La maladie cœliaque - L'Infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012

 

Une pathologie

Cahier de formation

LE POINT SUR

Différente de la sensibilité au gluten ou de l’allergie au blé, la maladie cœliaque, engendrée par l’intolérance au gluten, est largement sous-diagnostiquée. Or elle peut être invalidante, nuisant à une assimilation efficace des nutriments. Le seul traitement existant est le régime strict sans gluten à vie.

Le gluten et la maladie cœliaque

→ Le gluten est un complexe protéique présent dans le blé, le froment, le seigle, l’orge, l’épeautre et le kamut. En raison de sa structure particulière d’acides aminés, il contribue à donner de la consistance, de la friabilité et du croustillant aux aliments.

→ L’intolérance au gluten engendre la maladie cœliaque, qui est une entéropathie auto-immune chez des sujets génétiquement prédisposés. La maladie cœliaque provoque une destruction des villosités de l’intestin grêle (voir image ci-contre). Il s’ensuit une malabsorption des aliments, en particulier du fer, du calcium et de l’acide folique.

→ En Europe, entre 1 et 3 % de la population serait affecté par la maladie cœliaque. Mais seulement 10 à 20 % des personnes atteintes seraient aujourd’hui diagnostiquées.

Les symptômes

→ Les signes cliniques sont très variés, ce qui rend le diagnostic difficile : diarrhée chronique, asthénie, amaigrissement, douleurs abdominales, constipation, nausées et vomissements, œdèmes, retard de croissance…

→ « Il existe aussi des manifestations atypiques, indique le Pr Bruno Bonaz, gastroentérologue au CHU de Grenoble. Flatulences, anémie ferriprive, crampes, douleurs abdominales récidivantes, fausses couches à répétition, dermatite herpétiforme… »

→ Les manifestations gastroentérologiques sont les plus fréquentes et peuvent faire penser au Syndrome de l’intestin irritable (SSI)?: ballonnements, douleurs abdominales, diarrhées…

→ Des atteintes ostéo-articulaires surviennent parfois, ainsi que des manifestations neurologiques : épilepsie, migraine, anxiété et syndrome dépressif.

L’établissement du diagnostic

Dans un premier temps, des tests sérologiques doivent être pratiqués pour détecter les taux d’anticorps anti-endomysium et anti-transglutaminase. Ensuite, en fonction des résultats, une gastro-endoscopie avec biopsie est réalisée, permettant de poser le diagnostic avec précision. Celui-ci est confirmé par une rémission des symptômes après la mise au régime sans gluten.

Le traitement : le régime strict sans gluten

Il n’existe aujourd’hui aucun traitement médicamenteux. Le seul traitement de la maladie cœliaque consiste à supprimer strictement le gluten de l’alimentation, à vie. Et ce, afin que la quantité de gluten ingérée soit inférieure à 50 mg par jour (soit un sixième d’une tranche de pain…). Sachant qu’un régime européen moyen inclut de 10 à 20 g de gluten par jour, on mesure la difficulté de la tâche. Non seulement il faut bannir le pain, les pâtes, les biscuits et les gâteaux à base de blé, mais il faut aussi veiller à la présence de gluten en tant qu’additif ou agent de texture dans la nourriture industrielle.

La lecture des étiquettes

La directive européenne 2007/68/CE admet que le blé est un allergène majeur. Sa présence doit donc être déclarée dans l’étiquetage. Même pour un produit fabriqué sans blé, une contamination est possible lors de la production. L’étiquette mentionne alors “peut contenir des traces de gluten”.

Le règlement européen n° 41/2009 a fixé la teneur en gluten à ne pas dépasser à 20 mg/kg. Les produits dont la teneur est en dessous de ce seuil peuvent afficher la mention “sans gluten” ainsi que le logo représentant un épi de blé barré dans un cercle. Ceux-ci garantissent un produit fini non contaminé et contenant moins de 20 mg/kg. Les produits contenant entre 21 et 100 mg/kg affichent la mention “très faible teneur en gluten”.

La diététique

La diététique représente souvent un énorme défi à relever.

→ Le patient doit éviter le plus possible les aliments industriels ou tout préparés. Il a intérêt à privilégier la cuisine maison. Les céréales autorisées sont le maïs, le sarrasin, le quinoa, l’amarante.

→ Pour les enfants, la mise en place d’un PAI (Projet d’accueil individualisé) à l’école est conseillée.

→ Les patients peuvent trouver un soutien précieux auprès de l’Afdiag (Association française des intolérants au gluten).

→ Aujourd’hui, on trouve des rayons “sans gluten” dans tous les magasins bio, et de plus en plus dans les supermarchés.

→ Il faut savoir que les malades cœliaques peuvent bénéficier d’une prise en charge de produits alimentaires sans gluten par l’Assurance maladie à hauteur des 65 % d’une somme de 45,73 euros par mois (65 % de 33,54 euros par mois pour les enfants de moins de 10 ans).

L’éducation thérapeutique

Le rôle des soignants – gastro-entérologue et diététicien – est primordial pour aider le patient à suivre un régime strict sans gluten, sans se décourager, ni souffrir d’un sentiment d’exclusion. Car le patient peut avoir tendance à décliner un certain nombre d’invitations, au départ. Une évaluation régulière de l’observance du régime doit être effectuée, à partir des résultats des anticorps et de la biopsie. Il faut aussi proposer des astuces pour permettre au malade de poursuivre une vie sociale normale. Exemple : avoir toujours sur soi des produits sans gluten (pain, galettes de maïs…), avant de partir en vacances, se renseigner sur les magasins bio, l’adresse locale de l’association de patients…

Sensibilité au gluten et allergie au blé

En marge de la maladie cœliaque, une autre pathologie a été récemment identifiée : la sensibilité au gluten (gluten sensibility). Les symptômes, proches du Syndrome de l’intestin irritable, sont améliorés par un régime sans gluten, même non strict. Les marqueurs sérologiques sont le plus souvent négatifs et la paroi intestinale n’est pas endommagée. Certains chiffres suggèrent que ce trouble serait plus fréquent que la maladie cœliaque (6 % de la population).

Quant à l’allergie au blé, elle peut être de deux types : alimentaire ou respiratoire. L’allergie respiratoire apparaît après l’inhalation de farine de blé (“asthme du boulanger”). L’allergie alimentaire est provoquée par l’ingestion d’aliments contenant du blé et provoque nausées, vomissements, eczéma, urticaire…

EN SAVOIR +

→ Le site Internet de l’Association française des intolérants au gluten : www.afdiag.org

→ Le fabricant de produits alimentaires sans gluten Dr Schär propose un site d’information destiné aux professionnels de santé sur la maladie cœliaque, le régime sans gluten et la sensibilité au gluten : www.drschaer-institute.com/fr