Les travailleurs indépendants surveillés à la loupe - L'Infirmière Libérale Magazine n° 285 du 01/10/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 285 du 01/10/2012

 

SANTÉ AU TRAVAIL

Actualité

VEILLE SANITAIRE→ Les conditions de travail impactent la santé des personnes : une étude épidémiologique de longue haleine s’intéresse au sort des indépendants, libéraux compris.

Au cours de sa vie active, un individu consacrera un tiers de son temps à son activité professionnelle, potentiellement source d’expositions pathogènes de nature chimique, physique ou psycho-sociale. Depuis 2010, le programme Coset (Cohorte santé et travail) vise à suivre dans la durée des échantillons représentatifs de la population active. C’est aux indépendants que s’intéresse l’étude de cohorte lancée en septembre (1) par l’Institut de veille sanitaire (InVS), en partenariat avec le Régime social des indépendants (RSI). C’est le « premier dispositif de surveillance généraliste », se félicite Juliette Chatelot, épidémiologiste à l’InVS, en charge de la cohorte Coset-RSI.

En effet, en l’absence de branche accident du travail et maladie professionnelle au RSI, peu de données existent sur les indépendants hormis « des études ponctuelles sur des populations ciblées »(2), observe Juliette Chatelot. Cette catégorie d’actifs a pourtant des problèmes spécifiques d’« organisation du temps de travail avec des journées souvent longues et des horaires décalés », note-t-elle : 45 % des non-salariés (dont agricoles) déclarent travailler plus de 50 heures par semaine contre 3 % des salariés.

Suivi post-professionnel

En phase pilote, 20 000 questionnaires ont été envoyés à des artisans, commerçants et professionnels libéraux tirés au sort parmi les affiliés du RSI âgés de 18 à 65 ans, dont 8 000 libéraux relevant de la caisse d’Île-de-France(3). L’InVS table sur 10 ?% de réponses. Après exploitation des premiers résultats en 2013, la cohorte sera étendue à tout le territoire national, jusqu’à agréger 30 000 volontaires(4). Les informations médicales et professionnelles recueillies de manière totalement confidentielle seront actualisées tous les ans, sauf refus des intéressés. La cohorte sera suivie sur de nombreuses années, et même au-delà de l’arrêt de l’activité professionnelle des cohortistes. Un suivi post-professionnel qui permet « de voir apparaître certaines pathologies » très longues à se manifester, comme celles liées à l’amiante, explique l’épidémiologiste.

(1) Les phases pilote des cohortes Constances (Cnamts) et Coset-MSA (MSA) ont démarré en 2010 : les premiers résultats sont en cours d’exploitation. À elles trois, Constances, Coset-MSA et Coset-RSI sont représentatives de 95 % des actifs de France.

(2) Comme l’asthme chez les boulangers.

(3) Ont également été tirés au sort 6  000 artisans et commerçants relevant de la caisse régionale d’Aquitaine et autant de celle de Bretagne.

(4) Cette cohorte comprendra quelques infirmiers libéraux non conventionnés, les Idels conventionnés relevant du régime général et figurant donc dans la cohorte Constances. Infos pratiques : www.coset.fr