La rhinite allergique saisonnière - L'Infirmière Libérale Magazine n° 291 du 01/04/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 291 du 01/04/2013

 

Pathotologie

Cahier de formation

LE POINT SUR

La rhinite allergique saisonnière est une pathologie fréquente, le plus souvent bénigne mais qui peut être très gênante. La prise en charge fait appel aux anti-H1 par voie générale et aux traitements locaux.

Définition

La rhinite allergique est liée à une inflammation de la muqueuse naso-sinusienne, déclenchée par le contact avec un ou plusieur(s) allergène(s) au(x)quel(s) le patient est déjà sensibilisé. Dans le cas du rhume des foins (ou rhinite allergique saisonnière), les symptômes sont déclenchés par l’inhalation de pollens d’arbres (bouleau, aulne, charme, thuya, cyprès…), de graminées (blé, avoine, etc.) ou d’herbes (ambroisie, fleurs de champs…).

→ Le plus souvent, les symptômes sont présents moins de 4 semaines d’affilée dans l’année : on parle de rhinite allergique “intermittente”. La rhinite allergique est dite “persistante” lorsque les symptômes se prolongent au-delà de 4 semaines.

→ Il existe de nombreuses autres causes de rhinite allergique liées à des allergènes domestiques (acariens, moisissures), professionnels (farine, solvants…) ou d’animaux.

Signes cliniques

→ Les signes cliniques caractéristiques d’une rhinite allergique sont des éternuements, une rhinorrhée claire, un prurit et une obstruction nasale. S’y ajoutent souvent des démangeaisons oculaires et un larmoiement. L’existence d’un terrain atopique, personnel ou familial, les circonstances d’apparition des symptômes (balade à la campagne, jardinage…) et leur caractère saisonnier suffisent généralement à poser le diagnostic de rhinite allergique saisonnière aux pollens.

→ Les symptômes varient d’un jour à l’autre chez un même patient en fonction de la concentration des pollens (selon les conditions atmosphériques). Ils peuvent parfois entraîner un inconfort important se répercutant sur la qualité de vie : troubles du sommeil, fatigue, difficulté de concentration, gêne des activités professionnelles et de loisir.

→ Les tests cutanés d’allergie sont destinés à rechercher le ou les allergène(s) responsable(s). Dans le cadre du rhume des foins, ils sont surtout utiles quand une désensibilisation spécifique est envisagée.

Évolution et complications

La pathologie apparaît en général dans l’enfance avec un pic de fréquence à l’adolescence et chez les jeunes adultes. Elle diminue spontanément, voire disparaît avec le temps chez plus de la moitié des patients.

Un asthme est associé à la rhinite allergique saisonnière chez environ 20 % des patients.

Prise en charge

Traitements médicamenteux

Les traitements sont symptomatiques. Leur choix dépend de la sévérité des symptômes, de leur persistance et de l’efficacité des traitements précédents.

Antihistaminiques par voie orale

Les antihistaminiques de 2e génération (cétirizine dans Zyrtec, loratadine dans Clarityne, desloratadine dans Aerius), peu ou pas sédatifs, constituent le traitement de référence, efficace sur l’ensemble des symptômes (nasaux et conjonctivaux), mais un peu moins sur l’obstruction nasale.

À savoir : un effet sédatif est possible chez certains patients. Des études montrent que la loratadine semble moins sédative que la cétirizine. L’efficacité des antihistaminiques est meilleure s’ils sont prescrits en “présaisonnier”, avant le début des symptômes, et s’ils sont poursuivis tout au long de la période de pollinisation.

Les antihistaminiques de 1re génération (Polaramine, Primalan…) ne sont plus recommandés en raison de leurs effets indésirables (somnolence, sécheresse des muqueuses, constipation, risque de rétention aiguë d’urine, de glaucome par fermeture de l’angle…).

Traitements locaux par voie nasale

→ Les corticoïdes locaux (béclométasone dans Béconase, mométasone dans Nasonex, triamcinolone dans Nasacort) sont actifs sur tous les symptômes (nasaux et conjonctivaux), y compris l’obstruction nasale. Ils agissent rapidement (dans les 12 heures), avec un maximum d’efficacité dans les jours ou semaines suivantes.

À savoir : ils exposent parfois à des effets indésirables locaux (épistaxis, irritations nasales, céphalées. Au long cours, leurs effets indésirables liés à une diffusion systémique sont à prendre en compte : troubles cardiovasculaires, métaboliques (hyperglycémie…), aggravation d’un glaucome.

→ Le cromoglycate de sodium (Lomusol) et les antihistaminiques locaux (azélastine dans Allergodil), moins efficaces que les corticoïdes. Ils sont surtout actifs sur le prurit, les éternuements et la rhinorrhée.

À savoir : ils sont indiqués en cas de symptômes peu invalidants ou en relais des corticoïdes car bien tolérés au long cours.

Collyres

Si besoin, des collyres antihistaminiques (Allergodil, Levofree) ou à base de cromoglycate de sodium (Allergocomod, Cromabak, Opticron, Tilavist) sont proposés pour calmer les manifestations oculaires.

À savoir : les formes sans conservateurs (unidoses ou flacon muni d’un système filtrant) sont toujours privilégiées, car ces derniers (notamment le chlorure de benzalkonium) sont irritants et peuvent se montrer allergisants.

Autres traitements

Les corticoïdes par voie générale sont indiqués en cure courte (7 jours) dans les formes sévères non améliorées par les traitements précédents.

Désensibilisation

Dans le cas du rhume des foins, elle est proposée aux patients présentant des symptômes sévères chaque année, non soulagés par les traitements symptomatiques et lorsqu’un allergène bien identifié est en cause (graminées, bouleau, ambroisie…).

→ Par voie sous-cutanée, elle consiste à injecter une à deux fois par semaine une dose croissante de l’allergène jusqu’à un palier maintenu pendant deux ou trois ans (les injections sont alors plus espacées). Après chaque injection, le patient doit rester en observation au moins 30 minutes dans le cabinet du médecin (en raison d’un risque de réaction anaphylactique).

→ Par voie sublinguale, à l’aide de préparations non médicamenteuses (“allergènes préparés spécialement pour un seul individu”, Apsi) ou, chez les patients allergiques aux pollens de graminées, à l’aide de comprimés sublinguaux (Grazax, Oralair) à prendre quotidiennement. La première prise nécessite une surveillance médicale. En cas d’amélioration des symptômes, le traitement est poursuivi trois ans.

Pour suivre ville par ville le contenu pollinique de l’air, aller sur www.pollens.fr.

Accompagner le patient

→ Pour optimiser l’action des traitements locaux, il faut laver le nez et les yeux (par exemple au sérum physiologique) avant administration du traitement de l’allergie (pulvérisation nasale ou collyre) pour éliminer un maximum d’allergène présent sur les muqueuses.

→ Limiter dans la mesure du possible l’exposition à l’allergène : éviter de sortir par temps chaud et sec. Juste après la pluie, l’air contient moins de pollens. En voiture, fermer les vitres et les entrées d’air (climatisation, ventilation…). Éviter de jardiner pendant la saison pollinique, sinon porter lunettes et masque de protection.

→ Une fois à domicile, changer ses vêtements et se doucher (y compris les cheveux) pour diminuer la concentration en allergène sur son corps. Aérer la maison brièvement en l’absence de vent. Dormir la fenêtre fermée.