La greffe ville/hôpital - L'Infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

PARCOURS DE SOINS→ Lancé fin mars, le nouveau Plan greffe vise les 5 700 greffes d’organes et de tissus en 2015 et promet d’associer davantage les professionnels de santé en ville.

La greffe « a été longtemps considérée comme une thérapeuthique d’excellence, une activité un peu isolée, de dernier recours, un peu coupée de l’amont et qui assurait seule le suivi des patients greffés en aval. Or 40 000 patients vivent avec un greffon, ce qui pèse lourd pour les services », regrette la directrice de l’Agence de la biomédecine (ABM), Emmanuelle Prada-Bordenave. Avec le second Plan (1) greffe 2012-2016, que l’ABM a détaillé à la presse mi-avril, cette activité s’inscrit dans un parcours de soins qui couvre l’amont de la greffe, la greffe proprement dite et le suivi des patients concernés, à l’hôpital mais surtout en ville (2). Le premier Plan, mené en 2000, aura permis de multiplier par deux, dix ans plus tard, l’activité de greffes d’organes. Mais il importe d’aller plus loin : 15 000 personnes sont actuellement en attente de greffe.

Des réseaux régionaux ville/hôpital existent déjà, à l’image de Néphrolor, développé en Lorraine par le Dr Michèle Kessler (CHU de Nancy), visant à assurer l’accompagnement des donneurs prélevés et des greffés. Le suivi “hors hôpital” du patient greffé, intégrant néphrologues de ville, diététiciens, kinésithérapeutes et Idels, a fait ses preuves en déchargeant les services de greffe d’une partie des consultations. Des réseaux de ce type existent aussi à Bordeaux et à Lille, mais il reste beaucoup à faire pour en étendre le principe à d’autres régions.

Fuite des financements

Las, le nouveau Plan ne s’accompagnera pas de financements spécifiques ni pour les réseaux, ni pour l’hôpital. Le problème, d’après l’ABM, c’est – davantage que les sommes allouées – « l’évaporation des financements », attribués sous forme de forfaits aux établissements et qui n’atterrissent pas dans les services concernés. « Une partie de l’argent destinée à l’activité de greffe est utilisée pour combler les déficits. » L’ABM compte donc sur l’implication des directeurs d’établissements, mais aussi des ARS. Parmi les objectifs prioritaires, le premier est de porter à 5 700 le nombre de greffes d’organes et de tissus en 2015, essentiellement à partir de donneurs décédés mieux répertoriés. « Tous les patients en mort encéphalique qui pourraient être donneurs ne semblent pas recensés », a souligné la directrice générale de l’ABM. Mais c’est aussi le nombre de greffes à partir de donneurs vivants (à peine 10 % de l’activité de greffe aujourd’hui) qui doit augmenter. Suite à la loi bioéthique votée en 2011, qui rend désormais possibles les dons de rein par des amis ou proches, un décret devrait bientôt permettre le don croisé entre « deux couples incompatibles ».

(1) Le second Plan greffe 2012-2016 a été lancé le 23 mars par la secrétaire d’État Nora Berra.

(2) Le mois prochain, découvrez dans L’ILM notre Dossier complet sur le don d’organes.