L’allaitement maternel - L'Infirmière Libérale Magazine n° 282 du 01/06/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 282 du 01/06/2012

 

Des conseils

Cahier de formation

LE POINT SUR

Les jeunes mamans sont de plus en plus nombreuses à choisir l’allaitement maternel. Tiraillées entre les informations contradictoires, beaucoup rencontrent pourtant des difficultés. Discours cohérent et conseils fiables seront les bienvenus.

Généralités

Définitions

L’allaitement maternel désigne l’alimentation par le lait de la mère, qu’il soit donné au sein ou de façon passive, à la cuillère, à la tasse ou au biberon.

Il est exclusif si l’enfant ne reçoit aucune autre alimentation (y compris de l’eau), ou partiel dans le cas contraire.

Recommandations

L’OMS a porté à six mois (contre quatre auparavant) la durée optimale de l’allaitement exclusif. Il est idéalement poursuivi jusqu’à deux ans, complété selon les besoins par l’introduction d’aliments.

Si les mamans qui allaitent plus de trois mois sont minoritaires en France (25 % d’enfants allaités entre 3 et 6 mois*), les bénéfices sont corrélés au degré d’exclusivité et à sa durée : plus on allaite exclusivement et longtemps, plus les bénéfices sont importants.

Les bénéfices

Pour l’enfant

Seul aliment parfaitement adapté au nourrisson, le lait maternel offre des garanties.

→ Des garanties nutritives : sa composition se caractérise par une faible teneur en protéines par rapport aux autres laits de mammifères (adaptée à l’immaturité rénale et digestive du nourrisson) et une teneur élevée en acides gras essentiels, impliqués notamment dans le développement cérébral.

→ Des garanties sanitaires : c’est le seul aliment qui contienne des éléments protecteurs (anticorps, lactobacillus, macrophages…) contre les maladies et l’environnement.

Pour la mère

Outre le lien émotionnel qu’il tisse avec l’enfant, l’allaitement réduit le risque de saignements post-nataux (action de l’ocytocine qui favorise les contractions utérines). Il serait associé à une diminution de l’incidence du cancer du sein, de l’ovaire, du diabète de type 2 et aurait un effet protecteur contre l’ostéoporose. Économique et écologique, c’est aussi un mode d’alimentation sûr, car stérile et toujours à bonne température.

La mise en route

L’enfant, le chef d’orchestre

La lactogénèse (production de lait) débute pendant la grossesse et évolue après la naissance pour s’adapter aux besoins du bébé : du premier lait (colostrum), concentré en protéines, sels minéraux et anticorps au lait mature, plus abondant, plus riche en lipides et lactose, après la montée de lait. Les processus de la lactation sont déclenchés par la succion du bébé lors de la tétée et automatiquement régulés par voie hormonale (principalement la prolactine et l’ocytocyne) et selon le degré de remplissage des seins.

Quatre réflexes pour un bon départ

→ Allaiter le plus tôt possible : dès la naissance (si possible), car le réflexe de succion est alors maximal.

→ À la demande : aussi souvent et longtemps que le bébé le désire.

→ À proximité : garder le bébé avec soi, le plus souvent possible en peau à peau.

→ Sans complément, ni tétine. Le réflexe de succion étant différent, l’enfant risque d’être perturbé. S’il prend un complément, il tète moins, et s’il tète moins, la lactation diminue.

Repères pour la tétée

→ Le rythme. Il n’y a pas de rythme idéal, en moyenne les nourrissons tètent entre 8 et 12 fois par 24 heures, parfois plus de 20 fois… puis le rythme s’espace.

→ La durée. En moyenne, une tétée dure 5 à 40 minutes, mais c’est variable selon les enfants et le moment de la journée.

→ Un sein ou les deux ? Peu importe, l’important est que l’enfant soit rassasié.

→ Les signes d’une tétée efficace : des déglutitions visibles et audibles ; le bébé tient en bouche une grande partie de l’aréole et non seulement le téton ; nombre de couches mouillées supérieur à quatre par jour, nombre et aspect des selles : noires (méconium) les premiers jours puis jaune d’or grumeleuses (deux à trois par jour les premiers jours puis plus espacées) ; bonne courbe de poids (150 à 250 g par semaine en moyenne).

Hygiène de vie

Alimentation

Aucun régime particulier n’est nécessaire, il suffit d’avoir une alimentation équilibrée. Sauf dénutrition sévère, il n’y a pas de lait maternel qui ne soit pas nourrissant. Boire plus ne stimule pas davantage la lactation.

Alcool

Ce n’est pas une contre-indication formelle, à condition que la consommation soit occasionnelle et modérée (un ou deux verres maximum). La concentration d’alcool dans le lait est voisine de celle du sérum, elle y diminue parallèlement au taux sérique. Attendre 4 à 6 heures pour la prochaine tétée après un ou deux verres suffit à éliminer l’alcool.

Tabac

Le tabac est déconseillé, car les toxiques passent dans le lait. Si la mère continue de fumer, ne pas allaiter immédiatement après avoir fumé. Des substituts nicotiniques peuvent être prescrits par un médecin.

Hygiène

→ Avant l’allaitement. Les seins se préparent automatiquement pendant la grossesse, grâce notamment à une substance lubrifiante naturelle secrétée par les glandes de Montgomery à la surface de l’aréole. Toutes les pratiques populaires (gant de crin, jus de citron…) sont inutiles.

→ Pendant l’allaitement. Inutile de se nettoyer les seins entre chaque tétée. Une douche quotidienne suffit (avec un savon doux, non détergent et pas d’antiseptiques). Par contre, se laver les mains avant chaque tétée.

→ Si les mamelons sont sensibles. Les premiers jours, une sensibilité des mamelons est normale mais transitoire. Opter pour des soutien-gorge en coton et hydrater après chaque tétée avec un peu de lait (lubrifiant et hydratant). Appliquer plusieurs fois par jour un soin à base de lanoline purifiée (Lansinoh, Purelan…) qu’il est inutile de rincer avant la tétée et des compresses froides ou un gel pack rafraîchissant. Si les seins coulent entre les tétées, penser à changer souvent les coussinets absorbants pour éviter toute macération.

→ D’autres signes : fièvre, douleur persistante, crevasse, démangeaisons ou inflammations locales (mycose, mastite…) appellent une consultation rapide.

* Les certificats de santé de l’enfant au 9e mois, Drees, 2010.

Ou trouver du soutien ?

→ Auprès d’une consultante en lactation. Coordonnées sur le site de l’Association française des consultantes en lactation (AFCL) : www.consultants-lactation.org

→ Auprès d’une association locale de promotion de l’allaitement (Leche League, Marraines de lait…). Coordonnées sur le site www.coordination-allaitement.org.

→ Par téléphone : Solidarilait (01 40 44 70 70) ou permanence de la Leche League (01 39 58 45 84).

→ Sur le Net : , ou .

Le chiffre

→ 66,3 %* des enfants nés en France métropolitaine en 2007 sont allaités à la naissance (contre 36 % en 1972).

* Les certificats de santé de l’enfant au 8e jour, Drees, juin 2010.

Question de patient

Je tire mon lait, comment le conserver ?

Dans des récipients en verre, en plastique ou en sachets pré-stérilisés destinés à cet usage.

→ À température ambiante : pendant 4 à 6 heures.

→ Au réfrigérateur (4 °C) : 48 heures (pas dans la porte).

→ Au congélateur (- 18 °C) : au moins 6 mois.