Consultations infirmières pour patients chroniques - L'Infirmière Libérale Magazine n° 284 du 01/09/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 284 du 01/09/2012

 

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PROTOCOLE DE COOPÉRATION→ En région, les professionnels de santé s’organisent pour faire face à la pénurie de médecins généralistes et à l’accroissement des maladies chroniques, autour d’association comme Asaleé. Les infirmières, et notamment les libérales, pourraient tirer “profit” de cette conjoncture. Mais ces nouvelles pratiques font débat.

Initiée en 2004 par une poignée de cabinets de médecins libéraux de la région Poitou-Charentes, dans le cadre du dispositif “Berland”, qui encadrait alors les coopérations entre professionnels, l’association Asaleé – pour “Action de santé libérale en équipe” – vient de passer la vitesse supérieure. En effet, en juin dernier, la HAS a validé le protocole de coopération prévu par l’article 51 de la loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST) que l’association avait présenté un an auparavant.

Des actions de prévention

Depuis, les médecins généralistes, qui participent au réseau Asaleé, associés à des infirmières déléguées à la santé populationnelle, salariées ou libérales, pourront conduire des actions de prévention. Ces actions concernent en priorité une file active de patients atteints de maladies chroniques. « Dès septembre, les binômes vont être constitués », précise le Dr Jean Gautier, médecin à Châtillon-sur-Thouet (79) et président de l’association.

Nouvelles missions

Dorénavant, les infirmières pourront ainsi assurer quatre types de nouvelles missions : suivi du patient diabétique de type 2, qui inclut la rédaction et la signature de prescriptions d’examens (hémoglobine glyquée, microalbuminurie, dosage du HDL-cholestérol, créatinémie, fond d’œil), prescription et réalisation d’ECG et enfin prescription, réalisation et interprétation des examens de pieds.

Le protocole intègre également le suivi du patient à risque cardiovasculaire avec la prescription et réalisation d’ECG ainsi que le suivi des patients fumeurs à risque de BPCO (prescription, réalisation et interprétation de la spirométrie) et, pour finir, une consultation de repérage des troubles cognitifs et la réalisation, pour les patients âgés, de tests de mémoire. Auparavant, les infirmières du réseau réalisaient déjà des actions d’éducation thérapeutique, des tests cognitifs ou des dépistages ciblés, tels le diabète, le cancer du sein, du côlon et du col de l’utérus.

Début juillet, une formation spécifique a été assurée par des médecins du réseau à des infirmières du dispositif. Elle a, pour l’instant, concerné la réalisation de la spirométrie. Mais toutes les nouvelles missions seront également accompagnées d’une formation préalable ou d’une mise à niveau des connaissances et des pratiques.

Perte d’autonomie ?

De leur côté, les syndicats d’infirmières libérales, FNI, CI et l’Onsil, voient plutôt le projet Asaleé d’un mauvais œil. Ils estiment en effet que les libérales vont perdre une partie de leur autonomie en s’y inscrivant.

Cette position est un faux procès estime Jean Gautier. « Ce dispositif leur donne, au contraire, davantage d’autonomie par rapport aux médecins. Elles ne sont pas sous leur tutelle. Elles gèrent les patients ciblés par le protocole en toute autonomie, en s’appuyant notamment sur la base de données du médecin avec lesquels elles travaillent en coopération et en accord, bien entendu, avec les patients. »

Penser à l’avenir

Actuellement, quelque 120 médecins généralistes sont associés à Asaleé qui a essaimé en Bourgogne, Lorraine et Rhône-Alpes. Poitou-Charentes compte une vingtaine de groupements et 25 infirmières de tout exercice. « On espère une montée en puissance du réseau au cours des prochaines années », explique le Dr Gautier.

Si ce n’est Asaleé, d’autres initiatives de ce type pourraient voir le jour, puisqu’une fois le protocole validé, d’autres professionnels de santé peuvent y souscrire dans les mêmes conditions. « La prise en charge des maladies chroniques va à l’avenir être l’essentiel du travail des médecins généraliste et, pour certains, c’est parfois déjà le cas. Or, au regard de la démographie médicale, on doit imaginer des solutions pour assurer la prise en charge des patients », conclut le président de l’association. À suivre…