Les autotensiomètres - L'Infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012

 

Un appareil

Cahier de formation

LE POINT SUR

L’autotensiomètre permet la mesure de la pression artérielle à domicile par le patient lui-même ou une personne de son entourage. C’est un outil d’éducation reconnu qui améliore l’observance du traitement antihypertenseur.

Utilités

→ Aide au diagnostic de l’hypertension artérielle (HTA) dans certains cas, en particulier lors de la suspicion d’une HTA “blouse blanche” (déclenchée par le stress lié à la présence du soignant). Par ailleurs, de nombreux éléments pouvant faire varier la pression artérielle (café, alcool, émotion…), des contrôles répétés donnent un meilleur aperçu de sa valeur “réelle”.

→ Meilleure observance du traitement : l’automesure est une manière d’impliquer le patient dans son traitement et d’améliorer ainsi l’observance. Elle peut permettre aussi une meilleure adaptation du traitement antihypertenseur.

→ Éducation du patient : l’achat, l’utilisation d’un autotensiomètre et le dialogue autour des résultats des mesures sont l’occasion pour un professionnel de santé de rappeler les objectifs du traitement et le suivi des règles hygiéno-diététiques du risque vasculaire.

Valeurs de la pression artérielle à atteindre en automesure

L’HTA est définie par une pression artérielle systolique supérieure ou égale à 140 mmHg et/ou une pression artérielle diastolique supérieure ou égale à 90 mmHg, lors de mesures répétées effectuées au cabinet médical.

En automesure, les valeurs 135/85 mmHg sont considérées comme étant la limite supérieure de la normalité (au vu d’une évaluation statistique). Chez le sujet diabétique et chez l’insuffisant rénal, les objectifs tensionnels à atteindre sont différents : la valeur limite supérieure étant de 130/80 mmHg.

Choix d’un autotensiomètre

En France, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) publie sur son site Internet (www.ansm.sante.fr) une liste des appareils conformes aux protocoles d’évaluation. Bien que non exhaustive (certains appareils, déjà validés par des expertises fiables comme celle de la BHS – British Hypertension Society –, ne figurent pas encore sur la liste de l’ANSM), cette liste peut servir de référence, de même que celles proposées sur le site du Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (www.comitehta.org).

Deux types de tensiomètres validés

Tensiomètres huméraux

Ils fonctionnent généralement avec un brassard de taille standard (circonférence de bras entre 22 et 32 cm). Certains modèles proposent des brassards adaptés aux personnes obèses, aux bras fins et même aux nourrissons.

Tensiomètres poignet

Ils peuvent couvrir une circonférence de poignet allant de 12,5 à 22,5 cm. Ils sont souvent plébiscités par les utilisateurs car peu encombrants et pratiques d’utilisation (enfilage rapide).

Fiabilité

→ À condition que les modalités d’utilisation propres à chacun de ces appareils soient respectées, ils offrent une précision comparable.

→ Toutefois, à l’usage, il est constaté que les tensiomètres de poignet sont à l’origine de nombreuses erreurs de positionnement. Les appareils avec brassard huméral sont donc souvent qualifiés de plus fiables.

Caractéristiques

→ Communes : tous possèdent un ou plusieurs jeux de mémoire (permettant le recueil des mesures par plusieurs utilisateurs) et indiquent les pulsations cardiaques.

→ Spécifiques : certains affichent un symbole en cas de détection d’arythmies (pouls irréguliers), la mesure pouvant alors être erronée. Certains détectent des mouvements et/ou des problèmes de positionnement du bras ou du poignet, sont pourvus d’un grand écran et/ou de gros caractères, possèdent une station d’accueil (pour iPhone par exemple)…

En pratique

Bien positionner l’appareil

→ Tensiomètres huméraux : le brassard doit être adapté à la circonférence du bras. Il doit être positionné à 2 doigts du pli du coude. Le bras doit être à hauteur du cœur durant la prise de la mesure (posé sur une table).

→ Tensiomètres poignet : l’écran est positionné côté paume (non comme une montre), à hauteur du cœur durant la prise de mesure. Pour respecter cette condition, on peut par exemple proposer de placer la main portant le tensiomètre sur l’épaule opposée.

Prendre les mesures au bon moment

Sauf indications spécifiques du médecin, il est inutile de prendre sa tension artérielle chaque jour ni à plusieurs reprises dans la journée.

→ Il est recommandé de réaliser deux mesures, le matin et le soir (avant la prise de médicaments), à heure régulière, trois jours de suite. Ces prises de mesure peuvent par exemple être réalisées juste avant une visite prévue chez le médecin de manière à contrôler les résultats. Le rythme des mesures est aussi adapté à chaque situation : espacé en cas d’HTA équilibrée, plus rapproché (par exemple 1 à 2 fois par semaine) lors des changements de traitement.

→ Pour chaque mesure (celle du matin et celle du soir), il faut répéter la manœuvre trois fois de suite à 1 ou 2 minutes d’intervalle, de manière à obtenir une moyenne (certains appareils le font automatiquement et calculent une moyenne pondérée).

Après 5 minutes de repos

La prise de mesure doit s’effectuer dans un endroit calme et peu bruyant, en position assise, après au moins 5 minutes de repos.

→ Il faut éviter la consommation de caféine et les exercices physiques intenses peu de temps avant la prise de la mesure.

→ Il ne faut ni parler ni bouger ni regarder la télévision durant la prise de la tension.

→ Inutile de mesurer la tension juste après un stress, une émotion forte ou en cas de maux de tête. En revanche, en cas de survenue d’un malaise, il peut être utile de mesurer la pression artérielle pour mettre en évidence une éventuelle hypotension orthostatique.

Noter les résultats

→ Les résultats doivent être restitués avec précision au médecin (jours et heures), en s’aidant de la fonction mémoire des appareils ou en les retranscrivant à l’aide d’un relevé d’automesure (téléchargeable sur le site du Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle, www.comitehta.org, ou encore via Internet pour certains appareils).

→ En aucun cas le patient ne doit modifier son traitement de sa propre initiative.

Les limites de l’automesure

→ Certaines situations ou pathologies peuvent être à l’origine de mesures erronées. C’est le cas chez les enfants ou les personnes obèses ou maigres lorsque le brassard n’est pas adapté à la taille du bras, chez les patients atteints d’arythmie (certains autotensiomètres les signalent), chez ceux ayant des troubles cognitifs (dans cette situation, la mesure doit être prise par une personne de l’entourage).

→ L’effet potentiellement “anxiogène” de la prise de mesure doit être pris en compte : il peut être préférable d’éviter l’automesure à des patients anxieux.

Côté droit ou côté gauche

La pression artérielle doit en principe être mesurée aux deux bras (recommandations de la HAS).

→ En cas de différence significative, les mesures qui suivront devront être réalisées au bras où les valeurs les plus hautes sont constatées.

→ Dans les autres situations, on peut conseiller, pour des raisons pratiques, de mettre le brassard au bras gauche pour les droitiers et inversement.

Des conseils d’hygiène de vie

Les recommandations hygiéno-diététiques contribuent à réduire les chiffres tensionnels et agissent aussi sur les autres facteurs de risque cardiovasculaire. Profiter des conseils donnés sur l’automesure tensionnelle pour les évoquer :

→ arrêt du tabac,

→ réduction de la consommation de sel (pas plus de 6 g par jour) et d’alcool (maximum 3 verres par jour),

→ alimentation saine (fruits et légumes en quantité suffisante et limitation des graisses saturées…) et en quantité raisonnable,

→ activité physique régulière (marche quotidienne…).