Donner des conseils aux patients - L'Infirmière Libérale Magazine n° 299 du 01/01/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 299 du 01/01/2014

 

Cahier de formation

Savoir faire

Le médecin a prescrit à Monsieur P. des examens pour évaluer son taux de fer, car il se plaint d’une fatigue presque constante, et sa sœur est atteinte d’hémochromatose. Vous voyez sur sa table un tube de vitamine?C qu’il utilise en automédication pour lutter contre la fatigue.

Vous l’informez que, si les examens devaient révéler un problème d’absorption du fer liée à une hémochromatose, ce qui expliquerait la fatigue, la consommation de vitamine C sous forme pharmaceutique ou d’aliments enrichis devra être évitée, car elle favorise l’absorption du fer.

CONSOMMATION DE FER DANS L’ALIMENTATION

Pas de régime strict

Habituellement, un surplus de fer dans l’alimentation est excrété dans les intestins. En cas d’hémochromatose, le fer est absorbé et emmagasiné dans les organes et les tissus, même lorsque les besoins du corps sont comblés. La surcharge en fer est alors traitée par des saignées (ou phlébotomies).

Toutefois, quelques adaptations nutritionnelles peuvent également contribuer à la gestion de la maladie, sachant que les modifications du régime alimentaire n’ont qu’une influence minime (diminution de 14 à 28 mg du taux de fer par semaine pour une diète faible en fer) en comparaison des saignées (250 mg par semaine). Aucun régime alimentaire n’est recommandé pour optimiser le traitement, ni pour espacer le rythme des saignées.

Éviter les aliments enrichis en fer

Il existe deux types de fer dans notre alimentation. Le fer héminique d’origine animale (viande, volaille et poisson) est celui qui est le mieux absorbé par notre corps comparativement au fer non héminique d’origine végétale.

En général, les viandes rouges contiennent des quantités plus élevées de fer héminique que la volaille ou le poisson, mais les abats, huîtres et moules sont les plus grandes sources de fer héminique.

Les aliments naturellement riches en fer facilement assimilables à limiter un peu sont le vin, le boudin noir, les abats, les viandes rouges, les coquillages, les fruits oléagineux (amandes…) et les légumes secs (lentilles…) ou le cacao.

Les aliments enrichis ou supplémentés en fer ne devraient pas être consommés. Il s’agit essentiellement de certaines céréales, boissons et barres énergétiques contenant parfois de grandes quantités de fer.

Éviter les suppléments de vitamine C

Les fruits et légumes frais contenant de la vitamine C ne doivent pas être écartés, car ils sont des constituants essentiels d’une alimentation équilibrée (sachant que la cuisson réduit la teneur en vitamine C).

Il n’est pas non plus nécessaire de limiter la consommation de légumes et fruits riches en vitamine C, comme les poivrons rouges, les kiwis, les oranges ou le brocoli, qui seront consommés de préférence entre les repas.

En revanche, les aliments industriels enrichis en vitamine C (boissons énergisantes, jus de fruits…), les suppléments de multivitamines contenant du fer et la vitamine C sous forme pharmaceutique doivent être évités.

LIMITER LA CONSOMMATION D’ALCOOL

La consommation d’alcool doit être contrôlée en raison de sa toxicité hépatique et cardiaque, qui risque d’aggraver ou de favoriser les complications (moins de neuf consommations par semaine pour les femmes, moins de quatorze pour les hommes).

Les personnes atteintes d’hémochromatose et qui présentent des concentrations d’enzymes hépatiques élevées ou des dommages au foie comme une cirrhose doivent complètement éviter l’alcool.

BOIRE DU THÉ

Boire du thé pendant un repas diminuerait l’absorption du fer. Notamment en raison des tanins (polyphénols) que l’on retrouve dans le thé et, dans une moindre mesure, dans le café.

Traditionnellement, on conseille donc aux patients de boire une ou deux tasses de thé bien infusé au cours du repas.

CONTRACEPTION

L’adoption d’un moyen de contraception qui diminue ou stoppe les menstruations (dispositif intra-utérin hormonal, implant…) n’est recommandée que si les règles sont très abondantes, car, associées aux saignées, il y a alors un risque d’anémie.

Si une patiente opte pour ce choix, il peut être nécessaire d’adapter la fréquence des saignées en conséquence.