Première salve des salles de shoot - L'Infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

EXPÉRIMENTATION → Des salles de shoot pourraient être ouvertes d’ici à la fin du mois de décembre. Des experts de la réduction des risques s’y préparent, notamment à Paris, Bordeaux et Marseille.

« J’espère que des expérimentations pourront être annoncées avant la fin de l’année. » En prononçant ces mots sur BFM TV le 21 octobre dernier, la ministre de la Santé a provoqué une déferlante médiatique à propos des salles de shoot. Puis le soufflet est retombé. Mais pour peu de temps peut-être. Car les spécialistes de la réduction des risques continuent d’œuvrer, à commencer par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) à qui Marisol Touraine a demandé des propositions pour la mise en place de Salles de consommation à moindre risque (SCMR).

À cela s’ajoutent des initiatives locales qui n’attendent que le feu vert du ministère. D’autant que Marisol Touraine annonçait en octobre dernier qu’elle allait « travailler avec des municipalités qui sont prêtes à s’engager. Il y en a plusieurs, de droite comme de gauche ». Les communes candidates se sont déjà manifestées à travers la presse, à commencer par Paris, Bordeaux et Marseille. Dans la cité phocéenne, un groupe d’experts locaux, initié par la mairie, a d’ailleurs publié les résultats d’une enquête menée entre 2010 et 2012. Ces documents, sur www.dadd-paca.org, offrent un état des lieux local et des recommandations pour un cahier des charges en vue de la mise en place d’une salle de consommation supervisée.

Plusieurs pistes

Parmi les préconisations listées, les auteurs de l’étude considèrent que « l’équipe [chargée de superviser la salle, ndlr] doit réunir a minima un chef de service, un ou des infirmiers, un ou des éducateurs spécialisés, un médecin […]. Néanmoins, dans la salle de consommation et à chaque administration de produit, un infirmier doit obligatoirement être présent ». Si la municipalité se montre prête à conduire une telle expérimentation (lire encadré), plusieurs défis restent à relever. « On se heurte à deux problématiques : les rapports avec le monde hospitalier et le budget », note le Dr Marie-Laure De Séverac, déléguée en Paca pour le groupe SOS. En toile de fond se dessine un débat sur la sécurité aux abords des salles de shoot. Pas de quoi inquiéter Jean-Marie Le Gall, responsable du secteur innovation et recherche à Aides, qui évoque les dispositifs d’accompagnement et d’éducation aux risques liés à l’injection, portés par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS). « Cela fait un an qu’ils existent, rappelle-t-il. Il y en a huit en France, et on n’a pas de problème de voisinage ! »

Polémique à Marseille

Marseille affiche une action volontariste en matière de réduction des risques. Elle s’est en effet dotée depuis près de quinze ans d’une Mission sida toxicomanie et prévention des conduites à risques. De quoi préparer l’expérimentation d’une salle de consommation supervisée. C’est d’ailleurs la mairie (UMP) qui a impulsé la création d’un groupe d’experts locaux, conduit par l’adjoint au maire Patrick Padovani, afin d’en étudier la faisabilité. Cette démarche soulève toutefois une petite polémique dans les rangs de la majorité. Ainsi Guy Tessier, maire des IXe et Xe arrondissements de la ville, a-t-il d’ores et déjà annoncé son refus d’ouvrir une salle dans son secteur.