entre les nocturnes, pas de retour de couche, enfant de moins de 6 mois.

* L’OMS utilise le taux de grossesses accidentelles au cours de la première année d’utilisation pour classifier les méthodes : très efficace si le taux est inférieur à 1, efficace entre 1 et 9, modérément efficace entre 10 et 25, moins efficace entre 26 et 32.

Après les contraceptions hormonales hors pilule, nous poursuivons ici notre tour d’horizon des stratégies contraceptives.

La stérilisation à visée contraceptive

Depuis 2001, la loi française autorise les interventions chirurgicales à visée contraceptive. Trois méthodes sont disponibles :

→ la vasectomie pour l’homme (ligature des canaux déférents) sous anesthésie locale. La stérilisation est effective après trois mois ;

→ la ligature des trompes : par voie abdominale, vaginale ou cœlioscopique, sous anesthésie générale, elle nécessite une hospitalisation d’un à deux jours mais est immédiatement efficace ;

→ la méthode “Essure” : obturation des trompes par pose d’un implant local via hystéroscopie (voies naturelles), sans anesthésie générale. La stérilisation est effective après trois mois.

Conditions : délai de réflexion de quatre mois obligatoire ; demande en nom propre uniquement et consentement éclairé par écrit ; être majeur.

Efficacité : elle n’est pas garantie à 100 % (taux de grossesses annuel proche de 0,5 % selon l’OMS). Il faut considérer ces méthodes comme définitives : si des chirurgies réparatrices existent, le retour d’une éventuelle fécondité n’est pas garantie.