Une économie à inventer - L'Infirmière Libérale Magazine n° 291 du 01/04/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 291 du 01/04/2013

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

GÉRONTOTECHNOLOGIES → Sept sous-groupes de travail planchent depuis fin janvier sur le développement d’une économie du vieillissement. Trois d’entre eux ont rendu leur copie le 22 février. Leurs propositions alimenteront les arbitrages ministériels en vue du projet de loi sur la dépendance attendu en fin d’année.

La France parviendra-t-elle à se doter d’une filière gérontotechnologique, comme il en existe aux États-Unis ? Si chacun pressent que les technologies d’aide à l’autonomie constituent l’une des réponses au défi de la dépendance liée à l’âge, « l’offre peine à rencontrer la demande », constate dans une note de synthèse remise au cabinet de Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie, l’un des sept sous-groupes de travail sur le développement d’une économie du vieillissement. Et le groupe de proposer « plusieurs actions visant à stimuler la demande de solutions technologiques pour l’autonomie » : il faut d’abord « faciliter l’expression des besoins et leur intégration dans la conception de l’offre », en faisant en sorte que les concepteurs de solutions entendent davantage la voix des usagers. D’où la proposition de « développer des laboratoires vivants au sein desquels usagers, aidants et personnel soignant seraient fortement impliqués ».

Habitat “intelligent”

Il faudrait aussi anticiper l’évolution des besoins. « La prévention des niveaux Gir 2 et 3 est actuellement absente de notre système de santé », constate le groupe de travail, qui suggère de pré-équiper des logements en vue de l’installation ultérieure progressive de solutions domotiques. De même, un pré-équipement des logements en technologies du numérique très haut débit permettrait de développer l’habitat “intelligent”, et favorisant le déploiement à domicile de téléservices en santé, confort, sécurité, sans oublier le lien social à distance. Le groupe propose la mise en place d’une norme d’habitabilité des logements et le lancement d’un plan national d’adaptation des lieux de vie aux personnes âgées.

La qualité des solutions gérontotechnologiques doit être garantie, a fortiori si des fonds publics sont amenés à les financer. Il est donc « essentiel » d’en mesurer l’« impact socio-médico-économique », estime le groupe. « Ce marché a besoin de confiance pour se développer : le bénéficiaire et sa famille attendent d’être protégés, conseillés, rassurés », notent les experts, qui plaident pour la labellisation par « une autorité reconnue », comme le CNR Santé.

Mise à disposition

Dans une optique de maintien à domicile, l’offre devrait être centrée sur les services. Le groupe propose de favoriser la mise à disposition plutôt que l’achat des aides techniques par les utilisateurs, insatisfaisant « en termes économiques et écologiques ». La chaîne pourrait dès lors être la suivante :

→ une prescription de mise à disposition par un prescripteur formé et compétent ;

→ un financeur qui peut être l’Assurance maladie et les complémentaires et/ou l’Apa pour ceux qui en relèvent déjà ou encore l’ARDH pour les Gir 5-6 sortant de l’hôpital ;

→ un prestataire exécutant la prescription de mise à disposition (Una, ADMR, Spasad) ;

→ un sous-traitant du prestataire assurant la livraison, la mise en service, le SAV, la récupération et la remise à neuf du produit à la fin de la période de mise à disposition.

Pour qu’une filière émerge, encore faut-il informer les personnes âgées et leurs aidants ainsi que les professionnels de santé de l’offre disponible, d’où la proposition de créer « un site national » à cet effet et de « développer des moyens de formation pour le personnel de santé ». À l’exception des ergothérapeutes, peu nombreux, les professionnels de santé « sont très peu sensibilisés aux technologies de l’autonomie et ont peu de temps pour en prôner l’usage auprès des personnes âgées », note le groupe, qui plaide pour « leur donner une formation accélérée, un cadre réglementaire (éducation thérapeutique) et peut-être des moyens de gagner du temps (e-learning) ».

Un projet dans le Val-de-Marne

Le projet Shlatame *, porté par le pôle Allongement de la vie Charles Foix et le conseil général du Val-de-Marne, propose de mettre en place une telle chaîne. Il vise à réduire le risque de chute et de perte d’autonomie chez les personnes âgées en sortie d’hospitalisation par la prescription individualisée d’aides technologiques. Les personnels de santé seront formés à l’utilisation du matériel et les patients auront la possibilité de l’essayer avant de sortir de l’hôpital.

Sorties d’hôpital – location d’aides technologiques pour l’autonomie motrice et l’équilibre.